Fermeture d'un collège à Aurillac : "Nous posons un cadre général, nous ne gérons pas les exceptions", explique Bruno Faure
Le collectif et la FCPE ont saisi le tribunal administratif pour trois motifs, notamment au sujet de l’amiante dans des parties qui ne seraient pas dangereuses pour les élèves de La Jordanne.
Bruno Faure : Le risque réside dans la structure de ces établissements dits « Pailleron » qui brûlent en trente minutes, en cas d’incendie. Il faudrait faire des travaux, donc toucher à l’amiante et mettre le collège sous cloche, tout détruire et tout reconstruire : le budget serait considérable. Parallèlement, la chute démographique touche l’ensemble du département et laisse entrevoir une baisse de 900 élèves à l’orée 2030. Il s’agit donc d’un plan d’aménagement du territoire.
En attendant cette baisse, la génération des enfants actuellement en primaire n’est-elle pas sacrifiée ?
La mesure est progressive : elle commence à la rentrée 2025 pour s’achever en 2028. Ensuite, la double sectorisation, dans les communes autour d’Aurillac fait souffrir les collèges de Laroquebrou, Saint-Cernin, Saint-Mamet, Vic… Les conditions de travail dans ces établissements sont tout aussi importantes à sauver. La logique d’aménagement du territoire est d’arrêter la double sectorisation pour que les élèves de Jussac, Marmanhac ou Laroquevieille, par exemple, intègrent le collège de Saint-Cernin et permettent ainsi son maintien.
Si le collège est dangereux, pourquoi continuer d’y envoyer les élèves ?
Parce qu’on a assumé le risque jusque-là et qu’on continue de l’assumer. Oui, c’est dangereux s’il y a le feu, mais on ne peut pas faire de travaux. Ce bâtiment a été érigé en 1965, il arrive au bout.
Cela va forcément impacter quelques familles, pour les trajets et les activités extrascolaires à Aurillac, par exemple, mais les parents de Freix-Anglards, par exemple, sont déjà confrontés à cette question pratique.
Quid des parents qui travaillent à Aurillac et qui auront leurs enfants à Laroquebrou ou ailleurs ? Ne craignez-vous pas une fuite vers le privé ?
C’est un risque. Je suis bien conscient que dans certains cas, cela peut poser des problèmes pratiques, mais nous posons un cadre général et majoritaire, nous ne gérons pas les exceptions.
Cette décision ne va-t-elle pas dégrader les conditions de travail des élèves en surchargeant les classes ?
Les autres collèges ont la capacité d’absorber les élèves de La Jordanne car la sectorisation ne concerne pas que cet établissement. Ce sera une nouvelle répartition, les chaises musicales. Quant au nombre d’élèves par classe, ce n’est pas de notre ressort. Nous veillons juste à créer des salles supplémentaires au besoin, notamment à Jeanne-de-la-Treilhe.
Là où ce ne sera pas possible, pourriez-vous avoir recours à des modulaires ?
Pas forcément. Ou alors de manière temporaire, limité au temps de travaux. La mobilisation contre la fermeture du collège s'est intensifiée au fur et à mesure de l'année (photo décembre 2023)
Propos recueillis par Anna Modolo