Cigarettes After Sex, Clairo, Chris Cohen… Voici les 5 albums de la semaine !
Cigarettes After Sex X’s (Partisan Records/PIAS)
Ne pas croire que ces morceaux, entre ambient et dream pop, font dans l’eau de rose : Greg Gonzalez s’y livre sans filtre, pour tenter d’exorciser ses peines de cœur. L’exorcisme, un mot dans lequel résonne le titre concis de cet album, X’s, qu’on peut aussi entendre dans excès, extase ou ex-petit·e ami·e. “J’aime beaucoup cette idée, nous confirme le quadragénaire texan relocalisé à L.A. La lettre X dégage une impression de danger. Comme un film classé X, comme sur l’étiquette d’une bouteille de liqueur dans les dessins animés… À la base, j’ai pensé à cette lettre en regardant les célèbres photos de Marilyn Monroe prises par Bert Stern : tous les clichés rejetés étaient barrés d’un X. J’ai réfléchi à tout ça pendant longtemps.”
Par Noémie Lecoq
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Clairo Charm (Clairo Records/Universal)
Rien d’étonnant à voir Clairo choisir la carte de la littéralité en nommant son troisième disque Charm. Un mot idoine, souvent usité pour qualifier l’enchantement et l’insolente délicatesse de sa discographie, mais qui traduit aussi le pouvoir de fascination magique de sa musique : un sortilège d’envoûtement. Envisagé par la principale intéressée comme une synthèse de ses deux précédents albums (le spectre d’influences élargi du premier, le pouvoir d’évocation et les arrangements du second), Charm impressionne toujours par sa maestria orchestrale doucement psychédélique, avançant à pas feutrés.
Par Théo Dubreuil
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Chris Cohen Paint a Room (Hardly Hart/Modulor)
Musicalement, Chris Cohen laisse chaque chanson devenir “ce qu’elle veut être”, de la country élastique de l’entêtante Sunever aux distorsions avachies, façon Pavement, de Dog’s Face. “Pour ce titre, précisément, je pensais beaucoup à toute cette époque, The Dead C, le rock à guitares, ou quand, dans les années 1990, je faisais une fixette sur les Sun City Girls”, se souvient l’auteur et producteur aux goûts très larges – il aborde son art comme un compositeur de musique classique –, qui donne aujourd’hui des “cours de songwriting” sans cesser d’être en recherche.
Par Rémi Boiteux
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Joe Goddard Harmonics (Domino/Sony Music)
C’est dans cette optique, un terrain d’expérimentation jouissif et décontracté, qu’il convient d’accueillir Harmonics, le troisième album solo en quinze ans de Joe Goddard, nounours à voix de velours, qui multiplie les casquettes (DJ, producteur, remixeur, patron de label) avec un enthousiasme toujours vivace. Malheureusement, Harmonics, avec ses quatorze titres et son overdose de featurings (le rappeur Oranje, Tom McFarland de Jungle, Eno Williams de Ibibio Sound Machine, Fiorious et sa voix d’or, la New-Yorkaise Barrie), est souvent éreintant sur la longueur, même si Joe Goddard semble s’y amuser comme un fou. Dans ce feu d’artifice foutraque de disco, de hip-hop, de breakbeat, de garage house, d’electro synth et d’afro house, déjà trop entendu pour révolutionner la pop, quelques perles relèvent le niveau – même si Joe Goddard est loin de retrouver le génie de Gabriel, l’un des meilleurs morceaux de house UK de ces vingt dernières années.
Par Patrick Thévenin
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Cassandra Jenkins My Light, My Destroyer (Dead Oceans/Modulor)
C’est en plein cœur de son troisième album qu’elle place deux merveilles, chacune suivie d’un sas de décompression bienvenu. D’abord la rêverie stellaire Betelgeuse, pour redescendre d’Aurora, IL – grandiose méditation façon Aimee Mann –, puis ces quelques silencieuses secondes qui concluent Omakase et sa cotonneuse rêverie où résonnent les magnifiques mots du titre ambigu de l’album, mêlant réconfort et cataclysme.
Par Rémi Boiteux
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