Bourse : les ETF sont en plein boom, mais comment s'y retrouver ?
Les ETF, pour Exchange traded funds ou fonds indiciels cotés, sont en plein boom. Ce support d’investissement, qui vise à reproduire un indice comme le CAC 40, le Nasdaq ou le S & P 500, se situe à la croisée des chemins entre une action et une Sicav : il prend la forme d’un fonds mais s’achète via des ordres en direct. Et il peut se loger dans toutes les enveloppes patrimoniales, que ce soit un plan d’épargne en actions (PEA), un plan d’épargne retraite (PER), une assurance-vie ou un compte titre. "C’est un excellent moyen de s’initier à la Bourse, car cela évite le travail de sélection de valeurs, qui nécessite d’analyser de manière approfondie chaque entreprise considérée", considère Christian Sanson, responsable des formations chez Bourse Direct. Les épargnants ne s’y sont pas trompés puisque 296 000 particuliers ont misé sur ces véhicules en 2023, soit deux fois plus que cinq ans auparavant. L’engouement se renforce encore sensiblement en 2024, selon l’Autorité des marchés financiers.
Autre atout phare : "La gestion est passive, sans équipe mobilisée au quotidien, ce qui permet de proposer des frais jusqu’à dix fois inférieurs à ceux de la gestion active", poursuit Christian Sanson. Concrètement, les ETF affichent des frais de gestion très bas, le plus souvent aux alentours de 0,30 % des encours par an, ce qui rognera peu vos éventuelles plus-values. "C’est particulièrement attractif pour de l’investissement à long terme, sur plusieurs décennies, car les baisses sont limitées et les gains - préservés par de faibles frais - peuvent être réinvestis", ajoute Xavier Prin, directeur marketing et communication de BoursoBank.
C’est pour cette raison que la banque en ligne a fait le choix d’une gestion à 100 % en ETF pour son plan d’épargne retraite Matla. A cela s’ajoute le fait que la conjoncture est favorable aux fonds indiciels. "En période haussière sur les marchés, les gérants ont du mal à battre les indices, témoigne Olivier Malteste, directeur des investissements chez Yomoni, qui propose une gestion sous mandat en gestion passive. Ainsi, en 2023, nos allocations en ETF ont battu 93 % des fonds comparables disponibles sur le marché."
Les défauts de leurs qualités
Revers de la médaille, les ETF ont les défauts de leurs qualités. Vous ferez face aux variations du marché, qui ne seront pas amorties par un gérant capable de réduire son exposition ou de faire une sélection de titres adaptée au contexte. Autre difficulté, la sélection de ces produits n’est pas toujours aisée. "L’instrument est transparent et toutes les informations utiles sont accessibles en ligne mais il n’est pas simple pour autant à appréhender", pointe Sihem Labbas, responsable du Benelux et des régions francophones de WisdomTree, un gérant spécialiste de fonds indiciels cotés. Il existe en effet un grand nombre d’indices, du plus simple au plus sophistiqué. "En outre, deux ETF censés reproduire la même performance peuvent en réalité être très décalés : nous avons ainsi observé des fonds variant de - 20 % à + 20 % sur la thématique des semi-conducteurs et entre 0 % et 50 % sur l’énergie", illustre Sihem Labbas.
La mécanique du produit n’est, en outre, pas évidente : il faut comprendre l’indice sous-jacent mais aussi la technique de réplication du fonds. Deux types d’ETF se côtoient : à réplication physique ou synthétique. Les premiers sont les plus simples en termes de concept. Par exemple, pour reproduire le CAC 40, l’ETF possède en propre les actions des 40 entreprises concernées, avec la juste pondération. Les deuxièmes sont constitués d’un portefeuille, appelé collatéral, dont la performance est échangée avec celle de l’indice visée, par le biais d’un contrat swap. Chacun a ses avantages et ses risques. Les ETF synthétiques ont besoin d’un tiers qui accepte l’échange de performance. Cet acteur doit être solide, tout comme le portefeuille apporté en collatéral. Quant aux ETF à réplication physiques, soyez attentifs à un éventuel prêt de titres : les fonds louent parfois leurs actions afin de percevoir une rémunération qui améliore la performance. Un calcul intéressant, à condition que l’emprunteur soit assez solide pour bel et bien restituer les titres à l’échéance du prêt ! Autant de manipulations qui augmentent le risque pris par l’épargnant.