Pourquoi danser nous fait-il du bien ?
Faire la fête, c’est renouer avec son instinct. Mais ce lâcher-prise collectif n’est pas juste bon pour le moral. Dans toutes les sociétés, la fête joue un rôle social.
Des paillettes sur les joues, des corps qui vibrent, du son puissant et des sourires vissés aux visages : pas de doute, c'est la fête au Lovely Brive Festival, comme dans tous les festivals de musique. Et "la fête, ça passe par la danse", constate Jeanine Faure, fondatrice de l’école J Temps Danse à Malemort.
C’est d’abord la musique qui induit le mouvement du corps, un phénomène naturel : « Un tout petit enfant danse spontanément quand il entend de la musique, c’est de l’ordre de l’instinct chez l’humain », explique Jeanine Faure.
Danser... emporté par la fouleMais on ne se trémousse pas dès qu’on entend une musique rythmée, ou plutôt on ne se l’autorise pas, il faut un événement à célébrer. Les festivals d’été sont particulièrement propices : "L’été, c’est la saison des vacances, il fait chaud, les mouvements ne sont pas entravés par les vêtements d’hiver, les corps se libèrent", ajoute la professeure formée à l’Opéra de Paris.
Car il s’agit bien d’une libération de cet instinct primaire. On lâche le mental – ou plutôt le cortex préfrontal – au profit de l’émotionnel – ou système limbique. Le corps est inondé de sérotonine et d’endorphines, à l’origine de notre sentiment de bien-être. Mais ce plaisir est décuplé par le collectif. Car, dans un concert, on danse seul, mais accompagné de milliers d’autres.
Le phénomène de groupe participe au lâcher-prise
"La foule bouge ensemble, il y a des vagues de mouvement qui se progagent… ce phénomène de groupe participe aussi au lâcher-prise », précise Jeanine Faure.Une désinhibition collective qui peut inquiéter. Les festivals n’ont pas toujours bonne réputation, à cause des inévitables excès et débordements. Mais, selon l’anthropologue Emmanuelle Lallement, spécialiste de la fête, cette idée que la fête conduirait au chaos social est fausse.Photo Stéphanie Para
"En réalité, les débordements sont circonscrits dans le temps et l’espace. L’excès est non seulement contenu, mais prévu et pensé dans le dispositif de la fête. Ce faisant, il permet justement à l’ordre social de revenir après", analyse l’experte dans sa conférence TedX sur "Les sens cachés de la fête". Voilà qui explique pourquoi les fêtes ont existé dans toutes les sociétés humaines, à toutes les époques. La bamboche, ciment social ? Un bon prétexte pour se lâcher !
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Emmanuelle Mayer
En savoir plus.Revue Socio-anthropologie n.38 : éclats de fête, dirigé par Emmanuelle Lallement, éditions de La Sorbonne, 18 €.
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