Добавить новость
ru24.net
World News
Июль
2024
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31

Anne Coudreuse et son double

0

L’« inépuisable éclat » des photographies de Kimiko Yoshida, réunies en un émouvant portfolio blotti au cœur de la revue, justifierait à lui seul qu’on achète le numéro 52 des Moments littéraires . Les haïkus de Diane de Margerie, que la poétesse confinée notait tandis qu’au-dehors le monde s’encovidait, fourniraient également une raison suffisante à la dépense ; et le « Carnet grec » d’Hervé Ferrage (Agios Lavrentos, Lafkos, Steni Vala, île d’Alonissos, Langada, Tholaria, Potamos, Porto Kalamitsi) ; et les « Riens » de Jacqueline Fischer, lointaine héritière de Guillaume d’Aquitaine. Mais ce n’est ni pour les splendides et troublants portraits de Yoshida, ni pour les menus poèmes de Diane de Margerie, ni pour les stations méditerranéennes de Ferrage, ni pour les méditations et souvenirs de Jacqueline Fischer qu’on a acheté (avous-le : commandé au titre du service de presse) les Moments littéraires , mais pour les soixante pages consacrées à Anne Coudreuse.   De la recherche comme récit autobiographique   Anne Coudreuse : les lecteurs de nonfiction.fr la connaissent bien. Ils la connaissent pour ce que sa notice biobibliographique dit d’elle : pour une immense spécialiste du XVIII e siècle, et tout particulièrement de la poétique des larmes au temps des Lumières – mais, déjà, derrière un tel sujet de recherche, le sujet qui recherche ne se révèle-t-il pas ? Ils la connaissent, surtout, pour ce que ses comptes rendus font d’elle : une infatigable veilleuse, qui prend son quart plus souvent qu’à son tour pour guetter, dans l’océan des publications quotidiennes, le surgissement d’une terre inconnue – ou, si l’on préfère, dans le ciel de la littérature contemporaine, l’apparition d’une étoile nouvelle. On s’attendrait, en ouvrant les Moments littéraires , à la retrouver telle qu’en elle-même nonfiction.fr la change ; mais non : à mesure qu’on tourne les pages, on approfondit, on accuse, on aggrave la connaissance de cette figure qu’on croyait pourtant familière, et tantôt notre amitié se réjouit d’apprendre qu’il reste tant à lire d’elle, tantôt elle s’attriste de la voir si nument souffrir. Car, non, le titre de sa thèse n’était pas trompeur, et Le Goût des larmes au XVIII e siècle était bien, comme elle le dit elle-même dans le long entretien qu’elle accorde à Gilbert Moreau, « une autobiographie à la troisième personne ». « Pour Marc Fumaroli », ajoute-t-elle, « toute œuvre de compréhension littéraire réussie est autobiographique ». On ne lira plus du même œil, à présent, ses recensions pour nonfiction.fr.   Portraits d’Anne Coudreuse en diseuse de vérité    Mais reprenons le dossier à sa première page. Y figure, avant les premiers paragraphes, un titre, « Anne Coudreuse et moi », précédé du nom de l’auteure, qui éclaire le référent de ce « moi » : Annie Ernaux. Hommage rendu par la prix Nobel à l’une de ses plus fines commentatrices ? Non, mais à une consœur : car Anne Coudreuse, on le découvrira ou le redécouvrira dans ce dossier, est aussi, d’abord peut-être, novelliste, romancière, diariste. Écrivaine en un mot – et une écrivaine qui ne craint pas, dit Ernaux, la « mise en danger ». Une écrivaine qui n’évite pas, que ce soit dans « L’Hyperbole pathétique », dans « Ma folie Marseille », dans « Requiem pour un palindrome » (récits courts, nouvelles si l’on veut), ou dans Le Nom des fous , dans Comme avec une femme (récits longs, romans à leur façon), à raconter sa tentative de suicide, un soir d’août 1990. À raconter, aussi, la nuit obscure qui l’a précédée ; puis l’hôpital psychiatrique (l’HP en deux lettres) ; mais également l’homo- et la grossophobie à l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud (car être major ne vous protège ni de ces surnoms qui, pour être proustiens, n’en sont pas moins blessants, ni de ces petits mots gentils griffonnés au dos d’un ticket de métro et déposés, courageusement, dans votre casier).   Après Annie Ernaux, c’est au tour de Fabienne Jacob de saluer Anne Coudreuse, sa vie, son œuvre, indissociablement. Fidèle au titre durassien de son petit texte (« Son nom d’arbre sur le pont vide »), elle médite d’abord (un peu dans l’esprit de Leiris, qu’Anne Coudreuse aime tant), sur ce mot, justement, de Coudreuse, un peu couseuse, un peu coudrier. Mais très vite elle s’interrompt : « Quand je pense que cette femme a sauté d’un pont, j’arrête le char de l’onomastique ». Il y a des choses qui font taire les mots ; pour un moment au moins : car Fabienne Jacob trouve en fin de compte les ressources pour terminer son portrait de cette femme « généreuse et brillante » qui « a la bonté qui lui coule dans les yeux », qui n’a « pas que le goût des larmes », mais aussi « celui du rire, même du fou rire », et qui nonobstant « dit facilement la vérité », aussi sombre soit-elle.   Portraits de l’artiste en jeune fille   Suivent, enfin, deux autoportraits, de nature différente : l’entretien, d’abord, qu’on évoquait plus haut ; et trois morceaux diaristiques (mais est-ce bien à proprement parler un journal ?) subsumés sous le titre dostoïevskien de « Souvenirs de la maison du mort ». Il y est beaucoup question d’enfance, de jeunesse. Anne Coudreuse y rend à hommage à Rousseau, qui a su « écrire sur son enfance sans hésiter à entrer dans le “chemin fangeux” des confessions en décidant, par exemple, de raconter les effets d’une fessée qu’il a reçue ». Elle s’y souvient comment sa mère « n’arrivait jamais à l’heure à la sortie de l’école, à la fin de l’étude » ; et comment elle-même, petite fille pour quelques trop longues minutes abandonnée, se disait : « je laisse encore passer dix voitures et après je pleure ». Elle y raconte comment ses parents, qui pourtant, à la librairie, lui laissaient acheter ce qu’elle voulait (Baudelaire, Rimbaud, Breton, Zola, Sartre), sans contrôle ni censure, croyaient en elle sans y croire : « oh, mais ça, c’est pour les gens intelligents. Tu sais, Pompidou, Sartre », lui dit un jour sa mère, à propos de Normale. Et l’on songe incidemment, en découvrant cette mère un peu « punk », à celle de Geneviève Brisac, qui sans doute aurait elle aussi été capable de lancer en public des aphorismes aussi judicieux que celui-ci : « on dit que les femmes obèses ont des maris impuissants. » Outre la mère, par ailleurs, l’entretien est hanté, comme l’œuvre d’Anne Coudreuse en général, par le spectre de cette écrivaine à qui, jeune étudiante, elle se lia d’amour, et qui la laissa un jour sur le carreau, abîmée dans sa chair mentale comme dans sa langue : « Tous les mots étaient contaminés, salis, mensongers, déjà utilisés, et c’est avec ces mots-là que je devais trouver la manière et la matière pour dire ce que j’avais ressenti, éprouvé, pour dire la vérité. » Et puis elle dit autre chose encore – elle dit qu’elle s’appelle aussi Marion Dessaules, que le père, dans les récits de Marion Dessaules, c’est son père à elle…   « Cette part de l’humaine condition »…   Annie Ernaux et Fabienne Jacob admiraient qu’Anne Coudreuse sache faire de la bonne, de la grande recherche sans dérober aux regards le sujet-lecteur que donc elle est… C’est en fait un art de la lecture que de la sorte elle propose : « Si nous lisons ou écrivons, c’est pour être à la fois tout à fait seul, maître d’un univers à soi, et avec tous les autres ; nous sommes cette part de l’humaine condition que décrit Montaigne. » Et on l’éprouve, en effet, en lisant les « Souvenirs de la maison du mort », quand Anne Coudreuse évoque de ces petites scènes que leur banalité même rend bouleversantes (« pour moi, le détail, c’est la chair même de la littérature », déclarait-elle dans l’entretien avec Gilbert Moreau). Celle-ci, entre autres : « Dans un de mes premiers postes, dans ma jeunesse, une collègue avait remarqué ma capacité à travailler et à me concentrer dans un bureau collectif, où l’un passait un coup de fil et deux autres discutaient. En fait je voudrais hurler, demander le silence ». On ferme les yeux, et ce n’est pas Anne Coudreuse qu’on voit, mais soi-même, assis dans une « salle de travail », sur un fauteuil à roulettes vert chartreuse, au siège protégé d’un coussin d’une mollesse écœurante, essayant d’ignorer, alentour, l’affairement de la ruche incapable d’exsuder le moindre filet de miel…   Il y a même, à ce dossier qui se suffirait pourtant à lui-même, un petit supplément sous la forme d’une chronique littéraire signée, comme il se doit, Anne Coudreuse, et consacrée à La Flamme vaincue de Radclyffe Hall. On se dit que cette fois, c’est bien la contributrice de nonfiction.fr que l’on retrouvera, identique à elle-même. Eh bien non, celle qui écrit des comptes rendus pour les Moments littéraires ressemble bien davantage à ce sujet-lecteur (à cette sujette-lectrice ?) décrite par Annie Ernaux, par Fabienne Jacob et (surtout) par elle-même, et qui, d’une anecdote, est capable, tout en rendant un compte fidèle de « ce grand roman psychologique qui dit bien toutes les difficultés à devenir qui l’on est », de vous convaincre que « nous » – vous, elle, l’humanité – « n’en sommes plus à un cauchemar près, ni à un petit accès de mégalomanie ».

L’« inépuisable éclat » des photographies de Kimiko Yoshida, réunies en un émouvant portfolio blotti au cœur de la revue, justifierait à lui seul qu’on achète le numéro 52 des Moments littéraires. Les haïkus de Diane de Margerie, que la poétesse confinée notait tandis qu’au-dehors le monde s’encovidait, fourniraient également une raison suffisante à la dépense ; et le « Carnet grec » d’Hervé Ferrage (Agios Lavrentos, Lafkos, Steni Vala, île d’Alonissos, Langada, Tholaria, Potamos, Porto Kalamitsi) ; et les « Riens » de Jacqueline Fischer, lointaine héritière de Guillaume d’Aquitaine.

Mais ce n’est ni pour les splendides et troublants portraits de Yoshida, ni pour les menus poèmes de Diane de Margerie, ni pour les stations méditerranéennes de Ferrage, ni pour les méditations et souvenirs de Jacqueline Fischer qu’on a acheté (avous-le : commandé au titre du service de presse) les Moments littéraires, mais pour les soixante pages consacrées à Anne Coudreuse.

 

De la recherche comme récit autobiographique

 

Anne Coudreuse : les lecteurs de nonfiction.fr la connaissent bien. Ils la connaissent pour ce que sa notice biobibliographique dit d’elle : pour une immense spécialiste du XVIIIe siècle, et tout particulièrement de la poétique des larmes au temps des Lumières – mais, déjà, derrière un tel sujet de recherche, le sujet qui recherche ne se révèle-t-il pas ? Ils la connaissent, surtout, pour ce que ses comptes rendus font d’elle : une infatigable veilleuse, qui prend son quart plus souvent qu’à son tour pour guetter, dans l’océan des publications quotidiennes, le surgissement d’une terre inconnue – ou, si l’on préfère, dans le ciel de la littérature contemporaine, l’apparition d’une étoile nouvelle.

On s’attendrait, en ouvrant les Moments littéraires, à la retrouver telle qu’en elle-même nonfiction.fr la change ; mais non : à mesure qu’on tourne les pages, on approfondit, on accuse, on aggrave la connaissance de cette figure qu’on croyait pourtant familière, et tantôt notre amitié se réjouit d’apprendre qu’il reste tant à lire d’elle, tantôt elle s’attriste de la voir si nument souffrir.

Car, non, le titre de sa thèse n’était pas trompeur, et Le Goût des larmes au XVIIIe siècle était bien, comme elle le dit elle-même dans le long entretien qu’elle accorde à Gilbert Moreau, « une autobiographie à la troisième personne ». « Pour Marc Fumaroli », ajoute-t-elle, « toute œuvre de compréhension littéraire réussie est autobiographique ». On ne lira plus du même œil, à présent, ses recensions pour nonfiction.fr.

 

Portraits d’Anne Coudreuse en diseuse de vérité

 

 Mais reprenons le dossier à sa première page. Y figure, avant les premiers paragraphes, un titre, « Anne Coudreuse et moi », précédé du nom de l’auteure, qui éclaire le référent de ce « moi » : Annie Ernaux. Hommage rendu par la prix Nobel à l’une de ses plus fines commentatrices ? Non, mais à une consœur : car Anne Coudreuse, on le découvrira ou le redécouvrira dans ce dossier, est aussi, d’abord peut-être, novelliste, romancière, diariste. Écrivaine en un mot – et une écrivaine qui ne craint pas, dit Ernaux, la « mise en danger ». Une écrivaine qui n’évite pas, que ce soit dans « L’Hyperbole pathétique », dans « Ma folie Marseille », dans « Requiem pour un palindrome » (récits courts, nouvelles si l’on veut), ou dans Le Nom des fous, dans Comme avec une femme (récits longs, romans à leur façon), à raconter sa tentative de suicide, un soir d’août 1990. À raconter, aussi, la nuit obscure qui l’a précédée ; puis l’hôpital psychiatrique (l’HP en deux lettres) ; mais également l’homo- et la grossophobie à l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud (car être major ne vous protège ni de ces surnoms qui, pour être proustiens, n’en sont pas moins blessants, ni de ces petits mots gentils griffonnés au dos d’un ticket de métro et déposés, courageusement, dans votre casier).  

Après Annie Ernaux, c’est au tour de Fabienne Jacob de saluer Anne Coudreuse, sa vie, son œuvre, indissociablement. Fidèle au titre durassien de son petit texte (« Son nom d’arbre sur le pont vide »), elle médite d’abord (un peu dans l’esprit de Leiris, qu’Anne Coudreuse aime tant), sur ce mot, justement, de Coudreuse, un peu couseuse, un peu coudrier. Mais très vite elle s’interrompt : « Quand je pense que cette femme a sauté d’un pont, j’arrête le char de l’onomastique ». Il y a des choses qui font taire les mots ; pour un moment au moins : car Fabienne Jacob trouve en fin de compte les ressources pour terminer son portrait de cette femme « généreuse et brillante » qui « a la bonté qui lui coule dans les yeux », qui n’a « pas que le goût des larmes », mais aussi « celui du rire, même du fou rire », et qui nonobstant « dit facilement la vérité », aussi sombre soit-elle.

 

Portraits de l’artiste en jeune fille

 

Suivent, enfin, deux autoportraits, de nature différente : l’entretien, d’abord, qu’on évoquait plus haut ; et trois morceaux diaristiques (mais est-ce bien à proprement parler un journal ?) subsumés sous le titre dostoïevskien de « Souvenirs de la maison du mort ». Il y est beaucoup question d’enfance, de jeunesse.

Anne Coudreuse y rend à hommage à Rousseau, qui a su « écrire sur son enfance sans hésiter à entrer dans le “chemin fangeux” des confessions en décidant, par exemple, de raconter les effets d’une fessée qu’il a reçue ». Elle s’y souvient comment sa mère « n’arrivait jamais à l’heure à la sortie de l’école, à la fin de l’étude » ; et comment elle-même, petite fille pour quelques trop longues minutes abandonnée, se disait : « je laisse encore passer dix voitures et après je pleure ». Elle y raconte comment ses parents, qui pourtant, à la librairie, lui laissaient acheter ce qu’elle voulait (Baudelaire, Rimbaud, Breton, Zola, Sartre), sans contrôle ni censure, croyaient en elle sans y croire : « oh, mais ça, c’est pour les gens intelligents. Tu sais, Pompidou, Sartre », lui dit un jour sa mère, à propos de Normale. Et l’on songe incidemment, en découvrant cette mère un peu « punk », à celle de Geneviève Brisac, qui sans doute aurait elle aussi été capable de lancer en public des aphorismes aussi judicieux que celui-ci : « on dit que les femmes obèses ont des maris impuissants. »

Outre la mère, par ailleurs, l’entretien est hanté, comme l’œuvre d’Anne Coudreuse en général, par le spectre de cette écrivaine à qui, jeune étudiante, elle se lia d’amour, et qui la laissa un jour sur le carreau, abîmée dans sa chair mentale comme dans sa langue : « Tous les mots étaient contaminés, salis, mensongers, déjà utilisés, et c’est avec ces mots-là que je devais trouver la manière et la matière pour dire ce que j’avais ressenti, éprouvé, pour dire la vérité. »

Et puis elle dit autre chose encore – elle dit qu’elle s’appelle aussi Marion Dessaules, que le père, dans les récits de Marion Dessaules, c’est son père à elle…

 

« Cette part de l’humaine condition »…

 

Annie Ernaux et Fabienne Jacob admiraient qu’Anne Coudreuse sache faire de la bonne, de la grande recherche sans dérober aux regards le sujet-lecteur que donc elle est… C’est en fait un art de la lecture que de la sorte elle propose : « Si nous lisons ou écrivons, c’est pour être à la fois tout à fait seul, maître d’un univers à soi, et avec tous les autres ; nous sommes cette part de l’humaine condition que décrit Montaigne. » Et on l’éprouve, en effet, en lisant les « Souvenirs de la maison du mort », quand Anne Coudreuse évoque de ces petites scènes que leur banalité même rend bouleversantes (« pour moi, le détail, c’est la chair même de la littérature », déclarait-elle dans l’entretien avec Gilbert Moreau). Celle-ci, entre autres : « Dans un de mes premiers postes, dans ma jeunesse, une collègue avait remarqué ma capacité à travailler et à me concentrer dans un bureau collectif, où l’un passait un coup de fil et deux autres discutaient. En fait je voudrais hurler, demander le silence ». On ferme les yeux, et ce n’est pas Anne Coudreuse qu’on voit, mais soi-même, assis dans une « salle de travail », sur un fauteuil à roulettes vert chartreuse, au siège protégé d’un coussin d’une mollesse écœurante, essayant d’ignorer, alentour, l’affairement de la ruche incapable d’exsuder le moindre filet de miel…  

Il y a même, à ce dossier qui se suffirait pourtant à lui-même, un petit supplément sous la forme d’une chronique littéraire signée, comme il se doit, Anne Coudreuse, et consacrée à La Flamme vaincue de Radclyffe Hall. On se dit que cette fois, c’est bien la contributrice de nonfiction.fr que l’on retrouvera, identique à elle-même. Eh bien non, celle qui écrit des comptes rendus pour les Moments littéraires ressemble bien davantage à ce sujet-lecteur (à cette sujette-lectrice ?) décrite par Annie Ernaux, par Fabienne Jacob et (surtout) par elle-même, et qui, d’une anecdote, est capable, tout en rendant un compte fidèle de « ce grand roman psychologique qui dit bien toutes les difficultés à devenir qui l’on est », de vous convaincre que « nous » – vous, elle, l’humanité – « n’en sommes plus à un cauchemar près, ni à un petit accès de mégalomanie ».




Moscow.media
Частные объявления сегодня





Rss.plus



Заведующий рефракционным отделением клиники микрохирургии глаза АйМед Кирилл Светлаков: как снизить нагрузку на глаза при работе с гаджетами

Финалист шоу “Голос” Сергей Арутюнов остался без голоса. Артист находится в больнице, состояние тяжёлое.

"Матрица" от ShantiOlga активирует изобилие

РОССИЯ ПРОВЕРИТ ЦРУ И СЕКРЕТНУЮ СЛУЖБУ США?!


"Матрица" от ShantiOlga активирует изобилие

Аферисты начали массово брать на россиян кредиты по новой схеме: граждан предупредили о новом телефонном мошенничестве, не попадитесь

Итоги прошедшей недели восточной культуры "Караван Парад"

Инсульт: что нужно знать?


UFC Denver video: Abdul Razak Alhassan vs. Cody Brundage ends in no-contest after illegal blows

Warner will not be considered for 2025 Champions Trophy: Bailey

‘He walked just fine’: Pros react to Abdul Razak Alhassan vs. Cody Brundage ending in controversial no-contest

See the $10M New Orleans mansion with a grisly past that lured a potential new buyer in less than a day


БМВ слетел с дороги: водитель погиб, четверо в больнице

Заведующий рефракционным отделением клиники микрохирургии глаза АйМед Кирилл Светлаков: как снизить нагрузку на глаза при работе с гаджетами

Независимый ремонт: как «Грузовичкоф» обеспечивает исправное состояние большого автопарка

Водопады "Три сестры"


Yesterday I ignored 10 tornado warnings to finish a Destiny 2 raid, didn't get the exotic drop, and disappointed my fiancée. Is there some sort of lesson here?

Двадцать пять человек за одним столом под звуки караоке – это было шедеврально!

I didn't expect my favorite cozy MMO to do a crossover with a Finnish children's series

Former Bungie lead counsel explains how the studio nailed one of Destiny 2's most infamous leakers



Постоянно тока Москва // Столичный регион могут подпитать от двух АЭС с помощью новых линий

Судебный процесс над экс-сенатором Сабадашем перенесли из Петербурга в Москву

Александра Сабадаша не доверили петербургскому правосудию // По обвинению в хищении кредитов экс-сенатора будут судить в Москве

Рекой подать. Туристы рассказали, куда едут в круизы из Москвы




Студия звукозаписи в Москве. Студия звукозаписи цена.

Русские дома появятся в Алжире, Ираке, Мали, Нигере и ОАЭ

Вкусный праздник мороженого и сладостей проведут для жителей Москвы

"Матрица" от ShantiOlga активирует изобилие


Телеведущая Елена Николаева показала фигуру в купальнике после родов

Росгвардейцы обеспечили безопасность проведения Кавказского инвестиционного форума

Всемирный фестиваль циркового искусства "ИДОЛ-2024" стартует в Москве 18 июля

Ямальцы вручили Московскому зоопарку меморандум на передачу овцебыков


Алькарас – четвертый теннисист, который дважды обыграл Джоковича в финале «Большого шлема»

«Исхудавшая, но с сияющей улыбкой»: онкобольная Кейт Миддлтон появилась на финале Уимблдона

Independent: Кейт Миддлтон посетила финал Уимблдона, несмотря на болезнь

Олимпиаду в Париже не покажут по ТВ в России


Всемирный фестиваль циркового искусства "ИДОЛ-2024" стартует в Москве 18 июля

Экс-главу города Шатуры задержали в Подмосковье

Росгвардейцы обеспечили безопасность проведения Кавказского инвестиционного форума

Княжевская: разработан проект нового отрезка дороги на востоке Москвы


Музыкальные новости

Анастасия Решетова рассказала про «аварийный период» сына от Тимати

Сергей Шнуров взыскал 60 млн рублей за отмененный концерт в «Лужниках»

Финалист шоу “Голос” Сергей Арутюнов остался без голоса. Артист находится в больнице, состояние тяжёлое.

Розенбаум подарил движению «МотоАнгелыДетям» гитару с автографом



Александра Сабадаша не доверили петербургскому правосудию // По обвинению в хищении кредитов экс-сенатора будут судить в Москве

Общество: Скоростное движение в обход Твери и Тольятти укрепит экономику и логистику России

Рекой подать. Туристы рассказали, куда едут в круизы из Москвы

Судебный процесс над экс-сенатором Сабадашем перенесли из Петербурга в Москву


«Газпром-Медиа Холдинг» совместно с «Триикс Медиа» при поддержке Института развития интернета (АНО «ИРИ») приступили к съёмкам восьмисерийной военной исторической драмы «Таганрог»

Командарм Попов из-под следствия убыл // Фигурантов громкого дела освободили из СИЗО

"ИЗВЕСТИЯ": Бывший министр обороны Армении Аршак Карапетян — о потере Карабаха, политике Пашиняна и костюме в кредит

Самый высокий объем рынка радиорекламы за последние 10 лет: итоги минувшего года, динамика и прогнозы в новом Рекламном ежегоднике


Столичный СК: число отравившихся шаурмой на Дмитровском шоссе выросло до 17

В Москве нельзя ездить пьяным на электросамокате - заставят бесплатно работать

Общество: Скоростное движение в обход Твери и Тольятти укрепит экономику и логистику России

СК РФ: число отравившихся шаурмой на севере Москвы выросло до 17


Путин открыл последний участок трассы из Москвы в Санкт-Петербург

Путинскую трассу в следующем году продлят от Екатеринбурга до Тюмени

Путин на Lada Aura дал старт движению по новым трассам в обход Твери и Тольятти

Названа стоимость проезда из Москвы в Петербург по М-11


Число заболевших коронавирусом в России увеличилась на 3,1 процента




Случайно упал, сломал рёбра. Врачи две недели пытались спасти экс-главреда "Ведомостей"

Врач дерматолог-косметолог Мадина Байрамукова: как уберечь себя от укусов комаров и ос

Сеть клиник «Будь Здоров» открывает новое направление лечения — ВМАС-терапию

Восстановление запястья после неправильной репозиции костей за 1 прием


МИД РФ: Вашингтон дал Киеву карт-бланш на удары по российской территории

Сам придумал наступление, сам отразил: пресс-конференция Зеленского превратилась в сеанс одновременного вранья, шантажа и гипноза


Трусова и Игнатов сыграют свадьбу 17 августа

Тульские спортсмены завоевали медали Кубка России по плаванию

Соревнования по мини-футболу в честь 30-летия Центра подготовки Росгвардии прошли в Москве

Legalbet: "Локомотив" заинтересован в лучшем бомбардире чемпионата Азербайджана


В Минске прошла рабочая встреча Александра Лукашенко и Олега Кожемяко

Минск предлагает урегулировать отношения с Варшавой и Вильнюсом, но не видит ответных шагов

Лукашенко: Минск нацелен решать проблемы с соседями дипломатией, а не войной

Будем дипломатичными, пока сапог не ступит на нашу землю — Лукашенко



Собянин поддержал проведение 37-й Московской международной книжной ярмарки

Сергей Собянин. Главное за день

Сергей Собянин рассказал о развитии производства промоборудования в Москве

Собянин рассказал о завершающем этапе строительства Южной рокады


Новая эра фарминга с приложением Tonique от создателей "Смешариков"

Карта дня: как изменится климат вашего города через 60 лет

На биостанции в «Лосином острове» родился Бэмби

В Москве построят еще 200 зарядных станций для электромобилей


Более 3 тысяч сухих деревьев убрали в лесах Подмосковья за полгода

Экс-главу города Шатуры задержали в Подмосковье

Всемирный фестиваль циркового искусства "ИДОЛ-2024" стартует в Москве 18 июля

Росгвардейцы обеспечили безопасность проведения Кавказского инвестиционного форума


Санитарка областной больницы ночью спасла жизнь пациента

Многолетнюю мерзлоту будут изучать в Амурской области

Гребцы Архангельской области выступают на Всероссийских соревнованиях

Дни рождения


«Падает цена там, где она уже перегрета». В Симферополе цена на квартиры-малютки снизилась, в Севастополе — стабильно высокая

Дорогу, в провале которой в 2014 году погибли 6 человек, снова закрыли

Круиз-викторина "Твоей истории негромкой мне дорог каждый уголок"

Люди в тюрьмах на жару в Крыму не жалуются


Губернатор: более 30 школ после капремонта откроют в Подмосковье к 1 сентября

Княжевская: разработан проект нового отрезка дороги на востоке Москвы

Всемирный фестиваль циркового искусства "ИДОЛ-2024" стартует в Москве 18 июля

Более 3 тысяч сухих деревьев убрали в лесах Подмосковья за полгода












Спорт в России и мире

Новости спорта


Новости тенниса
Уимблдон

Карлос Алькарас за день до финала Уимблдона играл в гольф






Экс-главу города Шатуры задержали в Подмосковье

Ямальцы вручили Московскому зоопарку меморандум на передачу овцебыков

Как выбирать и возлагать венки из искусственных цветов

Губернатор: более 30 школ после капремонта откроют в Подмосковье к 1 сентября