Elections générales au Rwanda : Paul Kagame vers un quatrième mandat
Il dirige le pays depuis trente ans, et devrait rempiler pour sept années de plus. Paul Kagame - du Front patriotique rwandais (FPR) - part favori à l’élection présidentielle qui se tient ce lundi 15 juillet, en même temps que des élections législatives. Le tout-puissant président est à la tête du Rwanda depuis la fin du génocide des Tutsi en 1994.
Le scénario semble connu d’avance : la présidentielle oppose les trois mêmes candidats qu’en 2017, quand le chef de l’Etat sortant l’avait emporté avec 98,79 % des voix face au leader du seul parti d’opposition autorisé Frank Habineza (0,48 %) et à l’indépendant Philippe Mpayimana (0,73 %).
Paul Kagame, 66 ans, tient fermement les rênes du pays depuis qu’il a renversé en juillet 1994, avec la rébellion du FPR, le gouvernement extrémiste hutu instigateur du génocide qui a fait selon l'ONU 800 000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi. D’abord vice-président et ministre de la Défense mais dirigeant de facto du Rwanda, Paul Kagame en est officiellement le président depuis 2000, élu par le Parlement après la démission de Pasteur Bizimungu, puis à trois reprises au suffrage universel (95,05 % en 2003 - 93,08 % en 2010 - et 2017).
"Sévères restrictions" aux droits de l’opposition
Il jouit d’une forte popularité pour avoir relevé le pays, exsangue au sortir du génocide et aujourd’hui présenté par certains dirigeants occidentaux et africains comme un modèle de développement. La solide croissance (7,2 % de moyenne entre 2012 et 2022) du Rwanda s’est accompagnée d’un développement d’infrastructures (routes, hôpitaux…) et de progrès socio-économiques, notamment dans le domaine de l’éducation et de la santé.
Mais Paul Kagame est aussi accusé de museler les voix critiques du pouvoir. La commission électorale a invalidé la candidature d’une voix anti-Kagame, Diane Rwigara, en raison de documents non conformes. Elle avait déjà été écartée de la dernière présidentielle, accusée de falsification de documents et arrêtée, avant d’être blanchie par la justice en 2018.
Deux figures d’opposition, Victoire Ingabire et Bernard Ntaganda, n’ont pas non plus eu la possibilité de se présenter à la présidentielle, en raison de condamnations passées. La justice a rejeté leurs demandes de voir leurs droits civiques restaurés. Dans un communiqué, Amnesty International a dénoncé les "sévères restrictions" aux droits de l’opposition, ainsi que des "menaces, détentions arbitraires, accusations fabriquées de toutes pièces, meurtres et disparitions forcées".
Les trois semaines de campagne ont été dominées par M. Kagame et le FPR, dont les portraits et couleurs rouge-blanc-bleu sont placardés à travers le pays. Ses rivaux sont, eux, quasiment invisibles, même si M. Habineza s’est félicité d’un contexte plus apaisé qu’en 2017, assurant même avoir reçu un "soutien massif" de la population. M. Mpayimana a lui reconnu être opposé à un adversaire "trop fort".
Résultats définitifs le 27 juillet
Pour la première fois, la présidentielle est couplée avec les législatives. Plus de 500 candidats briguent les 80 sièges de la Chambre des députés. Les électeurs en éliront 53 directement. Actuellement, le FPR compte 40 sièges sur 53 et ses alliés 11 (Parti social-démocrate, Parti libéral, Parti social Imberakuri). Le Parti démocratique vert de M. Habineza a deux députés. Les 27 autres sièges sont réservés par quotas aux femmes, aux jeunes et aux handicapés.
Ils seront attribués mardi à des candidats ne se présentant sous aucune bannière partisane : 24 femmes seront élues par les conseillers municipaux et régionaux, deux jeunes par le Conseil national de la jeunesse et un handicapé sera désigné par la Fédération des associations des handicapés.
Le décompte des voix commencera dès la clôture et des résultats partiels seront communiqués au fur et à mesure du dépouillement, jusqu’à l’annonce de résultats provisoires le 20 juillet, a indiqué à l’AFP une source au sein de la commission électorale. Les résultats définitifs seront proclamés le 27 juillet.