Une nouvelle entreprise attendue d'ici 2026 sur l'Éco-parc de Châtel-Guyon
Ca n’est encore qu’un terrain en friche où l’on cherche des yeux « la vipère de Châtel » mais, d’ici deux ans, un site de production devrait voir le jour. Pas n’importe lequel ni n’importe comment dans cet Éco-parc des Volcans à Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme).
« Il y a quelques années, quand nous avons configuré la ZA en un Éco-parc, nous avons choisi de lui donner un positionnement autour d’entreprises tournées vers l’innovation à vocation environnementale et durable », retrace le président de l’agglo Riom Limagne et Volcans (RLV), maire de Châtel-Guyon, Frédéric Bonnichon. Un hôtel d’entreprises a ainsi vu le jour :
Il a fallu refuser beaucoup de projets afin de garder cette vocation environnementale. On a bien fait d’attendre !
Trois entrepreneurs du secteurAprès plusieurs mois de travaux, une nouvelle entreprise a vu le jour, la SAS Biostructure. Celle-ci a été créée par trois entrepreneurs du secteur : Renaud Merle, président ; Marc Chauffour, directeur général ; et Éric Perrot, directeur du développement. Cette entité est elle-même une marque du groupe Evoluo, qui représente plus de 165 collaborateurs pour un chiffre d’affaires consolidé de 28 M€, constitué de plusieurs sociétés (*).
Un projet « qui coche toutes les cases de l’écologie positive », se réjouit Frédéric Bonnichon. La visée de Biostructure, portée par Caillaud-Bourleyre Structures, et lauréate de l’appel à projets Crhos (Construction et rénovation hors site) porté par l’Ademe dans le cadre de France 2030, est en effet de « répondre aux besoins des générations actuelles et futures en bâtiments durables et performants, adaptés au changement climatique et à la raréfaction des ressources naturelles », indique la nouvelle société.
L’utilisation de matériaux biosourcésAvec un parti pris : l’utilisation de matériaux biosourcés, en l’occurrence le bois et surtout le chanvre, pour réaliser des systèmes constructifs fabriqués sur-mesure, destinés à la construction et à la rénovation. « L’idée est de faire passer le chanvre du mode artisanal au mode chantier », résume Éric Perrot, qui voit en elle « l’une des plantes du XXIe siècle ».
Les chiffres semblent lui donner raison avec un taux de croissance de la culture, dans le monde, de + 17 %, et « une réponse à pas mal de problématiques », notamment sur les besoins en eau ou en tant que puits de carbone. Sur le plan économique aussi, avec le développement d’une filière chanvre sur le Puy-de-Dôme, « qui peut amener de vraies solutions que le tournesol ou le colza n’amènent plus pour les agriculteurs », poursuit Éric Perrot.
Cinquante emplois prévusL’Éco-parc de Châtel-Guyon serait ainsi le site d’implantation de l’unité de production visant à réaliser ces panneaux en béton de chanvre et ossature bois avec une approche « Green Manufacturing ». L’investissement est estimé à 6,2 M€. Un objectif de 50.000 m² d’éléments produits est visé, avec une sortie des premiers panneaux à la fin du premier semestre 2026. D’ici cinq ans, à l’horizon 2031, 50 salariés devraient y travailler pour un chiffre d’affaires attendu de 13,8 M€, avec l’idée « de répéter ce système vertueux, en exportant ce savoir-faire auvergnat ailleurs », prévoit Renaud Merle.
Le développement d'une filière chanvreQuant à la ressource de départ, le chanvre, le développement de la filière est actuellement à l’étude avec plusieurs acteurs du territoire tels que Limagrain, le Conseil départemental et la Chambre d’agriculture. Certaines zones ont d’ores et déjà été identifiées sur les contreforts de la Limagne. À portée d’yeux depuis ce terrain encore nu de Châtel-Guyon.
(*) Les sociétés d’ingénierie ITC (BE Structure) et Algotherm (BE Fluide), les entreprises de production Merle & Coste (maçonnerie), OMD (charpente métallique), Secometal (menuiserie et serrurerie aluminium), Caillaud-Bourleyre Structures (construction bois) et NouvelR (promoteur).
Une première construction à RiomPour Éric Perrot, « le chanvre est une solution écologique qui va rivaliser avec toutes les autres solutions ». Les panneaux ainsi constitués sont destinés aussi bien aux logements qu’aux bâtiments industriels, du tertiaire, agricoles et peuvent être utilisés en tant qu’élément de façade pour la construction. Ils seront aussi sur le créneau de la rénovation énergétique avec des caractéristiques hautement bénéfiques, notamment la capacité du béton léger de chanvre à absorber les variations de température et d’humidité. Le tout avec une durée de vie annoncée de cent ans. La production a déjà démarré sur le site de Caillaud-Bourleyre Structures, à Brioude, notamment pour alimenter une première opération. Celle des « Jardins suspendus », face à la gare de Riom.François Jaulhac