Volvic : Un convoi était présent ce lundi 15 juillet pour lutter contre "l'accaparement de l'eau" par la société Danone
Le convoi de l’eau réalisait ce lundi après-midi son étape volcanique. Près d’une soixantaine de personnes étaient rassemblées sur le parking du stade à Volvic, sur invitation du collectif Volvic nous Pompe et Les Soulèvements des Volcans 63, pour prendre part à une action coup de poing. Cette dernière s’inscrivait dans le cadre de l’appel d’une centaine de collectifs en lutte contre les méga bassines à plusieurs journées d’actions et de manifestations, du 16 au 21 juillet.
Après de longues minutes d’attente d’un convoi de l’eau qui n’arrivera finalement qu’une heure après l’horaire prévu, empêché dans sa progression, c’est sous des trombes d’eau que s’est ouverte la manifestation. Comme un pied de nez au thème du jour, celui du manque de la ressource et de son appropriation par des firmes industrielles.
Face à la soif des minéraliers et les usines d'embouteillage d'eau, la fronde s’étend en France
C’est ainsi, sous "la mal nommée pharmacie des Sources", selon François-Dominique de Larouzière, géologue à la retraite, qu’a débuté ce temps. Mal nommée, puisque la commune de Volvic ne dispose en réalité d’aucune source."Il y a de plus en plus de débats houleux sur ce sujet en France, tous alimentés par des mensonges, a exposé le spécialiste. Là, il s’agit du mensonge autour de l’existence d’une source Volvic qui est née grâce à des forages." Ce dernier a plaidé pour "une exploitation raisonnée et raisonnable de l’eau, alors que les prélèvements de l’usine Volvic sont passés de 200.000 litres à 2.3 milliards de litres par an".
Les participants au convoi de l’eau se sont rendu devant l’usine de Volvic, en donnant de la voix, pour déposer des déchets plastiques dans le tourniquet de l’entrée du site.
La baisse significative du débit de l’eau ne serait pas imputable, selon l’expert, à un phénomène climatique puisque "les météorologues n’ont constaté qu’une baisse de 5 % de la pluviométrie en 40 ans." Cette "journée contre l’accaparement de l’eau", telle que nommée par Pierre Couturier, universitaire engagé dans Les Soulèvements des Volcans 63, intervenait pour « dénoncer ce type d’exploitation extractiviste. Une appropriation de l’eau, soustraite à ses usagers locaux."
En pointant du doigt Danone pour les eaux de Volvic, mais aussi Limagrain, responsables d’un "inadmissible commerce de l’eau". Pourtant, évoqué par différents acteurs du rassemblement, une loi de 2006 encadre de manière claire son usage et sa préservation. Un cadre juridique qui semblerait très peu respecté. Directeur de recherche au CNRS, Christian Amblard, a aussi évoqué le problème des débits.
Une action "retour à l'envoyeur" était prévue en fin de manifestation.
Une eau "polluée partout""Dans les années soixante-dix, le débit était de près de 600 litres par seconde, quand aujourd’hui il peut atteindre les minimales de 50 litres par seconde. La région riomoise est un secteur très riche en eau avec des ruisseaux, zones humides. Mais désormais, en Auvergne, l’eau est à peu près polluée partout.
Cette baisse de résurgence constitue une moins-value pour l’ensemble des secteurs. Nous ne sommes pas des écoterroristes, nous demandons seulement un meilleur respect de cette loi", a-t-il poursuivi, tout en ajoutant que "la commercialisation de l’eau ne devrait pas être une priorité, mais la variable d’ajustement du système pour une exploitation commerciale durable."
Après l’importante averse tombée, le convoi de l’eau, complètement rincé, s’est muni de ses banderoles et autres guirlandes de bouteilles en plastique pour se mettre en route jusqu’à l’usine Volvic, où les membres du cortège ont donné de la voix afin de protester contre "l’accaparement" de cet or bleu.
Chloé Goigoux