Jeux olympiques : le podium des sponsors les plus pollueurs
Et la médaille d’or est attribuée à… Toyota. Un rapport du think tank The New Weather Institute, publié ce lundi 22 juillet, montre que parmi les principaux sponsors mondiaux des JO figurent des entreprises très émettrices de gaz à effet de serre. Sur le podium des émissions se retrouvent Samsung, Procter & Gamble et en tête, Toyota. Selon les auteurs, les entreprises se servent des Jeux olympiques pour faire du "sportswashing" - du greenwashing sportif.
Les auteurs de l’étude ont comparé les émissions autodéclarées de ces sponsors de premier plan des Jeux olympiques de Paris 2024, en collectant les données dans leurs rapports annuels de développement durable. Ils se sont concentrés sur les 14 partenaires mondiaux membres du programme TOP (The Olympic Partner) du Comité International olympique. Il existe aussi des sponsors nationaux (comme LVMH ou Air France), qui ne font pas partie du champ de cette étude.
Selon ce rapport, "les trois principaux émetteurs sont 1) le plus grand constructeur automobile mondial, Toyota ; 2) le géant des biens de consommation Procter & Gamble ; et 3) le conglomérat électronique Samsung." On trouve aussi un peu plus loin Bridgestone, Panasonic et Coca-Cola.
Le rapport de développement durable 2023 de Toyota indique que les émissions totales de l’entreprise en 2022 s’élevaient à 575,8 millions de tonnes de CO2. Dans le détail, l’entreprise a émis 2,4 millions de tonnes d’émissions de CO2 de scope 1 (émissions directes), 2,9 millions de tonnes d' émissions de CO2 de scope 2 (émissions indirectes liées à l’énergie) et est responsable de 570,5 millions de tonnes d’émissions de CO2 de scope 3 (autres émissions indirectes, comme celles émises par le transport, la logistique, services achetés…)
Si l’on en croit cette étude, c’est plus que les émissions nationales de la plupart des pays participant aux Jeux, exceptés 11. La France a par exemple émis l’équivalent CO2 de 404 millions de tonnes en 2022.
Pour Samsung, les émissions totales pour 2022 s’élevaient à 139,8 millions de tonnes, et à 159 millions pour Procter & Gamble.
"Greenwashing sportif"
"A un moment donné de l’histoire, les événements sportifs ont dû décider de ne plus accepter l’argent de l’industrie du tabac, car cela allait à l’encontre des idéaux de santé qu’ils promouvaient", rappellent les auteurs en préambule du rapport, pour qui "il arrive un moment où l’argent d’un sponsor malhonnête compromet les objectifs mêmes des Jeux". Au-delà de leur empreinte carbone, les auteurs déplorent en effet des stratégies de "greenwashing sportif" ou "sportswashing" de la part de ces entreprises.
Les Jeux olympiques sont l’un des événements sportifs internationaux les plus médiatisés, juste derrière la Coupe du Monde de la Fifa. Une plateforme pour le marketing des marques, qui par les accords signés sont autorisées entre autres à utiliser les anneaux olympiques à des fins publicitaires. "Toyota dépense environ 835 millions de dollars pour son accord olympique, ce qui en fait le premier constructeur automobile à rejoindre le programme TOP – tout en battant de loin le record de tout accord de parrainage du CIO de l’histoire des Jeux", note ainsi le think tank.
Procter & Gamble dépense 8 milliards de dollars chaque année en publicité, tandis que le deal de Samsung avec le CIO n’est pas connu, mais court jusqu’en 2028. Une page dédiée aux JO de Paris permet par exemple au constructeur sud-coréen de proposer des produits estampillés.
Or, une enquête du Climate Impacts Tracker Asia constate par exemple que Toyota "abuse de sa position de partenaire olympique en prétendant que sa flotte de véhicules pour les Jeux est électrifiée à 100 %", alors que "moins de la moitié fonctionnent entièrement à l’électricité sur batterie et que la plupart des autres fonctionnent à l’essence". Elle commercialise les 2 674 véhicules mis à disposition pour transporter athlètes et accrédités sous le nom de "flotte de véhicules de tourisme 100 % électrifiés", et ce "même si 1 021 de ces voitures sont des hybrides fonctionnant à l’essence, donc loin d’être entièrement électrifiées", révèle le rapport. Seules 176 sont équipées d’une prise, les 845 hybrides restants étant rechargés "à la pompe à essence".
Le think tank rappelle en outre que les Jeux étaient "sans sponsoring", "jusqu’à ce qu’Avery Brundage, président du CIO, prenne sa retraite en 1972".