Navir/VADF : l'industrie textile made in Bobigny
Ils sont tombés dedans quand ils étaient petits, ou du moins très jeunes : Renaud Fert et son associé Baptiste Vallet connaissent l'industrie textile sur le bout des doigts. Le premier a suivi au quotidien son père, industriel du secteur. Le second était l'employé de la figure paternelle. Ensemble, ils ont choisi de créer VADF, une entreprise spécialisée dans l'objet publicitaire textile made in France (sweats, tee-shirts, polos, doudounes, etc. le tout unisexe). Aussi, quand il leur faut créer leur propre atelier à respectivement 33 et 36 ans, le challenge ne leur fait pas peur. En mai dernier, ils inaugurent leur usine à Bobigny (Seine Saint-Denis) pour reprendre la main sur leur production. " Il faut savoir que Bobigny est un secteur très actif, où la culture industrielle est encore bien présente. Là-bas, le terme 'industrie' n'est pas un gros mot ", affirme le PDG Renaud Fert.
A travers VADF et leur unité de production, les deux associés veulent à la fois dépoussiérer l'image de l'usine et démocratiser le made in France. " Nos interlocuteurs comprennent tout de suite que nous ne sommes pas des débutants, que nous possédons un langage technique, avec une certaine expérience humaine, commente Renaud Fert. Nous savons que pour qu'un atelier puisse vivre correctement, il faut qu'il y ait une capacité de production intéressante. Cela nous a amené à réfléchir à un projet différent de tous ceux qui lancent une marque textile. Il fallait engager un secteur qui crée du volume, d'où le choix du textile publicitaire. "
Un secteur textile moins polluant et plus inclusifRenaud Fert et Baptiste Vallet créent VADF en 2020 avec un premier catalogue de 17 références. " Lors de la pandémie, il y a eu un élan vers le made in France que certaines entreprises et administrations voulaient privilégier. Cela a permis à notre projet de rapidement décoller ", se souvient le cofondateur. Désormais, VADF, ce sont 90 références labellisées Origine France Garantie et même bio pour certaines. L'entreprise veille également à utiliser un maximum de matières recyclées. La locomotive VADF est lancée et même en bon chemin. " Nous remportons des marchés régulièrement et, maintenant, dès que quelqu'un a un projet de communication, nous sommes systématiquement consultés. Nous avons enfin réussi à obtenir la place que nous voulions. C'est pourquoi il était temps de lancer la phase B de notre plan... ", développe Renaud Fert. La phase en question ? Créer la marque petite soeur de VADF, à savoir Navir, pour s'orienter vers le marché B to C et proposer du prêt-à-porter tricolore au prix le plus juste : le tee-shirt est par exemple affiché à 19,99 euros. Comment parvenir à obtenir un tel tarif ? Grâce aux stocks mutualisés entre Navir et VADF. " Si ça ne se vend pas sur la première, je sais que je trouverai preneur chez les professionnels ", glisse le PDG, pour qui il est également important de valoriser l'insertion de publics éloignés de l'emploi. Un atelier de l'APF (Association des Paralysés de France) se charge des finitions de chaque produit VADF/Navir, comme couper les petits fils pour un fini impeccable. " Nous voulons cocher un maximum de cases. Nous connaissons les problématiques du textile, celles de pollution, celles qui relèvent du social : nous voulons donc être dans la réparation de ce qui a été fait par nos pères... Nous veillons à faire mieux pour obtenir quelque chose de cohérent et surtout d'accessible ", poursuit Renaud Fert.
Faire vivre le made in France grâce à la transmission des savoirsA Bobigny, l'usine ultra automatisée attend de pouvoir tourner à plein régime. Conçue pour produire 80 000 tee-shirts par mois, 35 000 jeans ou 35 000 polos, les chiffres sont actuellement divisés par dix, faute de production suffisante. Pour Renaud Fert, le " made in France avance crescendo, étape par étape ". C'est pourquoi il accepte de sous-traiter la fabrication d'autres acteurs du made in France. " Notre objectif est de développer une entreprise vertueuse qui contredit toutes les étiquettes négatives qu'on peut avoir tant sur le secteur que sur la région ", insiste-t-il. VADF réunit une cinquantaine de collaborateurs, parmi lesquels des jeunes de 20 ans qui veulent apprendre, comme des salariés de 60 ou 65 ans qui veulent continuer à travailler. Au sein de l'atelier, les dirigeants encouragent la transmission des savoirs, telle qu'ils l'ont vécue eux-mêmes.
Cet article a été publié initialement sur Big Média Navir/VADF : l'industrie textile made in Bobigny