Vacarme, habitants cloîtrés et pulvérisation 25 mètres à la ronde : Comment se déroule la démoustication d'un quartier
Un énorme bourdonnement retentit soudain dans le quartier situé à l’est de l’avenue Alsace-Lorraine, à Brive, de part et d’autre de la voie ferrée. Il est 22 heures pile et l’opération de démoustication, ordonnée par l’Agence régionale de santé (ARS) et menée sur le terrain par l’entreprise Altopictus, démarre à l’heure.
Détruire tous les moustiques adultes dans un périmètre restreintDeux agents pas très bavards (*) vont accomplir leur mission : détruire tous les moustiques adultes dans un périmètre restreint, défini par une enquête de l’ARS. C’est là qu’un homme qui a attrapé la dengue, le chikungunya ou Zika, bref, une arbovirose lors d’un séjour à l’étranger, a potentiellement pu se faire piquer par un moustique tigre. L’objectif : qu’aucun de ces insectes ne puisse, à son tour, transmettre l’arbovirus à un autre habitant du secteur.
Consigne : rester chez soiDans le quartier, lorsque le système de pulvérisation fixé à l’arrière du pick-up, très puissant et donc très bruyant, se déclenche, certains mettent le nez à la fenêtre pour voir de quoi il s’agit. Un homme à bicyclette conseille à un groupe de gamins d’aller jouer plus loin… Les habitants concernés avaient reçu la consigne de rentrer chez eux et de fermer les fenêtres donnant sur la voie publique.Photo Stéphanie Para
Dans chacune des dix rues concernées, seules quatre, cinq, parfois une dizaine de maisons voient passer le pick-up avec le pulvérisateur activé. Un panache de gouttelettes s’épanouit dans la lumière des lampadaires. Sa portée est impressionnante : « la pulvérisation est effective jusqu’à 25 mètres de chaque côté du véhicule », explique Altopictus, sollicité par mail, vendredi 26 juillet. L’entreprise assure que « l’efficacité du traitement est mesurée par un contrôle via des pièges à adultes qui ont montré un taux moyen de suppression d’abondance de vecteurs (femelles d’Aedes albopictus) de 81 %. »
Inutile pour se débarrasser des nuisances durables du moustique tigrePhoto Stéphanie ParaCertains habitants de Brive et de Malemort réclament, sur les réseaux sociaux, un passage de cette unité dans leur quartier. Or, cette opération de démoustication ne sert pas à débarrasser durablement un secteur de ses moustiques mais à détruire les moustiques femelles qui pourraient transporter le fameux virus. Trois ou quatre jours après, de nouveaux individus vont s’envoler. Et gâcher la vie des habitants.
« Aucun incident d’intoxication n'a été recensé depuis 2020 »Jeudi soir, de 22 heures à 23 h 15, le pick-up a sillonné le quartier. Si la plupart des habitants avaient, semble-t-il, respecté les consignes de protection, certains ne semblaient pas au courant. À l’image de ce jeune homme qui est passé sur sa trottinette, le nez au vent, une dizaine de secondes seulement après la pulvérisation. Altopictus le reconnaît, « nous n’avons pas la possibilité d’empêcher des riverains de rentrer dans la zone de traitement une fois la pulvérisation effectuée ».
Faut-il s’inquiéter pour ce jeune homme, alors ? Après tout, s’il n’habite pas le quartier, n’avait aucune raison d’être au courant de la démoustication en cours… « La personne qui se trouverait dans le nuage sera exposée au produit de manière très brève, quelques secondes ou quelques minutes. Il n’y a pas de danger particulier à une si brève exposition, assure l’entreprise, d’autant que le dosage du produit est très faible : 1 g/ha, une dose inférieure aux produits anti-moustique du commerce. »
Altopictus l’assure, « aucun incident d’intoxication lors des traitements n’a été recensé depuis le début du marché, en 2020. » Et si les agents d’Altopictus étaient protégés, jeudi soir, c’est parce que « le danger est plutôt de leur côté », puisqu’ils sont « exposés de manière répétée dans la saison ».
(*) Les services de l’État avaient refusé qu’une équipe de La Montagne les accompagne sur le terrain.
Pomme Labrousse