"C'est vraiment trop beau et magique", une famille corrézienne découvre les Tours de Merle
C’est un site rare, un voyage dans le temps, un décor parfait pour une neuvième saison de Games of Trones. Nichées en Xaintrie, dans une verdure luxuriante, cachées par les collines environnantes, protégées par la Maronne, Les Tours de Merle se méritent. Il faut emprunter les petites routes au risque de se tromper, avant de partir explorer un dédale de pierres au dénivelé important, en escaladant des marches médiévales… étroites, hautes et pas très bien taillées.
"Souvent, on joue aux chevaliers"Ce joyau historique demeure méconnu de nombreux Corréziens. Justement, hier, en fin de matinée, sous un soleil généreux, nous sommes partis le découvrir en compagnie d’Anthony Morbrun de Naves avec ses deux garçons, Alban, 9 ans et Adrien, 7 ans. Ces derniers ne connaissaient pas les lieux. Tout de suite, Alban explique : « Souvent, on joue aux chevaliers avec des bouts de bois comme épées. » Et Adrien ajoute : « Et on se cache et on fait semblant d’être mort ».
Quelles sont les qualités d’un preux chevalier selon ces deux experts en la matière ? « Il doit être courageux et assez fort pour tuer des dragons et sauver des princesses. »
Jeu de sept famillesElles sont au nombre de sept, un chiffre qui symbolise la plénitude et la perfection. Érigées à partir du XIIe siècle, les Tours de Merle, qui se dressent fièrement sur un éperon rocheux de 30 mètres de haut, sont un exemple de co-seigneurie, ce qui équivaut à une sorte de copropriété médiévale ou à un jeu de sept familles.On pénètre dans le castrum (le site fortifié), en visitant d’abord les ruines de la petite chapelle seigneuriale. Dans ses quatre coins, ont été sculptés, puis peints, les symboles des quatre évangélistes, le lion pour Marc, le taureau pour Luc, l’hommage pour Matthieu et l’aigle pour Jean. Dans la nef de la chapelle, quelques banquettes ont été creusées dans la roche pour que les seigneurs puissent s’asseoir. Adrien y prend place. Son verdict est sans appel : « Ce n’est pas confortable du tout. » Normal, autrefois, pour les seigneurs, cet endroit était rempli de coussins.
Pas de vitres aux fenêtres Pass corrézien, visite aux Tours de Merle avec Anthony Morbrun de Naves et ses fils, Alban 9 ans et Adrien, 7 ansOn commence la montée vers les habitations. « Ce ne sont pas les seigneurs qui ont donné leur nom au rocher, c’est le rocher qui a donné son nom aux seigneurs », résume la guide. Anthony et ses fils écoutent avec attention. Dans les tours, il n’y avait pas de vitres aux fenêtres. Celles-ci étaient protégées par des peaux de bête qui laissaient rentrer un peu de lumière et des volets en bois.« Contrairement à ce qu’on peut penser, les constructions du Moyen Âge sont assez propres, explique Maïwenn Jacob-Hippler. Les gens se lavent assez régulièrement. C’est la peste qui va faire évoluer l’hygiène. On pensait que la crasse protégeait la peau. À Versailles, il n’y aura pas de latrines. En 76 ans de sa vie, Louis XIV, le Roi Soleil n’a pris qu’un seul bain. »
Une histoire de transmission familialeAlban et Adrien sont aussi captivés par les riches explications de la guide sur les chauves-souris, très présentes sur le site.On monte au sommet de la tour Pesteil, par un escalier de plus en plus étroit et pentu, pas très recommandé pour les claustrophobes. Tout en haut, on bénéficie d’une vue sur les environs à couper le souffle. Anthony et ses fils sont conquis. « C’est vraiment trop beau. C’est magique. » Anthony se souvient : « J’étais venu sur le site avec mes parents quand j’avais l’âge de mes fils. À l’époque, on avait vu un spectacle de nuit et ça m’avait déjà marqué. »
Texte et photos : Dragan Perovic