Equitation: le dressage, exception culturelle française
Dans l'épreuve la plus prévisible de la quinzaine, il est difficile d'imaginer Pauline Basquin (12e mondial) et son hongre Sertorius interrompre la série, même si le couple est en constant progrès depuis des années.
"J'espère qu'elle va faire un top dix ou huit, on ne sait jamais, avec le soutien du public français", annonce comme ambition mesurée le chef de la discipline à la Fédération française Laurent Gallice.
"Elle a mis une nouvelle reprise libre avec des chansons françaises, décrit-il. Il faut savoir que la note artistique, c'est coefficient 4, avec le public français en nombre ce jour-là, s'il la soutient fortement, peut-être que ça pourra emmener le jury à donner un petit peu plus de points et l'aider à se rapprocher le plus possible du podium."
Pas d'élevage, pas de public
Avant celui de Margit Otto-Crépin aux Jeux de Séoul, le précédent podium olympique français en dressage remontait même aux JO de 1952 à Helsinki. L'explication ? "Elle est culturelle", livre la directrice technique nationale Sophie Dubourg.
"Quand on observe aussi la cavalerie des autres nations, on n'a pas d'élevage, ou très, très peu d'élevage en France de chevaux de dressage et on a quatre fois moins de personnes qui pratiquent le dressage", observe-t-elle.
"En France, un concours de dressage, côté spectateur, c'est zéro. C'est complètement déserté. On a vécu encore des championnats d'Europe au Danemark (2013), où les tribunes pour la finale du saut d'obstacle étaient vides et pour le premier jour du dressage, elles étaient pleines. Ils adorent. En Allemagne, pareil."
Faute d'intérêt prononcé, l'écosystème français du dressage ne fait pas le poids face à la concurrence féroce des Allemands et des Britanniques.
"Il n'y a aucune viabilité économique, constate Sophie Dubourg. Acheter un cheval, revient au même prix que pour de l'obstacle. C'est une économie surdimensionnée."
Face à ce constat, la Fédération a mis les moyens pour aider ses cavaliers à voyager en compétition à l'approche des JO de Paris ces dernières années.
"Nous les Français on a quasiment qu'un seul cheval donc forcément on sort moins, relève Pauline Basquin. Ce qu'il faudrait c'est qu'on ait plusieurs chevaux du même niveau pour pouvoir sortir."
A défaut de disposer d'un vaste piquet de chevaux, la quadragénaire, venu de l'obstacle et passée en 2012 au dressage après avoir donné naissance à deux enfants, s'appuie sur une façon de monter plus naturelle.
"Pauline quand on la regarde, c'est ce qu'aiment les juges, elle a cette légèreté", décrit le sélectionneur Jean Morel. Il n'y a pas d'effet de force (sur le cheval)."