Kinshasa : les ordures s’amoncellent, les habitants en colère

Des montagnes de déchets, des cadavres de bouteilles longeant les abords des rues et des poubelles qui croulent sous les ordures ménagères: c'est désormais l’état des lieux de la capitale du Congo qui était surnommée dans les années soixante «Kin la Belle».

«Kin la poubelle» dit-on aujourd'hui, tant Kinshasa est désormais une ville «nauséabonde» avec des décharges publiques qui débordent jusque dans la rue. L’augmentation des déchets produits par la population croissante, estimée à 17 millions d’habitants, a entraîné des problèmes de collecte des ordures, même dans les quartiers les plus huppés.

10 000 tonnes d'ordures sont jetées chaque jour selon la Banque mondiale citée par Deutsche Welle en juin dernier. Les autorités n'en traiteraient que 20%. Un drame, dans une ville où il pleut huit mois sur 12. 

En avril, en pleine période d'élection des gouverneurs de la capitale, tous les candidats ont fait de l'assainissement une priorité. Des programmes ont été lancés, mais la mise en œuvre ne suit pas.

«Ces déchets sentent vraiment mauvais, je me demande si nos dirigeants attendent la mort de quelqu’un avant de les ramasser, ils devraient s’attaquer en priorité à ce problème» a déclaré une citoyenne au micro de CGTN, interviewée au marché central Zando rempli d’ordures en avril dernier.

Du même avis, un autre citoyen congolais a manifesté son mécontentement «ces gens paient des impôts pour travailler ici où est l’argent qu’ils versent au gouvernement ?» s’est-il interrogé.

L’immondice non-évacué est «un tueur silencieux»

Le système de collecte des déchets de Kinshasa n’a pas suivi l’augmentation de la population, la situation est par ailleurs aggravée par les personnes qui continuent à jeter des ordures dans les rues.

«La gestion des déchets est un gros problème à Kinshasa, en particulier des déchets plastiques, lorsqu’il pleut, toutes les bouteilles se retrouvent dans les canaux de drainage ce qui provoque des inondations» a souligné Placide Uwelo, directeur auprès du ministère de la Santé et de l’Assainissement.   

«Nous devons travailler en étroite collaboration avec la population afin de mettre en place un système adéquat de gestion des déchets» a-t-il déclaré.

Pour les Kinois, la question de la collecte des déchets est devenue un problème majeur, au point d'être comparée avec le groupe rebelle du M23.

«Les rebelles du M23 se trouvent à l’est du pays mais ces ordures non collectées ici sont comparables à ces rebelles, la seule différence est qu’il s’agit d’un tueur silencieux, les gens continuent à tomber malades et à mourir» a mis en avant une commerçante du plus grand marché du pays.

Le problème des déchets pourrait bien d'ailleurs durer plus longtemps encore que le conflit, puisque le médiateur angolais a annoncé ce 31 juillet un accord de cessez-le-feu entre Kinshasa et Kigali, dans ce conflit qui oppose l'armée congolaise aux rebelles du M23 soutenus par le Rwanda au Nord-Kivu.