Wall Street termine en berne après l'emploi américain; les taux chutent
L'indice Dow Jones a cédé 1,51% à 39.737,26 points, le Nasdaq à dominante technologique a perdu 2,43% à 16.776,16 points. L'indice élargi S&P 500 a cédé 1,84% à 5.346,56 points.
Les rendements obligataires ont fondu, laissant présager que la réserve fédérale (Fed) pourrait avoir bientôt besoin de réduire ses taux plus drastiquement qu'attendu.
Le taux de chômage américain en juillet a augmenté plus que prévu à 4,3% contre 4,1%, annoncé le ministère du Travail avant l'ouverture des marchés.
C'est le plus haut taux de sans-emplois depuis octobre 2021, représentant 352.000 chômeurs de plus à 7,2 millions.
De plus, 114.000 emplois seulement ont été créés le mois dernier, contre 179.000 le mois d'avant (un chiffre révisé en forte baisse) et 185.000 prévus.
"Ce rapport sur l'emploi est si faible que cela pourrait changer les données pour la Fed. Le marché croit maintenant, à 60%, aux chances d'une baisse des taux de 50 points de base en septembre ET en novembre", a commenté Chris Low de FHN Financial.
Cela représente un changement brutal d'état d'esprit du marché, puisque jusqu'ici les investisseurs anticipaient plutôt une baisse de 25 points de base en septembre.
Du côté du marché obligataire, les rendements chutaient de façon spectaculaire, anticipant les besoins de l'économie pour des taux plus bas.
Le taux à dix ans sur les bons américains du Trésor s'enfonçait à 3,79% vers 20H15 GMT au plus bas depuis plus d'un an, contre 3,93% la veille et 4,15% en début de semaine.
Le taux à deux ans, le plus influencé par celui de la Réserve fédérale, tombait à 3,94% contre 4,14% la veille.
Cette détérioration du marché de l'emploi, la contraction prolongée de l'activité manufacturière (ISM) et les propos du patron de la Fed Jerome Powell mercredi reconnaissant d'avance être désormais plus soucieux de l'emploi que de l'inflation "ont suscité un changement psychologique dans le marché", a estimé Steve Sosnick, d'Interactive Brokers.
"Passe-t-on de l'espoir de parvenir à un atterrissage en douceur à la crainte d'un atterrissage brutal", c'est-à-dire une récession?
Pour Art Hogan de B.Riley Wealth Management au contraire, "le marché a sur-réagi".
"Les investisseurs sont prêts à tirer d'abord et poser des questions après", a ajouté l'analyste interrogé par l'AFP, soulignant que "le marché de l'emploi est resté solide au cours des trois derniers mois et que les résultats de société, dans l'ensemble, sont bons".
Sur la semaine, le Dow Jones a perdu plus de 2% et le Nasdaq plus de 4%.
A la cote, le fabricant de micro-processeurs Intel s'est effondré de 26,06% à 21,48 dollars, plombant le Nasdaq, après des résultats décevants tant pour le chiffre d'affaires que pour le bénéfice du deuxième trimestre.
Le groupe a perdu au passage, sur le papier, quelque 32 milliards de dollars de valorisation boursière.
Intel a annoncé la suppression de 15.000 emplois, soit 15% de ses effectifs, pour économiser à terme 10 milliards de dollars de coûts d'exploitation.
Amazon, une des plus grosses capitalisations de Wall Street, membre du Nasdaq et du Dow Jones, enfonçait les indices, cédant 8,78% à 167,90 dollars.
Le géant du commerce en ligne et du cloud (informatique a distance) a certes doublé son bénéfice, mais son chiffre d'affaires a déçu.
Les titres de Snap, la maison mère de Snapchat, ont fondu de 26,93%. Le groupe a réduit ses pertes à 249 millions de dollars au deuxième trimestre, contre 377 millions il y a un an, mais ses prévisions pour le trimestre en cours ont déçu le marché.
Chevron (-2,67%) a vu son bénéfice net reculer sous l'effet d'une baisse des marges de raffinage. Le chiffre d'affaires a lui progressé de 4,7% à 51,18 milliards de dollars, supérieur aux attentes.