JO: derrière l'éclat du Stade de France, une logistique et des travailleurs de l'ombre
Ils sont près de 400 employés de Plaine Commune, établissement public territorial qui regroupe notamment les villes de Saint-Denis et Saint-Ouen, à avoir accepté de décaler leurs horaires et vacances estivales en famille pour faire partie de ces nombreuses petites mains qui s'affairent afin que ces Jeux olympiques dont une grande partie se déroulent en Seine-Saint-Denis demeurent "une fête".
A 23h00, Lahcen Laidouni, agent de propreté sur le secteur du Stade de France, a débuté sa vacation tandis que la session d'athlétisme touche à sa fin et que les derniers aficionados sirotent leurs bières dans les bars environnant l'enceinte sportive, située à Saint-Denis.
"On s'est adapté pour que cela soit toujours propre", confie "l'ancien", de l'équipe de nuit. Il a connu la Coupe du monde de rugby, les concerts de Beyoncé et même la finale chaotique de la Ligue des champions en 2022.
Et avec ses 21 années d'expérience, il constate que le public olympique "n’a rien à voir, les gens sont plus respectueux".
"En comparaison des événements qu'on peut couvrir habituellement, on observe que ce public est particulièrement attentif à ne pas dégrader les espaces publics", abonde Myriam Albertus, responsable du service propreté de Saint-Denis.
Entre la Coupe du monde de rugby en 2023, dernier grand événement sportif au Stade de France, et les Jeux olympiques, "c'est le jour et la nuit", assure-t-elle.
Les spectateurs "ont soit une gourde ou prennent une éco-cup qu'ils achètent au stade pour une première fois et qu'ils gardent tout au long de leur expérience".
Si Plaine Commune est rompue à la gestion de l'entretien des abords du stade puisqu’elle accueille en moyenne un événement par semaine, la différence majeure réside dans "l"intensité" avec plus de trois semaines d'usage en continu avec les Jeux paralympiques, explique Joachim Delpech Theoleyre, directeur-général adjoint de l'urbanisme à Plaine Commune.
Le Stade de France et ses près de 80.000 places se vident deux voire trois fois par jour avec les sessions du matin, d’après- midi et du soir, auxquels s'ajoutent les épreuves du Centre aquatique olympique, à deux pas, et les fans zones au bord du canal de Saint-Denis et du centre historique.
"Métier physique"
"Une logistique JO", a été mise en place pour que le badaud puisse "manger par terre", s'amuse le président de Plaine Commune et maire de Saint-Denis (PS) Mathieu Hanotin. "On a des retours ultra positifs des habitants, des touristes qui viennent et qui trouvent cela vachement propre", assure l'édile.
Des nombreux journalistes de l'AFP l'ont constaté aussi: Saint-Denis, deuxième ville d'Ile-de-France après Paris, n'a jamais été aussi étincelante !
Sur le parcours du spectateur entre les gares RER ou métro et le stade, 200 poubelles ont été installées.
"Offrir un maillage en corbeille de rue très dense fait qu'il y a moins de déchets au sol", explique Charlotte Lechat, responsable du service des déchets à Plaine Commune. "La nouveauté depuis la Coupe du monde de Rugby, c'est aussi l’expérimentation du tri et en comparaison, on a déjà collecté deux fois plus d’emballages."
Changement des sacs, ramassage des déchets à la pince en journée, balayeuse, souffleuses la nuit, lance à eau pour le crottin des chevaux de la police montée, dépôts sauvage… la liste des tâches ingrates est longue pour les agents d'entretien.
"C'est un métier physique", estime Abdoul-Karim, 39 ans, l'un des 70 agents se relayant jour et nuit autour du Stade de France.
Son salaire s’élève à 1.800 euros net hors heures supplémentaires et pour les JO, une prime a été accordée aux volontaires.
Pour Plaine Commune, le "coût propreté" pour les JO de Paris s'élève à 2,3 millions d’euros.
"Ce coût est à la charge du contribuable", reconnaît Mathieu Hanotin qui regrette la fin de la "taxe spectacle" depuis 2015 qui permettaient aux communes qui possèdent de grandes infrastructures sportives de compenser cette charge.
D'ici à 2025, il espère peser dans les négociations de la nouvelle concession du Stade de France pour une prise en charge d'"une part des poubelles".