Pour elle, les mots coulent de source
De son enfance nantaise, Amélie Grégoire a gardé le goût du vague à l’âme, la sensation du passé nauséabond des marchands d’ébène et en même temps du souffle marin de l’aventure. Et puis l’appétit pour la lecture, pour les héroïnes qui mettent à mal la suprématie masculine. Et aussi pour la poésie. Sous le charme de l’œuvre de Zola, à jamais.
Un parcours comme une évidencePersonnage complexe, « fonceuse et tête de mule, avide de justice et de vérité ». Avec son petit carnet secret d’ado écrit au « crayon de bois », son professeur de français façon Le cercle des poètes disparus, un bac littéraire, une licence de lettres et une formation dans les métiers du livre, elle était forcément placée sur les rails de l’écriture, Amélie. « J’ai commencé avec des nouvelles. L’une d’elles, La cour des 50 otages , a été retenue au Printemps du livre de Montaigut ».
Un faux départ en fait parce qu’un passage obligé dans la Capitale muselle l’inspiration. « Trois ans sans écrire. La tête encombrée. Et puis, il y a eu cette opportunité professionnelle à la médiathèque vichyssoise. » Au milieu des livres, Amélie a senti un bouillonnement intérieur, d’émotions. Le crayon de bois est ressorti de la trousse. Toujours affûté.
Écrire mais quoi ? Forcément un roman. Le personnage principal, le cadre, le scénario. « Cela ne pouvait être qu’une femme, en quête de ses origines, et comme je suis dingue de jazz, forcément à La Nouvelle Orléans. L’occasion de dénoncer le racisme. J’ai couché un plan, des fiches de personnage, des idées en désordre. Pas un plan de dissertation cependant. J’ai souvent bousculé le brouillon, me fiant à mes états d’âme du moment. Pas d’écriture à des horaires fixes. Mais seulement quand l’envie, l’inspiration étaient là. »
Et visiblement inspirée, elle l’était, l’auteure. Recordwoman d’écriture, six mois pour un pavé intitulé L’enfant du Sud . « Mais attention, un an de relecture avant d’oser le présenter à une maison d’édition. Correction à la main et sur papier. Pas d’écran. »
Un amour des mots qu’Amélie partage aussi lors d’ateliersLes Éditions Charleston présélectionnent l’ouvrage dans le cadre du Prix du livre romantique. « Nous étions trois finalistes. Un mois à stresser et bingo. Mon premier sentiment, c’était une certaine fierté : mon nom sur une première de couverture ! J’avais le pied dans un monde dont je rêvais depuis l’enfance. Au final, un beau succès d’édition. »
Ressorti en poche alors même que le second roman Les vents d’aventures - toujours une héroïne forte dans un cadre historique - était déjà écrit. Même maison d’édition mais beaucoup moins d’engouement de la part du public. « C’était sûrement un signe. J’aurais dû être plus patiente pour mon troisième ouvrage. Pas de retour d’éditeur. Je me suis pris un mur, moi qui me croyais arrivée. Il faut savoir se faire désirer et puis trouver des sujets porteurs. »
Pas à court d’inspiration, Amélie travaille sur une trilogie. Ambiance fantaisie et fantastique. Le tome I a usé un crayon de bois. Le deux est en chemin. Le trois déjà dans la tête, pour une passionnée des mots qui anime aussi des ateliers d’écriture à la Médiathèque Valery-Larbaud. « Avec un esprit bienveillant pour les participants. “Je ne sais pas écrire” est souvent la première réaction. Alors, il faut “chauffer” les volontaires. Avec des textes présélectionnés, avec de la musique, des échanges. À chaque atelier, j’ai des habitués qui apprécient le moment. »
Prochain rendez-vous, le jeudi 8 août, en plein air, à la plage des Célestins. Durée une heure trente. À partir de 16 heures, départ de la médiathèque. L’occasion de se laisser guider par ses sens dans un joli cadre naturel.
Les participants peuvent emmener leur matériel. Cahier, feuille, crayon de bois ou stylo. Affûtés, évidemment.