Rencontre avec ces bénévoles qui consacrent leurs vacances au festival de la Chaise-Dieu
Il y a une semaine jour pour jour, l’abbatiale Saint-Robert était encore dans sa configuration initiale. Sur un plateau perché à 1.082 m d’altitude, au sud du parc naturel régional du Livradois-Forez, le monument historique de style gothique accueille le festival de musique depuis 1966. Les 144 bénévoles de la manifestation ont eu quatre jours pour transformer ce lieu de culte érigé au XIVe siècle en un lieu de spectacle unique.
Lieu de culte et de spectacleEn début de semaine dernière, les bancs de l’église étaient toujours en place. Rien ne laissait penser qu’un premier concert se tiendrait jeudi. C’était sans compter sur l’investissement de bénévoles passionnés et mobilisés jusqu’au 2 septembre prochain. « Nous sommes mardi après-midi et tous les sièges sont déjà installés. Une autre équipe est en train de monter la scène autour de l’autel. C’est un lieu de culte, on ne l’oublie pas et on ne déplace rien. La messe dominicale sera maintenue tout au long du festival », explique Agnès Souche, membre de l’organisation.
La scène s’adapte à son environnement et la messe dominicale sera maintenue.
Sous la nef, une petite équipe de bénévoles s’active. Plusieurs dizaines de mètres de moquette rouge doivent être posées pour délimiter les déambulations dans l’abbatiale. Armés de ruban adhésif, ils s’attellent déjà aux finitions. Une mission pilotée par Jeanne-Marie, alias « JM », responsable bénévole de 22 personnes tout au long du festival de la Chaise-Dieu. Originaire du Puy, elle a découvert ce rendez-vous grâce à la pratique du violon. Très jeune, elle assistait déjà à des concerts à Saint-Robert. « J’ai toujours eu envie de revenir dans cet endroit magnifique, donc je me suis engagée comme bénévole », glisse Jeanne-Marie. Et cela fait quinze ans que ça dure ! Tous les ans, l’assistante sociale de métier dédie ses vacances d’été à La Chaise-Dieu. « Nous avons tous envie que le festival soit beau. Pour le spectateur comme pour nous bénévoles, nous voulons nous forger un souvenir mémorable à chaque édition », continue JM. Et même après quinze ans d’engagement, la flamme est encore là. « J’ai toujours envie de continuer, assister à la transformation d’un tel endroit est magique. J’ai hâte que cela commence pour voir ce que notre travail aura donné ! », commentait la bénévole avant que ne résonnent, jeudi dernier, les premières notes de musique dans l’abbatiale.
La Chaise-Dieu : la mélodie du ruissellement économique
Sous le jubé qui coupe l’église en deux, les rouleaux de ruban adhésif s’amenuisent à vue d’œil. Camille est bénévole depuis sa majorité. « Une histoire familiale », explique-t-elle. Installée à Paris, elle est la petite-fille d’une violoniste et d’un claveciniste professionnels qui se sont souvent produits à La Chaise-Dieu. « Mon père et ma tante ont aussi longtemps été bénévoles. Dès que j’ai eu 18 ans, j’y suis allée. » Trois générations investies sur le festival. « C’est comme une petite famille, on retrouve des amis tous les ans et on essaie aussi de se voir en dehors. J’ai rencontré mes meilleures amies ici », ajoute la Parisienne, responsable en ressources humaines le reste de l’année. Débarquée depuis la capitale, elle a emmené sa petite sœur cette année. « Elle était consentante », ironise Camille.
Pour connaître « l’envers du décor »C’est aussi une première pour Lucie, une Orléanaise qui étudie en école de commerce à Marseille. « Nous avons une maison de famille à La Chaise-Dieu, j’ai toujours connu le festival. Je n’avais encore jamais exploré l’envers du décor, mais je me suis motivée cette année et je ne regrette pas. C’est physique, il y a beaucoup de travail, mais je suis très contente de l’avoir fait ! »
Le Puy-en-Velay, Orléans, Paris, Vaucluse… Les 144 bénévoles viennent de toute la France.
À quelques mètres de là, Vincent s’accorde une petite pause sur les stalles, ces rangées de 144 chaises en chêne autrefois réservées aux moines de l’abbaye. Retraité depuis quelques années, l’ancien enseignant vit le festival pour la neuvième fois comme bénévole. « Il y a 40 ans, je suis venu en tant que choriste. » Désormais, le Nordiste d’origine connaît le festival sous tous les angles. Sur et derrière la scène. « C’est un endroit spectaculaire où toutes les générations se côtoient avec un objectif commun, dans la bienveillance et la convivialité. C’est quelque chose que je n’avais pas perçu en tant que choriste et que je partage volontiers aujourd’hui avec tous les bénévoles, mais également avec mon fils qui fait lui aussi partie de l’aventure », termine Vincent. Une aventure familiale au sens large pour ces 144 bénévoles dévoués.
Texte et photos Nathan Marliac