En hommage à Marie-Marcelle Viraud
Le 26 août, la ville de Vichy a célébré les 80 ans de sa libération avec, entre autres, l’inauguration de huit sites ou rues de la commune portant désormais les noms de résistantes et résistants du secteur.
À l’occasion de cet anniversaire, un Bellerivois était particulièrement concerné : Bernard Planche, adjoint au maire de la commune de Bellerive, délégué pour l’Allier de l’Association nationale des Descendants des Médaillés de la Résistance française (ANDMRF) et président du Comité local du Souvenir Français de Bellerive.
En effet, sa grand-mère maternelle, Marie-Marcelle Viraud, résistante, a été mise à l’honneur avec l’inauguration d’une rue portant son nom, située devant la Maison des Associations de Vichy.
Une fiertéPour Bernard Planche, c’est un honneur, une fierté et une reconnaissance de l’action de sa grand-mère, qui a toujours été « un modèle et une référence » pour lui. Depuis son enfance, il porte un intérêt particulier pour l’histoire de France et de la Résistance.
Je suis tombé tout jeune dans la marmite d’une association d’anciens déportés, nommée “Survivre”. Ma grand-mère maternelle était membre de cette association en tant qu’ancienne déportée. Par respect pour sa mémoire et conscient du devoir de mémoire qui m’anime, j’ai saisi le flambeau qu’elle m’a transmis en acceptant d’assurer ce devoir au sein de deux associations patriotiques : l’ANDMRF et le Souvenir Français de Bellerive. »
Mais quel fut le parcours de Marie-Marcelle Viraud, née le 9 février 1907 à Montluçon, en tant qu’agent de liaison et de renseignements pour le compte du réseau Alliance de Vichy ?
« Elle a notamment relevé les défenses de Saint-Raphaël entre 1942 et 1943. Secrétaire médicale et compagne depuis 1935 du Dr Jean Sabatier, l’un des responsables du réseau Alliance de Vichy, Marie-Marcelle Viraud a accepté de le seconder dans son activité clandestine. »
Le réseau Alliance, dirigé à partir de 1941 par Marie-Madeleine Fourcade, fut pendant la Seconde Guerre mondiale l’un des plus importants réseaux de résistance française, agissant pour le compte des Britanniques.
« En octobre 1942, le Dr Jean Sabatier envoya ma grand-mère à Saint-Raphaël avec pour mission de gagner la confiance d’un lieutenant italien, commandant de la base navale, afin de collecter des renseignements militaires en vue du futur Débarquement de Provence. Une fois cette confiance obtenue, elle devait connaître les déplacements de l’officier, tant sur mer que sur terre. Elle se procura, par ses propres moyens, les plans de défense des fortins, des pièces d’artillerie, des emplacements de chicanes, et tous les autres renseignements militaires nécessaires. »
Tous ces renseignements furent immédiatement transmis. Tous les quinze jours, les rapports chiffrés étaient acheminés à Vichy par Marie-Marcelle Viraud, dissimulés à l’intérieur d’un gros briquet.
Arrêtée rue BurnolElle est arrêtée par la Gestapo lors de la rafle du 22 septembre 1943, au 6, rue Burnol à Vichy, en même temps que le Dr Jean Sabatier, et est internée à la prison du 92e RI de Clermont-Ferrand. Ce jour-là, seize personnes sont arrêtées, dont ses deux enfants, Ginette (17 ans) et Jacques (14 ans). Jacques sera libéré le jour même, vers 18 heures, tandis que Ginette sera internée au 92e et libérée le 22 octobre 1943.Le 31 janvier 1944, Marie-Marcelle Viraud est déportée de Compiègne à Ravensbrück, où elle arrive le 3 février. Le 9 avril 1945, elle fait partie des 301 femmes libérées par le Comité international de la Croix-Rouge en échange d’internés civils allemands.
Etats de serviceLes états de service de Marie-Marcelle Viraud lui ont valu les distinctions suivantes : le grade de sous-lieutenant, la Médaille militaire, la Croix du Combattant volontaire, la Médaille de la Résistance française, la Médaille de la Déportation pour faits de Résistance, ainsi que l’élévation au grade d’Officier de la Légion d’Honneur. Elle a également été honorée par le Maréchal Montgomery.
Marie-Marcelle Viraud a eu une vie hors du commun et une fin de vie tragique. Elle décède le 27 octobre 1972, à Noirétable, dans un accident d’avion qui fit soixante victimes.
Pour Bernard Planche, cet hommage à sa grand-mère sonne donc comme une évidence. C’est également « rendre gloire à tous ces combattants de l’ombre qui ont su, avec courage et honneur, s’opposer à l’Allemagne nazie pour défendre notre patrie et notre liberté ». En tant que délégué de l’ANDMRF et président du Souvenir Français local, il considère cet hommage comme un devoir de mémoire « qui nous concerne tous afin de rappeler l’absolue nécessité de résistance à toutes les formes d’oppression ».
En tout état de cause, c’est avec beaucoup de fierté et d’émotion que notre homme a accueilli l’hommage fait à sa grand-mère, « cette grande dame qui a tant fait pour son pays ».