Luis Castro, coach principal, se confie en interview
Alors, coach, qu'est ce qui vous a inspiré à devenir entraîneur et comment avez vous commencé votre carrière dans ce domaine ?
L.C. : « J’aime le foot, j’ai toujours aimé le foot et cela depuis très jeune J’en regarde beaucoup et mes amis, proches, sont tous des joueurs. Après, comment je suis devenu entraineur ? Initialement, je voulais être professeur d’EPS. A l'université, j’étudiais deux sujets : le football et la planification des entraînements. J’aimais beaucoup ces deux sujets, c’est à ce moment que j’ai commencé à me dire que j’aimerais être entraineur de football et que ce n’était pas juste un hobby. J’ai donc débuté avec les U6/U7, dans le club de ma ville natale au Portugal. Après, les personnes dans le club, ils pensent que je suis très bien et me donnent la responsabilité des U12, puis les U19. C’était la première fois que j’entrainais une équipe de foot à U11, j’avais 24 ans et mes joueurs 19. Avec ce groupe, on fait la meilleure saison de toute l'histoire d'un club. On parvient à monter en National, et c’est à ce moment que les personnes d’autres clubs m’ont contacté. J’ai eu une opportunité pour travailler en Arabie Saoudite. »
Avez-vous des proches qui étaient dans le foot ?
L.C. : « Il y a beaucoup de personnes qui font du sport dans ma famille mais pas professionnel. J’ai fait plusieurs sports étant petit, comme de la natation, du handball, du futsal, du karaté .. C’est intéressant pour moi, car je suis le seul dans le milieu professionnel. Mon papa nous a quittés, il était la personne la plus importante dans ma vie. J’aimerais qu’il puisse voir ce que j’ai accompli. Il me disait que je devais arrêter de vivre foot, car je pensais, mangeais, dormais football, et que je devais étudier pour pouvoir gagner ma vie. Et maintenant, j’y suis arrivé, je travaille dans le monde professionnel, c’est un bel accomplissement. »
Quels ont été les moments les plus marquant de votre parcours d'entraîneur jusqu'à présent ?
L.C. : « Il y en a beaucoup. D’abord, gagner la Youth League car Benfica essayait de la remporter. En quatre finales, le club en remporte deux. Personnellement, j’ai fait deux finales. J’en perd une, même si tout le monde disait qu’on devait la gagner. Puis, la deuxième finale, nous la gagnons. C’est un moment important de ma carrière. Ensuite, le maintien avec Dunkerque. Le seul regret, c’est que nous n’avons pas pu faire la fête avec les supporters. Après QRM, nous aurions pu célébrer, mais nous avons du attendre. Après Caen, à domicile, nous aurions pu faire la fête, mais nous avons du attendre également. Au final, c’est après Angers que nous pouvons enfin souffler. Mais ce n’est pas le même feeling. Les émotions ne sont pas allées de 0% à 100%. C’était en dent de scie. Nous avons fourni un gros travail, probablement le meilleur. C’était difficile pour moi. Puis, l’intercontinentale avec le Benfica. On joue en Uruguay, et les supporters étaient violents envers nous. Mais j’aime bien cette ambiance. Nous avons du nous adapter aux conditions, dans un stade emblématique qui a accueilli la finale des premiers championnats du monde. Et nous avons gagné. »
Quels sont ou quel est ou quels sont les entraîneurs qui ont le plus influencé votre philosophie du football ?
L.C. : « Au debout, c’est clairement Mourinho. Après, il y a beaucoup d’entraineurs que j’aime beaucoup comme Guardiola pour l’intelligence, Klopp pour l’intensité. J’apprécie également beaucoup Paulo Fonseca, c’est un entraîneur avec une philosophie très très intéressant. »
Comment vous vous définissez comme entraîneur ?
L.C. : « Je suis une personne que je travaille beaucoup, ça c'est sur. Je travaille le jour et la nuit. Je devrais couper, mais j’ n’y arrive pas. J’aime le jeu offensif, que les joueurs aient du plaisir lorsqu’ils jouent. Que les supporters prennent du plaisir aussi. Je reconnais avoir besoin d’être plus proche des joueurs. Il y a quelques années, je l’étais, mais des événements dans ma vie ont fait que j’ai changé ma relation aux autres. Je pense qu’il est nécessaire pour moi de développer ça. Je fais le maximum pour mes joueurs se développent et arrivent à un autre niveau. Par exemple, Bram Lagae et Mohamed Koné évoluent maintenant en Première League de Belgique, Jean-Philippe Gbamin est en Ligue 1 à Nantes. Je suis un entraineur qui développe les joueurs. »
Quelles sont les plus grandes leçons que vous avez apprises au cours de votre carrière ?
L.C. : « Dans le foot, les choses changent très vite. Aujourd'hui, tu peux être le meilleur du monde, et demain le pire. C’est essentiel d’être une personne stable dans ses émotions. Aussi, grâce à l’éducation de mon père, j’ai appris que tu dois être très droit. Mon père m’a toujours dit que tu peux faire des erreurs, c’est normal, mais il ne faut jamais mentir. Tu dois assumer tes erreurs. Je l’applique dans ma vie professionnelle. J’ai perdu des choses en étant droit, mais j’en ai plus gagnés. »
Quels sont vos objectifs à long terme ?
L.C. : « Je ne me fixe plus d’objectifs à long terme. J’ai beau dire que je vais faire ça, et ça et ça. Au final, ça ne se passe jamais comme prévu. Je préfère donner mon maximum tous les jours, et les choses se passeront comme elles doivent arriver. J’aime beaucoup mon travail. Même si j’avais l’opportunité de travailler dans un autre club où je gagnerai mieux ma vie, ça ne m’intéresserait pas. Ici, à Dunkerque, je suis bien. J’aime le projet, les gens qui travaillent ici. Il y a beaucoup de personnes intelligentes, qui comprennent ma vision du jeu, et qui voient plus loin que les victoires ou les défaites. Les débuts ont été un peu difficile, mais aujourd’hui je me sens très bien. J’ai une forte connexion avec le staff. »
Quelle différence avez vous constaté par exemple le Portugal et ici en France ?
L.C. : « En France, il y a beaucoup plus d’argent. Mais au Portugal, ils sont plus organisés, les choses sont plus cadrées. Au Portugal, la VAR existe déjà depuis quelques années en Ligue 2, alors qu’il y a moins d’argent. Les matchs sont planifiés bien en avance, ce qui permet de bien travailler. En France, en Ligue 1, ils se déplacent à 20 joueurs, alors qu’en Ligue 2, c’est 18 joueurs. Si la France était mieux organisée, elle serait alors le meilleur pays du monde en therme de football.
Quel joueur aimeriez vous entrainer ?
L.C. : « Il a beaucoup de joueurs que j'aimerais entrainer. A choisir, peut-être Tiago Silva. Je pense que c’est le joueur le plus intelligent du monde. Dans ma carrière, j’ai entrainé des joueurs incroyables. Par exemple, Joao Neves, au PSG. Il arrive, il fait deux rencontres, 4 passes décisives. Il y a Antonio Silva, au Benfica aussi. Gonçalo Ramos, Cher Ndour. J’ai gardé des liens avec les joueurs que j’ai entrainé. Par exemple, cette semaine, j’ai encore parlé avec des joueurs que j’ai entrainés.
Quelle a été la plus grande difficulté pour vous que vous ayez vécu pendant votre carrière d'entraîneur ?
L.C. : « Je ne l’ai pas vécue comme une difficulté, mais je pars de zéro dans le monde du football. Je n’ai pas eu de carrière de joueur professionnel, je ne connaissais personne dans le milieu lorsque j’ai débuté. J’ai gravi les échelons. Sinon, je ne peux pas dire que j’ai rencontré beaucoup de difficulté. Je préfère voir les choses qui vont bien, je vois positif. Je sais que lorsque les scénarios se passent mal, et c’est souvent le coach qui est incriminé. Mais lorsque ça arrive, je pense au match d’après. Il y a de très belles histoires dans le football, tout est possible, et c’est nécessaire de croire en son travail.
Que faites vous en dehors du football pour vous détendre ?
L.C. : « Ça, c'est un gros problème pour moi. Même quand je ne suis plus au stade, je continue de regarder du foot. Sinon, j’aime beaucoup lire, regarder un bon film, et quand je le peux car aujourd’hui ce n’est pas facile à cause de la distance, être avec ma famille. »
Quel est votre livre préféré ?
L.C. : « C’est un livre sur la psychologie, qui s’appelle Blink : The power of thinking without thinking. L’aspect psychologique est très important pour moi. »
Un film ?
L.C. : « C’est un film que peu de personnes connaissent, qui s’appelle Instinct avec Anthony Hopkins. Sinon, je ne regarde pas trop de série durant la saison, car je ne sais pas m’arrêter. Je commence, et je suis obligé de terminer. Je peux donc passer des nuits à regarder des séries, donc je me force à en regarder uniquement pendant les vacances. »
Quel est votre plus beau voyage ?
L.C. : « Portugal, Hongrie en voiture avec ma copine, qui est maintenant ma femme. Nous avions prévu de partir au petit matin, et au final, ni elle ni moi n’étions capables de nous endormir. Nous avons donc pris la route à minuit. Nous avons traversé le Portugal, l’Espagne, puis la France. Nous avons fait un stop à la frontière italienne. Nous avons visité les villes sur notre route, comme Venise, Veron. Puis, on s’est dirigés vers l’Autriche. C’était un voyage calme, où nous avons pris notre temps, nous avons visité, sans stress, sans planifier les choses. Nous avons vu tellement de paysages différents. C’était un voyage carpe diem. C’était mon état d’esprit lorsque j’étais jeune, je le suis moins aujourd’hui. Maintenant, je planifie beaucoup les choses. Ce voyage, pour rejoindre le pays de ma femme, était le plus intéressant que j’ai pu faire. »
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