Le filtrage des patients lors de l'accès aux urgences est pérennisé au CHU de Clermont-Ferrand
Eté après été, les services des urgences en France sont en surchauffe. Afin de tenter de pallier les difficultés, et garantir l’accès aux soins d’urgence à tout citoyen, le CHU de Clermont-Ferrand a mis en œuvre, il y a plus d’un an, un dispositif de filtrage de l’accès à son service d’urgences adultes, sur le site de Gabriel-Montpied.
Objectif« Son objectif est de faire face à l’augmentation importante des passages, particulièrement sur les tranches horaires de fin de journée et de week-ends et jours fériés et ce tout au long de l’année », explique le docteur Julien Raconnat, chef du service des urgences. D’autres facteurs ont conduit à cette situation : des établissements publics et privés sur le territoire qui avaient des services d’urgences, mais dont la continuité des soins n’a pas pu être assurée.
Le dispositif« Il s’agit de limiter l’accès des urgences aux patients les plus graves pour lesquels accéder au plateau technique du CHU est important », explique le médecin urgentiste. Autrement dit, bien soigner ceux qui en ont besoin. Pour ce faire, l’appel au 15 est un préalable requis avant de se rendre aux urgences. Ce filtrage est en place à partir de 18 heures et jusqu’au lendemain à 6 heures, tous les soirs de la semaine et du vendredi soir au lundi matin, week-ends et jours fériés compris.
Concrètement, comment cela fonctionne-t-il ?Pour le patient qui arrive spontanément (1 patient sur 5), dont la pertinence de la venue n’a pas été validée par le 15, il est « bloqué » par un agent de sécurité puis il est vu par une infirmière d’accueil qui, en quelques mots, va évaluer son état d’apparence et décider ou non de le faire entrer. Elle peut aussi lui demander d’appeler le 15 depuis son téléphone ou d’une cabine téléphonique à proximité et dédiée.
Sur ce nombre de patients, 1 sur 3 sera finalement admis aux urgences. L’idée est que tous les patients aient une réponse, c’est-à-dire une consultation immédiate ou différée.
Les effetsEn lien avec la régulation du Samu (15), « ce système de filtrage, a bien fonctionné depuis 2023. Il a été complété, avant l’été, par un nouveau dispositif : le SAS 63 (Service d’accès aux soins), qui est en cours d’évaluation. » À partir de l’appel au 15, le patient est ainsi également réorienté vers la médecine de ville. Ce qui évite une orientation sur les urgences. Des consultations peuvent même être proposées. Environ 80 médecins participent à cette organisation des soins. Bilan.
Le filtrage sur ces horaires a bien fonctionné et nous a permis de gagner 13 % de passages afin de prioriser les patients et de mieux accueillir les cas urgents.
« Le dispositif du SAS a contribué à passer l’été, renchérit Valérie Durand-Roche, directrice générale du CHU, nous avons pu constater moins de difficultés et moins de tensions au niveau des ressources médicales et paramédicales dans les services d’urgences pour assurer la continuité des soins que dans d’autres régions ». Pour ces raisons, « le dispositif actuel va rester à l’identique et perdurer », confirme la directrice.
Des difficultés malgré toutMalgré cela, « nous avons quand même eu des difficultés durant cet été avec une majoration des délais d’attente de 15 %. Nous avons connu une augmentation du nombre de passages. Le bénéfice du filtrage a ainsi été moins palpable », poursuit-elle. L’offre a donc tenu mais au prix de l’allongement des délais d’attente. « Et au prix de l’investissement de tous les personnels à tous niveaux », s’accordent-ils à dire.
Les patients ont été plus nombreux (qu’à l’été 2023) mais aussi plus âgés et plus graves (+ 5 %). Un constat qui se vérifie au plan national, probablement en raison du vieillissement de la population. Et qui va obliger l’hôpital à chercher encore de nouvelles solutions et leviers. « L’offre de service public a bien tenu, mais espérons que l’offre sera répartie sur l’ensemble du territoire entre tous les acteurs du système de soins. C’est une question d’équilibre », conclut Valérie Durand-Roche.
Michèle Gardette michele.gardette@centrefrance.com
Où consulter sur l'agglomération clermontoise ?
Les coordonnées des médecins de garde seront communiquées par le 15. Vous pouvez aussi contacter :
SOS médecins : tél. 04.73.42.22.22. Sur rendez-vous 24 h/24 (91 avenue de la République, à Clermont-Ferrand). L'Amuac (association médicale d'urgence de l'agglomération clermontoise), tél. 04.73.44.10.00, du lundi au vendredi : de 9 h à 13 h/19 h à minuit?; samedi et dimanche de 9 heures à minuit, 1 Rue Claude-Danziger à Clermont-Ferrand. Doc direct : tél. 04.73.89.91.65. Sans rendez-vous du lundi au vendredi de 8 h à 20 h, le samedi de 8 h à 12 h (22 avenue Georges-Gershwin, à Riom). Maison médicale de garde de Volvic : tél. 04.73.86.27.14. Sans rendez-vous. Les nuits du lundi au dimanche de 20 h à 8 h, samedi 12 h-20 h, dimanche et jours fériés de 8 h-20 h. Urgences + Sans rendez-vous. Du lundi au dimanche de 10 h à 22 h (1 allée Marie-Curie, à Pérignat-lès-Sarliève).L'entrée aux urgences est désormais filtrée au CHU à Clermont-Ferrand