"Il faut ralentir l'eau" : contre la sécheresse et les inondations, cet hydrogéologue donnera sa solution à Aurillac
« Nous sommes en train d’organiser la désertification de notre pays, à travers nos choix. » C’est le constat que fait Samuel Bonvoisin. Agronome de formation, cet hydrogéologue a étudié le lien entre l’aménagement du territoire et le cycle de l’eau.
Le conférencier introduit le concept d’hydrologie régénérative qui repose sur le réaménagement du territoire pour permettre à l’eau d’être stockée naturellement. « Au fil des années, nous avons accéléré le flux de nos rivières, arraché 70% de nos haies. L’eau n’a plus le temps de s’infiltrer dans la terre ni de recharger les nappes phréatiques : elle va se jeter plus vite dans la mer. » Cela entraîne à la fois le manque (sécheresse) et le trop d’eau (inondations).
Les solutions proposées actuellement (la chasse aux fuites, etc) ne permettent de s’adapter qu’à court terme, sans régler le problème de fond, c’est ce qu’on appelle la maladaptation
Avec les changements climatiques, cette dégradation des cycles de l’eau est encore amplifié, car plus l’air est chaud plus il peut contenir d’eau. Les périodes sans pluie vont se multiplier, et les gros épisodes de précipitation aussi, sous forme d’orages ou de pluies diluviennes. Et, à cause de notre manière d’aménager les territoires, elle n’a pas le temps de s’infiltrer, provoque des inondations et rejoint la mer. « Il faut ralentir l’eau, par exemple en replantant des haies, favoriser l’infiltration par le développement des réseaux racinaires, éviter le tassement des parcelles, favoriser un retour de la matière organique qui permet de stocker l’eau dans les sols, comme une éponge. »
Comment réarmer nos sols ?Le sol est notre meilleur allié pour stocker l’eau. Un hectare de terrain avec 1 % de matière organique correspond à 200.000 litres de capacité de stockage. « Si on multiplie par la surface agricole en France, cela revient à 25.000 mégabassines… Or nous sommes passés de 4% de matière organique dans les sols agricoles en 1945 à 1,5% en moyenne aujourd’hui. » Pour lui, le calcul est simple. Les solutions palliatives : oui, dans les zones où elles sont vraiment nécessaires, à condition qu’elles soient complétées par une politique globale d’aménagement du territoire vertueux. « Moins on va avoir de matière organique, moins on va recharger les sols, moins les sols seront capables de stocker, plus on va devoir dépenser d’argent public dans les palliatifs… »
Anna Modolo
Dimanche 8 septembre.Axée sur la thématique de l’eau, la 34e foire écobiologique d’Aurillac se dépliera au rythme d’ateliers et d’une conférence, dimanche 8 septembre. Ce sont plus de 70 producteurs locaux, bio, ou même installés en biodynamie, qui proposeront leurs produits (légumes, pains, fromages, miels, épices, glaces, …). Artisans et associations engagées participeront aussi à la fête. L’ensemble des stands seront ouverts de 9 heures à 18 heures.Le fil conducteur de cette 34e édition sera la thématique de l’eau. Tout au long de la journée, des animations seront prévues : ateliers de phytoépuration, toilettes sèches, jeux de piste…La journée sera clôturée par la conférence « Et si on pouvait cultiver l’eau ? », de Samuel Bonvoisin, à 16 heures. L’association Vélo Cité 15 sera également associée à cette journée pour apprendre à réparer votre vélo.