Quelle est cette demeure thiernoise qui ouvrira ses portes pour les journées du patrimoine ?
Il faut emprunter le chemin entre Thiers et Escoutoux qui passe derrière la zone industrielle pour l’apercevoir. La bâtisse, qui date des années 1900, s’élève sur le lieu-dit La Varenne, au milieu d’un parc de 11 hectares. Dans les années 1900, elle a été bâtie par un fils Pelocieux issu d’une famille bourgeoise de Thiers. Un projet qui apparaît peu de temps après la construction de la ligne de chemin de fer de la vallée de la Dore, qui relie Thiers à Ambert. "Son épouse était une descendante de la famille Rigault, propriétaire des Tissages d’Auvergne à Vertolaye. Ensemble, ils travaillaient dans l’entreprise alors le train, c’était pratique", détaille François Duniat sur le pas de la porte de cette grande demeure, qui n’a pas perdu de son charme.
Une histoire de plus d’un siècleLe propriétaire actuel connaît l’histoire sur le bout des doigts. Il la raconte volontiers au détour des écuries qui ont déjà été louées à un club hippique, devant l’exploitation agricole, sur le lieu-dit de la Vieille Varenne et au milieu des dépendances construites à l’époque pour les travailleurs. L’architecte, passionné de vieilles pierres, a investi dans cette ancienne maison bourgeoise il y a douze ans avec sa femme, Françoise. "Les derniers habitants nous ont laissé des documents et des photographies d’archives, et puis, ils nous ont raconté. Ça nous a permis de retracer le fil."Les écuries de la maison ont jadis accueilli un club équestre.
François Duniat a racheté la maison à une famille de couteliers bien connue à Thiers. Les Rousselon sont devenus propriétaires dans les années vingt, après la crise économique et l’effondrement de l’activité du tissu à Vertolaye, qui a forcé la famille Rigault à vendre. "Le mari était intendant du roi du Maroc. Il avait acheté la maison pour la retraite mais malheureusement, il est mort avant. Sa femme, elle, vivait à Paris et elle venait à Thiers pour les vacances. On a racheté la maison aux enfants, qui ne souhaitaient pas la garder", raconte François Duniat, originaire de Lezoux, qui, à l’époque, cherchait un grand terrain pour les chevaux qu’il élève en parallèle de son activité professionnelle.
Une bâtisse dans son jusEn 2012, la bâtisse est dans son jus. Elle n’a encore jamais été rénovée depuis sa construction au début du siècle dernier. "Pour moi, c’était l’idéal, confit-il. Souvent, c’est mal fait. Au moins là, on n’a pas eu de mauvaises surprises."Certains vitraux ont été rénovés.Il a tout de même fallu huit ans de travaux avant que le couple n’emménage dans son nouveau cocon. À l’intérieur, les moulures, le plafond, certains vitraux, ont dû être nettoyés et rénovés. Les tapisseries ont été changées, ainsi que les sols. Plusieurs murs ont été cassés pour agrandir l’espace. "Dans la cuisine, on a installé un plan de travail pour pouvoir faire à manger. Quand nous sommes arrivés il n’y avait qu’un monte-plats. À l’époque, le personnel cuisinait en bas", décrit François Duniat.
Tous les matériaux ont été minutieusement choisis. Aucun ne dénote du style et de l’époque du château et le rendu est moderne. Le couple a passé du temps à chiner pour trouver des meubles et des lustres d’époque, ou en tout cas, qui se fondent dans ce lieu d’exception. Le chauffage central, qui ne fonctionnait plus, a été remplacé par des radiateurs d’époque trouvés dans des vieux hôtels à Vichy. Au rez-de-chaussée, dans la pièce du fond transformée en salon, des fenêtres ont même été créées pour faire entrer la lumière. "Pour nous, ça a été un vrai plaisir", décrivent-ils.Aujourd’hui, Françoise et François Duniat vivent dans un lieu d’exception où ils se plaisent à inviter famille et amis pour organiser de grandes fêtes. Ce week-end, ils ouvrent leurs portes aux visiteurs curieux de découvrir les secrets des demeures d’exception du territoire.
Angèle Broquère