A Moulins, la licence préparant au métier de professeur des écoles, unique en Auvergne, scrutée de près
Avec la première promotion de troisième année, la formation préparatoire au professorat des écoles (PPPE) s’ancre à Moulins. « Ce parcours est unique dans l’académie Clermont Auvergne et très peu, en France [moins d’une dizaine], s’adossent à une licence en Sciences de l’éducation. Elle est donc observée de près, au plan national », souligne Valérie Berthomier, la responsable du parcours PPPE, tutrice, formatrice en pédagogie.
Observé de près, car rare« L’an dernier, des inspecteurs généraux sont venus, de Paris, interroger les étudiants. Car l’idée est d’arriver à une vraie formation pour tous, en cinq ans, formant au métier d’enseignant, d’essaimer dans tous les départements, de faire de cette formation la voie royale pour devenir enseignant. Et de déplacer le concours à la fin de la licence, mais cette réforme est pour l’instant, en suspens ».
Dimension localeLes étudiants du parcours préparatoire au professorat des écoles (PPPE). Photo Corentin Garault« Ce parcours a été installé à Moulins car nous avons observé que des étudiants se refusaient à aller faire des études à Clermont-Ferrand en raison notamment du coût du logement, ou d’un attachement à leur famille ».Cette formation « permet aux étudiants d’être sur place, et montre la plus-value du postbac dans l’Allier. Nous avons eu 900 demandes les deux premières années pour 35 places, et 750 cette année. Les N1 viennent surtout de l’Allier et des trois départements limitrophes. La présence de ce diplôme ici souligne que dans les départementaux ruraux, il est possible de faire des études de haut niveau".
Et d'ajouter :
Cette formation de proximité, avec une classe de 35 max, offre un cadre rassurant, à la fois pour les étudiants et leurs familles. Avec un accompagnement au plus près des besoins des jeunes. On ne les lâche pas, on les soutient ! Quand on est 300, on n’est qu’un numéro. Là, c’est très familial. On les connaît tous. En même temps, la formation accueille de grands chercheurs en Sciences de l’éducation de l’Université de Clermont qui viennent donner des cours ici
Voilà pour l’aspect recherche, didactique de la formation. L’autre volet, disciplinaire, est complémentaire : ce sont les cours des enseignants du second degré, donnés au lycée Jean-Monnet, à Yzeure. Des remises à niveau dans toutes les matières.
Ouverture sur l’internationalRéunion de rentrée pour les étudiants PPPE des trois années de formation, réunis au lycée Jean-Monnet à Yzeure. Photo Corentin Garault En 3e année, les étudiants doivent effectuer un stage de quatre semaines en immersion dans une école francophone, ou non, à l’étranger. « Je vais les accompagner en amont, dans ces stages qui correspondront à leurs vœux, les suivre à distance pendant, en lien avec leurs tuteurs sur place ». Dix destinations en Europe, mais pas que : Italie, Espagne, Slovaquie, Belgique, Danemark, Allemagne ; Canada, États-Unis, Guinée et Bénin.
Développer les valeurs de cohésion, d'entraide« Cela va leur permettre de s’ouvrir à d’autres approches, de porter un regard différent sur le système français, d’étudier ce qui serait transposable ou adaptable en France. Une vraie ouverture d’esprit. Quand ils seront en Master Meef (de l’enseignement, de l’éducation et de la formation), ils auront une solide formation. Avec un tel parcours, ils sont bien préparés à ce qu’on attend d’un professeur des écoles. Dès la première année, ils sont accompagnés pour devenir étudiant, apprendre les méthodes universitaires, puis pour passer d’étudiants à futur enseignant professionnel. Avec un accompagnement personnalisé, qui vise à développer chez eux des valeurs de cohésion, d’entraide, solidarité, de travail en équipe ».Les étudiants du parcours préparatoire au professorat des écoles (PPPE) avec leur enseignante Valérie Berthomier, professeur de pédagogie. Photo Corentin Garault
Les étudiants de deuxième année ont ainsi mis en place une demi-journée de cohésion, à la rentrée, pour permettre aux étudiants des trois promo de se connaître, via des activités, « pour travailler cet esprit d’équipe ».Un système de tutorat est mis en place, cette année, entre les 1ere et 2e année, pour échanger sur la méthodologie de travail. Entre les 2e et 3e année, ce tutorat se mettra en place en novembre. « On veut insister sur ces partenariats, cette entraide, car en classe, un enseignant travaille seul, mais il ne faut pas qu’il reste isolé ».En juin 2025, de premiers étudiants sortiront diplômés.
« Quelle orientation choisiront les diplômés ? Resteront-ils ici ? Ce sera, bien sûr, évalué ».
Ariane Bouhours