Explosions mortelles de bipeurs au Liban : que sont ces appareils et comment ont-ils pu être piégés ?
Des civils et membres du Hezbollah sont morts et beaucoup d'autres ont été blessés au Liban et en Syrie, mardi 17 septembre, après des explosions simultanées de bipeurs. Ces moyens de communication censés aider à rester discrets se sont transformés en bombes de poche.
Ils étaient tombés en désuétude depuis l'arrivée du portable, mais sont encore largement utilisés par les membres du Hezbollah.
Les bipeurs ont débarqué à la fin des années 1970, et permettent de recevoir des messages courts par ondes radio et d'être joignable loin de son téléphone fixe. Ce sont des appareils passifs qui peuvent uniquement recevoir des messages et non en envoyer. Ils ont été remplacés au début des années 2000 avec l'arrivée des téléphones portables.
On en trouve toutefois encore, notamment dans le secteur de la santé, afin de joindre rapidement les médecins en cas d'urgence, sans qu'ils soient déconcentrés par les messages que l'on peut recevoir sur un téléphone.
Sabotage ou piratage ?Parmi les derniers utilisateurs du bipeur, il y a aussi les membres du Hezbollah. Avec certaines avancées technologiques, "vous devez revenir aux vieilles méthodes", relevait à l’époque auprès de Reuters Qassem Kassir, un analyste libanais proche du Hezbollah.
Les modèles reçus par la formation pro-iranienne étaient récents, achetés il y a quelques mois. Le Hezbollah accuse pour l'instant Israël d'avoir coordonné ces explosions, mais rien n'est encore avéré. Si l'hypothèse d'un piratage des bipeurs par l'Etat hébreu était un temps évoqué, l'hypothèse la plus probable est désormais un sabotage des appareils avant leur distribution.
Il faut dire qu’Israël contrôle la plupart des usines électroniques de la région, et aurait donc pu truquer dès le départ les appareils. Les explosifs placés dans les appareils pouvaient ensuite être activés à distance par une fréquence spécifique ou un signal codé.
— Dmitri Alperovitch (@DAlperovitch) September 17, 2024Cette opération serait "l’une des attaques de chaîne d’approvisionnement physique les plus importantes de l’histoire", a analysé Dmitri Alperovitch, ancien dirigeant d’une entreprise de sécurité informatique, sur X.
Le Hezbollah "totalement paranoïaque"Une autre théorie repose toutefois sur une cyber-attaque, comme l'évoquait Guillaume Ancel sur RTL, mardi. L'écrivain et officier est convaincu que le Hezbollah, "totalement paranoïaque", aurait "vérifié au moins un de ces bipeurs pour savoir s'il n'était pas piégé".
Selon lui, "les Israéliens ont trouvé un système pour hacker et rentrer dans le dispositif électronique pour l’affoler et affoler la batterie. Les batteries sont dangereuses, mais normalement, elles sont entourées de système de sécurité pour les empêcher de chauffer.
A.L.