Pourquoi le documentaire d'Inoxtag ne respecte pas les règles établies par le cinéma français
Le documentaire d'Inoxtag cartonne sur Youtube et au cinéma. "Kaizen" cumule déjà plus de 23 millions de vues, ce mardi, quatre jours après sa sortie sur la plateforme. Et le succès du Youtubeur a lieu aussi dans les salles obscures.
Son ascension de l'Everest a attiré plus de 340.000 spectateurs vendredi et samedi, aux avant-premières, selon les chiffres donnés dimanche par son distributeur, MK2.
"Kaizen" pose toutefois un problème, car le documentaire ignore les règles établies pour protéger tous les acteurs de la filière cinéma", souligne à nos confrères de 20 minutes, Olivier Henrard, président par intérim du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC). Des sanctions financières sont envisagées contre MK2.
Diffusion problématique sur TF1En France, depuis janvier 2022, un cadre légal spécifique nommé "chronologie des médias" contrôle le calendrier de distribution des films en fonction des supports.
Des délais obligatoires sont imposés entre la sortie d’un film en salles et sa diffusion sur les chaînes de télévision ou les plateformes de vidéo à la demande. La diffusion de Kaizen sur TF1, le 8 octobre prochain, quelques semaines seulement après son passage dans les salles de cinéma, constitue une infraction.
Selon la loi en vigueur, le métrage sorti au cinéma doit attendre 22 mois avant de débarquer sur une chaine gratuite. "Kaizen peut créer un précédent fâcheux, puisque le distributeur MK2 a clairement et sciemment dépassé la limite des 500 séances", ajoute Olivier Henrad.
Une limite de séances dépasséeLe documentaire du Youtubeur dispose d'un "visa exceptionnel" qui donne la possibilité de présenter le film sur 500 séances en deux jours : une limite qui a été franchie par le distributeur MK2. En effet, 800 séances de "Kaizen" ont été diffusés sur deux jours.
"La demande pour Kaizen nous a pris par surprise, confie à nos confrères un programmateur qui préfère rester anonyme. Un nombre incroyable de salles le voulaient alors on a rajouté des séances. Du jamais vu."
Le CNC ne souhaite toutefois pas que des sanctions financières soient décidées au pénal. "Il va falloir réfléchir à nouveau à cette régulation pour s’assurer que la salle de cinéma ne devienne pas un accessoire, et peut-être envisager des sanctions plus dissuasives", explique Olivier Henrard à 20 minutes.
Et d'ajouter : "Ces séances exceptionnelles, qui sont une respiration indispensable et qu’il faut préserver, ne doivent pas pour autant remettre en cause l’équilibre de la filière".
A.L.