K-Ryole révolutionne la mobilité des professionnels

Pour la 23e année consécutive, les villes européennes se mettent en ordre de marche pour encourager et sensibiliser citoyens et citoyennes aux mobilités durables. L'année dernière, l'événement avait mobilisé pas moins de 3 351 villes à travers le continent. Cette semaine, Big média part à la rencontre de cinq entreprises françaises qui ont décidé de faire bouger les choses. Et de les faire bouger durablement - dans tous les sens du terme. 

Mettre toutes ses économies au service d'un concept de remorque électrique 

" J'y ai mis toutes mes économies. C'était un coup de poker ", déclare Nicolas Duvaut, fondateur et PDG de K-Ryole. Créée il y a maintenant neuf ans à Paris par deux ingénieurs de CentraleSupélec, K-Ryole développe et commercialise des remorques et chariots électriques, essentiellement à destination de logisticiens et de transporteurs dont l'un des principaux enjeux est le dernier kilomètre. Aujourd'hui bien identifiée, K-Ryole est donc partie du pari d'un ingénieur qui a un jour décidé de littéralement tout miser sur la mobilité des professionnels. " La genèse, confie l'entrepreneur, c'est la préparation d'une traversée du continent américain à vélo qu'on préparait avec un ami il y a une dizaine d'années. On voulait faire la plus grande distance possible sans dépenser une seule goutte de carburant. Or en préparant ce voyage, on s'est rendu compte qu'il n'y avait rien pour transporter des affaires lourdes à vélo ", constate-t-il. Sans tarder, l'idée germe alors chez les deux amis ingénieurs de fabriquer leur propre remorque au fond de leur jardin. " A Marseille, je suis tombé sur une représentante de La Poste et je lui ai soumis cette idée, qu'elle a immédiatement trouvée stimulante ", raconte Nicolas Duvaut. Soutenu par son entourage, ce premier coup de boost va peu à peu permettre à la jeune pousse de trouver son marché, avant de s'imposer en quelques années " comme un fabricant industriel d'outils permettant de transporter du volume et du poids pour les professionnels sur le dernier kilomètre ", selon les dires du co-fondateur de K-Ryole. 

Un projet de cyclo-logistique animé par le pragmatisme 

De son propre aveu, Nicolas Duvaut a toujours été passionné par l'énergie. Avant de se lancer dans l'entrepreneuriat, l'ingénieur a travaillé sur des centres hydroélectriques et des postes de transformation électrique pour le compte d'EDF. " Ce que j'ai appris là-bas, c'est l'environnement industriel, le management d'équipe et l'importance d'un outil de travail. Ça m'a donné un regard sur ce qui pouvait être attendu côté client ", détaille-t-il. Mais le futur chef d'entreprise se sent alors profondément appelé par l'aventure d'un projet entrepreneurial. " J'ai toujours été passionné par l'énergie, j'ai fait une école d'ingénieur pour ça. "  Sa prise de conscience est alors avant tout pragmatique : pourquoi quitter le vélo pour prendre la voiture, dont l'empreinte carbone est incomparablement supérieure à celle d'un vélo ? " Parce qu'il manque des outils simples, pragmatiques, qui permettent, à condition d'être bien pensés, de transporter beaucoup plus de volume et de poids sans faire des carcasses de deux ou trois tonnes, affirme ouvertement l'entrepreneur. Pour moi l'ambition c'était de faire du made in France et d'avoir plus d'impact en termes de décarbonation, car on a plein de bons ingénieurs. Quand tu considères bien les individus et qu'ils s'épanouissent, ils peuvent tout faire. " Aujourd'hui, l'entreprise francilienne est une des seules solutions en cyclo-logistique à proposer une solution complète à ses clients, fait remarquer Nicolas Duvaut. Ne pas se contenter de renouveler une flotte, donc, mais assurer sa maintenance et son suivi. " On se différencie des véhicules traditionnels par un design fait pour s'articuler autour du coeur urbain, avec des véhicules très agiles, très souples, utilisables à la main ou à vélo, ce que n'ont pas les constructeurs automobiles ", soit les concurrents de K-Ryole.  

De l'intelligence embarquée sur une charrette électrique 

La société compte aujourd'hui environ 1 500 véhicules en circulation, remorques et chariots confondus, et qui peuvent chacun supporter plus de 250 kilos de charge. Leur spécificité ? De l'intelligence embarquée. Pour faire simple, la remorque " mesure l'effort que fait le tracteur et déclenche ses moteurs pour annuler cet effort en temps réel. " Une fois lancé, le cycliste n'a donc plus besoin de piloter la remorque et n'a pas d'effort supplémentaire à fournir. De plus, K-Ryole récolte des données (vitesse, masse embarquée, etc.) permettant d'améliorer continument l'utilisation de la remorque. Une prouesse technologique brevetée qui rend les véhicules de K-Ryole uniques et qui n'a pas manqué de taper dans l'oeil de clients de renom tels qu'Amazon, La Poste, Geopost, DPD ou encore la Ville de Paris. " Notre autre spécialité, c'est le transport en température dirigée, précise Nicolas Duvaut. A présent, on fait des véhicules qui respectent la chaine du froid. " L'entreprise s'adresse également à des TPE ou des artisans " qui utilisaient jusqu'à présent un véhicule utilitaire en milieu urbain, mais qui ne pouvaient plus le stationner ou étaient systématiquement bloqués dans les bouchons et qui cherchent donc des solutions plus efficaces sur le dernier kilomètre ", témoigne le cofondateur de K-Ryole, qui a su nouer des liens de forte proximité avec ses clients. " On les aborde vraiment comme des partenaires, confie le dirigeant. On leur met à disposition des véhicules, certes, mais pas seulement : on les entretient, on les maintient, on les fait évoluer. " L'entreprise accompagne ses clients au quotidien dans leur transition d'une flotte de véhicules lourds à des flottes de vélos, jouant ainsi un rôle clé dans la décarbonation du secteur.  

Pour la mobilité durable, K-Ryole voit les choses en grand   

Aujourd'hui, K-Ryole n'a plus vraiment les airs d'une start-up. Passée au stade industriel, avec son site de production de 4 500 m2 à Tonneins (Nouvelle-Aquitaine) et sa quarantaine de salariés, l'entreprise affiche des ambitions internationales. " Un de nos principaux objectifs aujourd'hui, c'est de faire de la croissance organique, note le chef d'entreprise. On veut prouver qu'on peut être un acteur français industriel dans les nouvelles mobilités et qui gagne de l'argent, que c'est un système qui fonctionne pour nous comme pour nos clients. " L'entreprise est donc aujourd'hui entièrement tournée vers sa croissance interne, ce qui, étant donné la conjoncture économique, semble être un choix pragmatique. " On ne veut pas continuer à lever des fonds pour impressionner le monde entier, souligne le PDG. Quand il y a moins de liquidités sur les marchés, il est plus intéressant d'opter pour une croissance organique à partir de la valeur que l'on crée. " L'objectif de K-Ryole est donc de montrer, à l'échelle des métropoles européennes et internationales, que la mobilité douce pour les activités professionnelles est possible et qu'elle rime avec rentabilité. " On observe aussi ce qui va se passer aux États-Unis, confie pour finir le dirigeant de la PME aujourd'hui essentiellement présente à New-York. Il y a plein d'opportunités sur le continent nord-américain, c'est un peu le saut dans le vide pour une entreprise comme la nôtre, donc on est en train d'y réfléchir. "  

 

Cet article a été publié initialement sur Big Média K-Ryole révolutionne la mobilité des professionnels