Accompagnement des élèves HPI dans le Puy-de-Dôme : "Un enfant, c'est bien plus qu'un QI"
On a les dits « surdoués », « précoces » ou « zèbres ». Et depuis 2019, « HPI » pour « haut potentiel intellectuel ». Sonia Barhomeuf-Gardes, enseignante du service départemental de l’école inclusive pour le département du Puy-de-Dôme, est en charge de l’accompagnement de ces élèves, de ceux qui sont en souffrance tout au moins.
On reste surpris qu’un élève à « haut potentiel intellectuel », éprouve des difficultés à l’école.
D’abord, il faut rappeler que tous les élèves HPI ne sont pas en difficulté. La plupart vont très bien, mais HPI ou pas, tous les élèves n’ont pas forcément de goût pour l’école, ni envie d’être les premiers de la classe et de faire de la recherche fondamentale. On peut être HPI et plutôt manuel.
Comment l’Éducation nationale accompagne-t-elle ces élèves HPI dans le Puy-de-Dôme ?
Ici, nous avons fait le choix de ne pas mettre en place de dispositif particulier dans un établissement donné. Il est important qu’un élève soit scolarisé au plus près de son lieu de vie.
Un enfant n’est pas élève H24, il ne vit pas que pendant les six ou huit heures qu’il passe en classe. Il a aussi des activités de loisirs. Il faut prendre l’enfant dans sa globalité. Un élève HPI, ce n’est pas qu’un QI?!
En tant qu’enseignante, je travaille avec la communauté éducative pour trouver un aménagement scolaire qui conviendra à cet enfant.
De combien d’enfants parle-t-on ? Y a-t-il autant de filles que de garçons ?
Je suis saisie d’une cinquantaine de situations, principalement en élémentaire et au collège et un peu au lycée. Un chiffre stable si l’on excepte les deux années post-covid où je tournais à 65. À 85 %, il s’agit de garçons, mais on sait que les filles s’adaptent mieux que les garçons au système scolaire.
2.000 élèves de l'académie de Clermont-Ferrand en immersion dans les laboratoires de sciences
Y a-t-il des difficultés qui sont récurrentes ?
Les principales difficultés ressenties sont l’ennui, la défiance ou l’agitation, les difficultés relationnelles et l’isolement ou les angoisses de performance avec des élèves qui préfèrent ne rien faire plutôt que de risquer de décevoir.
Et puis, il y a souvent un gros problème de méthodologie. Ce sont des enfants qui vont avoir la réponse tout de suite, on va dire intuitivement, alors qu’on leur demande un raisonnement, mais eux n’en voient pas l’utilité puisqu’ils ont la bonne réponse.
Quelles solutions apportez-vous ?
Je n’ai pas de baguette magique, ni de recette toute faite. Un élève HPI, c’est un enfant, un QI, un contexte, des difficultés particulières, mais aussi des points d’appui. Mon rôle, c’est d’identifier ces points d’appui.
À celui qui va droit au résultat, on peut demander de créer un problème, ce qui l’obligera à le rédiger et à décomposer la tâche. Ce qui est important, c’est de trouver des choses qui résistent, qui intéressent et donnent du sens aux apprentissages.
J’ai aussi en tête le cas d’un élève qui refusait de passer les évaluations parce qu’il ne supportait pas le regard des autres quand il avait fini bien avant tout le monde. La solution a été de lui faire passer les contrôles dans une salle à part.
Le saut de classe est-il systématique ?
C’est la première adaptation à laquelle on pense, mais ce n’est pas « LA » solution et sûrement pas la solution unique. Prendre un livre en attendant la fin d’une évaluation, ce n’est pas s’ennuyer. Ces élèves peuvent aussi avoir une fonction ressource au sein d’une classe. Il est important de prendre le temps de se poser les bonnes questions et de demander aussi à l’élève ce qu’il en pense.
La prise en charge de ces enfants s’améliore-t-elle ?
Le fait de réfléchir tous ensemble permet à l’enfant de se sentir soutenu, de se comprendre lui-même et d’évoluer. Et ça permet aux enseignants et aux parents de décoder certains comportements et de trouver une manière de faire plus adaptée.
(*) On parle d’identification et non de diagnostic, le haut potentiel intellectuel n’étant pas une pathologie
Géraldine Messina