Être à Haut Potentiel Intellectuel (HPI), un fardeau pour Mathis, un cadeau pour Alix
Pour Mathis Vieilly, 22 ans, l’identification HPI a eu lieu en CE2.
Mathis n’écoutait pas en classe et posait des questions qui étaient celles d’enfants plus âgés, raconte Chantal Vieilly. C’était difficile de le faire travailler, les cahiers volaient dans la pièce. J’ai même pensé qu’il était bête et que l’école n’était pas pour lui
« Quand la psychologue nous a annoncés 140 de QI, mon mari et moi étions soulagés. Cela nous a permis de mieux le comprendre et de faire passer le message, pas toujours entendu, aux enseignants ».
L'enfer au collège et au lycéeEn primaire, Mathis vit comme une « injustice » d’avoir plus « de devoirs que les autres », d’autant que pour lui, « c’est pour ceux qui n’ont pas compris ».
En 4e, ses notes dégringolent : « Cela n’allait plus tout seul alors que j’étais soi-disant HPI », raconte-t-il. Il tombe dans une grave dépression. C’est pire encore au lycée, malgré les efforts fournis.
Finalement, c’est le Covid qui m’a sauvé. Je n’avais plus à supporter les autres élèves, ni les profs qui me disaient que je n’avais rien à faire ici, que je n’aurais jamais mon bac alors que je voulais intégrer Epitech, une école d'informatique. Au collège, je connaissais déjà six ou sept langages de programmation. À Epitech, il n’y a pas de cours. La méthode est active et déductive?; c’était pour moi
À sa place dans l'enseignement supérieur et l'entrepreneuriatDepuis Mathis revit. En 5e année à Epitech, il a fait un passage par HEC qui l’a « motivé comme jamais » et une année à Los Angeles, financée grâce à sa petite entreprise « Mavy », car il s’est révélé fait pour l’entrepreneuriat.
Après avoir créé une application de livraison pour le magasin Promocash de son père, d’autres projets ont suivi.
J’ai toujours été plus à l’aise avec les adultes et mon QI n’est plus un fardeau. L’école, ça n’est pas tout. Il faut faire attention à ce qu’on dit aux enfants
"Contente de me savoir intelligente", dit Alix
À toujours parler des élèves HPI en souffrance, on en oublierait presque qu’avoir une intelligence vive est un cadeau.
La psychologue Caroline Goldman le redit dans le documentaire « La dure vie des surdoués », à revoir sur LCP, « l’intelligence ne fait pas souffrir ».
Une crac en mathsAlix, bientôt 20 ans, et sa maman en témoignent. C’est en classe de 6e, au collège Blaise-Pascal à Clermont-Ferrand, qu’Alix a été identifiée HPI à la suite d’un concours de mathématiques auquel elle a participé avec 75.000 élèves de France et d’ailleurs.
Ma fille est arrivée 49e sur 75.000 à un concours de maths. Je me suis dit que j’étais peut-être passée à côté de quelque chose. Lorsqu’elle était toute petite, j’étais déjà frappée par sa compréhension immédiate de tout ce qu’on lui disait. À la crèche, assez vite, on m’a dit qu’elle serait mieux à l’école, mais elle est déjà de la fin de l’année. Cette fois, j’ai pris rendez-vous avec une psychologue pour lui faire passer un test de QI.
Alix s’est révélée HPI, avec un niveau « très supérieur » à la moyenne des enfants de son âge dans tous les domaines de compétence, évalués et tous particulièrement en mathématiques.
« On m’a posé des questions, jusqu’à ce que je ne sache plus répondre », raconte Alix. Le saut de classe était envisageable, mais elle a refusé.
J’étais bien comme j’étais et contente de “savoir” que j’étais intelligente. Maman m’a juste dit de garder ça pour moi et de ne pas fanfaronner
« Moi, j’aurais été favorable au saut de classe, mais Alix était très réservée et avait besoin de se socialiser. Comme elle comprenait plus vite, elle aidait beaucoup les autres. J’ai juste un regret concernant les stages de maths et physiques que la faculté de Lyon avait proposés à l’issue du concours et dont Alix n’a pas voulu ».
Un équilibre bien trouvéMais, tranche Alix, « ce n’est pas parce qu’on est bon dans quelque chose qu’il faut absolument y aller ». Elle n’en a pas moins fait un brillant parcours scientifique, avec mention très bien et félicitations du jury au bac puis en intégrant l’école d’ingénieur de son choix. Le tout en gardant ses amis et le sourire?!
Géraldine Messina