A Lyon, le Festival Lumière célèbre le cinéma, Isabelle Huppert et ses quinze ans
« Ce festival est magnifique car il n’y a pas de compétition, pas de perdants, pas de gagnants… sauf moi. » Le 17 octobre 2009, Clint Eastwood recevait, à Lyon, le premier Prix Lumière de l’histoire, trophée honorifique imaginé pour saluer la carrière d’une personnalité du cinéma.
Il donnait à cette occasion une définition du Festival Lumière qui reste parfaitement valable au lancement de la seizième édition. Le rendez-vous a pris de l’ampleur, s’étirant sur neuf jours, multipliant les séances, les hommages et les rétrospectives. Mais la trame imaginée il y a quinze ans par le directeur de l’Institut Lumière Thierry Frémaux et le président de l’époque Bertrand Tavernier, n’a pas changé. Ici, dans la ville de naissance du cinématographe, on honore le septième art. Sous toutes ses formes, dans toutes les langues, de l’époque du muet jusquà l’ère du numérique.
Isabelle Huppert, Prix Lumière 2024
Bien sûr, il faut une tête d’affiche, ce fameux Prix Lumière remis dans le passé à Ken Loach, Quentin Tarantino, Pedro Almodovar, Martin Scorsese, Catherine Deneuve, Jane Fonda, Tim Burton ou Wim Wenders. Ce sera Isabelle Huppert cette année. Incontestable. L’une de nos plus grandes actrices, déjà récompensée dans le monde entier, de Cannes à Venise en passant par la scène des César. La célébration s’accompagne d’une sélection des films les plus marquants de sa carrière : Violette Nozière de Claude Chabrol, La porte du paradis de Michael Cimino, La pianiste de Michael Haneke, 8 femmes de François Ozon, Elle de Paul Verhoeven, etc.
Alain Delon, Vanessa Paradis, Benicio Del Toro...
Au festival, on aime les hommages. Qu’ils soient posthumes ou en présence des hommes et des femmes qui font le cinéma. La cérémonie d’ouverture déroulait le tapis rouge à Costa-Gavras, réalisateur essentiel (Z, L'aveu) et président de la Cinémathèque française. La cérémonie de clôture, dimanche prochain, permettra en revanche aux quelque 5.000 spectateurs de la Halle Tony-Garnier de dire adieu à Alain Delon, avec la projection d’un film majeur, Plein soleil, en présence de son fils Anthony.
Pratique. Le 16e festival Lumière a lieu du 12 au 20 octobre dans différents lieux du Grand Lyon. Billetterie et programme complet sur www.festival-lumiere.org
La liste des invités de l’édition 2024 promet de jolis moments de communion avec les festivaliers : Vanessa Paradis, Xavier Dolan (pour les dix ans de Mommy), Benicio Del Toro, Giuseppe Tornatore (réalisateur du mémorable Cinema Paradiso), Justine Triet (Palme d’or, entre autres, pour Anatomie d’une chute), Claude Lelouch, Alfonso Cuarón (dont la série Disclaimer sera projetée en avant-première et en intégralité), Alexandre Aja (réalisateur du récent Mother land avec Halle Berry, qui viendra présenter la Nuit de l’horreur du 19 octobre à la Halle Tony-Garnier)…
Les évadés, Les sept samouraïs, Seven, entre autres
Au gré des quatre cents et quelques séances prévues dans toute la métropole de Lyon, le festival va également mettre à l’honneur le Japonais Toshiro Mifune, acteur fétiche d’Akira Kurosawa (Les sept samouraïs notamment), et Fred Zinnemann, réalisateur hollywoodien à qui l’on doit Tant qu’il y aura des hommes et Le train sifflera trois fois. On marquera les 30 ans de La reine Margot, on découvrira la réalisatrice mexicaine Matilde Landeta.
Durant une semaine, les genres se mélangent, le noir et blanc prend autant de place que la couleur, l’œuvre confidentielle côtoie le film culte et intergénérationnel. Exigeant et populaire à la fois. Les 12 travaux d’Astérix, Pépé le Moko, Les évadés, Seven, Le Dictateur, OSS 117 : Rio ne répond plus, Gilda, Drive, Un tramway nommé désir et tant d’autres partageront le catalogue avec des raretés restaurées mais aussi plusieurs avant-premières, tradition qui permet d’unir depuis quinze ans le passé, le présent et le futur du cinéma mondial.
Thierry Senzier