Jean-Pierre Péricaud, président du groupe automobile Péricaud à Limoges : "Je me sens bien quand je suis utile"

Il y a 34 ans, Jean-Pierre Péricaud devenait concessionnaire automobile avec l’ouverture de Volvo Limoges en zone sud. Il est aujourd’hui à la tête d’un groupe qui emploie 285 personnes et qui détient 16 contrats de concessions en Haute-Vienne, Corrèze, Puy-de-Dôme, Dordogne, Charente, dans la Vienne et les Deux-Sèvres. Chiffre d’affaires 2023  : 147 millions d’euros.

Des grands-parents comme modèle

Ce jour de juin pluvieux, le président exécutif annonce de nouvelles opportunités de développement pour son groupe. Dans son bureau, entre la concession Audi et la concession Volkswagen, rue Édouard-Goursat au Village automobile en zone nord de Limoges, il accepte de fendre l’armure. Pour comprendre l’homme qui se cache derrière le costume et les apparences, il faut retrouver ses racines.

Elles se trouvent à Ambazac, en Haute-Vienne. Avec son frère Pascal, il a été élevé dans une famille de « commerçants de campagne ». « J’étais très admiratif de mes grands-pères, confie-t-il. L’un était agent Citroën à Rilhac-Rancon, l’autre marchand de vin à Ambazac. Ils m’ont appris le sens des valeurs. »

La route aurait pu sembler toute tracée pour le petit-fils qui va cependant mettre du temps à trouver sa voie. Il commence par « une erreur d’aiguillage ». Un baccalauréat de technicien construction mécanique passé au lycée Turgot, à Limoges, où il s’est terriblement ennuyé.

Une soif d’apprendre

Il enchaîne ensuite les petits boulots jusqu’à une rencontre qui va changer sa vie. « J’étais en perdition à l’époque, c’était compliqué…, se souvient-il. À la Chambre de commerce, une dame, que je n’ai jamais retrouvée, m’a aidé à préparer le dossier pour passer le concours d’une école. C’est comme ça que j’ai pu intégrer, à 22 ans, l’École supérieure du commerce et des réseaux automobiles, l’ESCRA, au Mans (Sarthe). C’est là, que j’ai éprouvé le besoin d’apprendre des choses qui m’intéressaient, susceptibles de donner une orientation à mon futur. »

Une soif d’apprendre qui ne va plus jamais vraiment s’arrêter. Jean-Pierre Péricaud collectionne les diplômes comme un sportif les trophées. Côté professionnel, à la sortie de l’ESCRA, il ne se précipite pas chez les constructeurs automobiles comme tous ses camarades de promo. Il préfère s’ancrer en Limousin. Il devient responsable administratif à la direction régionale de l’Union des brasseries, route de Nexon, à Limoges.

En 1981, alors qu’il s’apprête à quitter la France pour l’Afrique pour un nouveau poste, il est victime d’un grave accident de la route. Il est immobilisé plusieurs mois et voit sa mission s’envoler.

Le jeune homme rebondit et accepte un poste de responsable administratif et comptable à la Socomec, à La Souterraine (Creuse). Mais il a besoin d’autre chose. Il cherche. Il expérimente. Contacté par un de ses camarades de promotion, c’est chez Volvo France qu’il va se révéler.

Paris ? Pas question !

Il commence comme conseiller de gestion réseau et deviendra directeur régional tout en poursuivant ses études en suivant les cours de l’Institut français de gestion, puis de l’Institut national de marketing.

Un jour, ses patrons l’appellent pour qu’il prenne un poste à Paris. Il refuse avec aplomb. La vie parisienne, ce n’est pas pour lui. Il refuse, laissant ses interlocuteurs cois. « Je leur ai dit : “prêtez-moi de l’argent, je vais devenir concessionnaire?!”, se souvient-il. C’est comme ça que mon employeur est devenu mon concédant. Je leur en serai toujours reconnaissant. En 1989, c’était assez rare?! C’est comme ça, qu’en 1990, j’ai pu ouvrir la concession Volvo qui a été construite sur un terrain vague à côté de Citroën en zone sud de Limoges, première pierre à l’édifice grâce à la bienveillance de la ville de Limoges. »

En 1993, son frère Pascal le rejoint pour l’épauler dans le développement de l’entreprise familiale. Il est toujours son associé et directeur général du groupe.Quand il regarde en arrière, quel bilan dresse-t-il ? « J’ai pris mon pied, confie-t-il. Je suis un bâtisseur, il fallait que je bouge comme ça… »

Jean-Pierre Péricaud pourrait aujourd’hui lever le pied, et prendre une retraite bien méritée. Mais c’est mal le connaître. Il n’est heureux que dans son entreprise, au contact de ses équipes. Il y a peu de place pour le reste, sauf pour ses petits-enfants, « la prunelle de ses yeux », même s’il regrette de ne pas leur consacrer plus de temps.

Addict d’infos

Si, pour l’information. « Je suis addict, reconnait-il. J’aime beaucoup les débats et tout ce qui se passe sur la planète me concerne. Je lis la presse professionnelle et Le Populaire du Centre tous les matins en me levant. Je veux savoir tout ce qui se passe localement aussi ! »

Il aime bien le sport aussi. La réussite du Limoges Handball l’impressionne. Il voue aussi une grande admiration à Nicolas Lang, l’arrière du Limoges CSP. « C’est un monsieur qui a un chemin de vie incroyable, une autodiscipline de fer, m’a-t-on dit… Il force le respect. »

À défaut de retraite, Jean-Pierre Péricaud pourrait prendre des vacances. « Je ne pars que rarement… sauf cette année, je suis parti à Rome en juillet, une ville que j’adore. Mais sinon, je m’ennuie vite de mon entreprise. C’est mon destin de bosser et on n’essaye pas de me contrarier… » 

Nombreux mandatsJean-Pierre Péricaud a été juge consulaire puis Président de Chambre au Tribunal de commerce de Limoges de novembre 2001 jusqu’en 2015. Il a aussi été administrateur de la médecine du travail et vice-président jusqu’en 2002. Il a par ailleurs été élu à la Chambre de commerce et d'industrie avec Pierre Massy en qualité de président de la commission finances. Il en est, depuis le premier janvier 2024, le trésorier. Pourquoi toutes ses missions ? « Dans mon esprit, c'est très simple, confie-t-il. Pour rendre un peu à la société ce qu’elle a bien voulu me laisser prendre. Je me sens bien quand je suis utile. »

Anne-Sophie Pédegertanne-sophie.pedegert@centrefrance.com