Art funéraire : décryptez les messages et symboles gravés dans la pierre
« Au Moyen-Âge, les cimetières, qui se trouvaient à proximité directe des églises, étaient de véritables lieux de vie. On aimait dire qu’on y faisait “commerce de toutes choses”. Des marchés y étaient organisés, on y jouait le théâtre des mystères, des spectacles… C’était aussi un lieu de prostitution. »
Aurore Jarry, guide conférencière du Pays d’art et d’histoire du Smat du Haut-Allier, rendrait quiconque taphophile (*). Déambuler avec elle dans les allées d’un cimetière, c’est plonger dans l’histoire des lieux. Apprendre à regarder chaque sépulture. À lire les messages que révèle l’art funéraire. À comprendre ce qu’ils disent des morts, des vivants et des liens qui les unissaient.
Des pensées hygiénistes« En 1231, le concile de Rouen puis en 1275 celui de Lyon interdisent de danser dans les cimetières et d’y faire commerce de choses vénales. En 1776, les sépultures dans l’église sont interdites. »
Car commencent alors à poindre des problèmes de salubrité et d’hygiène publiques. Des épidémies se développent dans les cimetières. Le décret impérial promulgué le 12 juin 1804 (23 prairial an XII) par Napoléon Bonaparte, qui s’inspire des pensées hygiénistes de l’époque, redéfinit complètement l’organisation des sépultures. Les cimetières doivent désormais se trouver « hors des villes ou bourgs, sur les terrains les plus élevés et exposés au nord ».
Styles néogothique, néoclassique, éclectique...Au fil des années, et même des siècles, le cimetière de la rue des Fonts Neuves a bien évolué. Il s’est agrandi. Les caveaux ont suivi les époques et les modes (de styles néogothique, néoclassique ou parfois éclectique.) Le marbre a remplacé la pierre de Volvic. Mais par leur taille, leurs matériaux ou encore le choix des ornements, ils en disent parfois beaucoup sur ceux qu’ils abritent.
(*) Qui présente un attrait pour les tombes et les cimetières.
au fil des allées du cimetière de Brioude
Les angesC’est un motif très fréquent dans la symbolique funéraire. Nombreuses et variées sont les représentations des anges sur les tombes. « Il est considéré comme le messager, c’est celui qui accompagne l’âme du défunt vers le ciel », précise Aurore Jarry. L'étoileL’étoile, également souvent présente, « éclaire le défunt dans la nuit donc dans la mort » alors que les torchères, sortes de flambeaux inversés, « sont le symbole de l’âme qui va s’éteindre… »Le sablierLes plus observateurs pourront noter la présence, notamment sur les grilles entourant certaines sépultures, de sabliers symbolisant le temps qui passe et la fugacité de l’existence humaine. Entouré d’ailes, il accompagne l’âme qui va partir...Les couronnes Ornement très employé dans l’art funéraire, la couronne, forme sans début ni fin, évoque l’éternité mais aussi l’honneur, la pureté et l’immortalité. Elle est souvent recouverte de fleurs. Et pas n’importe lesquelles.Les fleursChacune a une signification bien précise : le pavot représente le sommeil éternel, le laurier et le chêne sont symboles de gloire, le lierre représente l’attachement au-delà de la mort, l’immortelle est signe d’immortalité, la pensée traduit le souvenir, la pensée affectueuse. La rose, très présente, est symbole de sagesse et d’amour.Les pleureusesElles aussi sont nombreuses, reconnaissables à leur visage grave sur lequel, parfois, coulent des larmes. « La pleureuse symbolise la tristesse, le chagrin inconsolable. C’est l’allégorie de l’affliction. »Mathilde Fontès