Après sa louve géante, le Bourbonnais Thomas Monin continue à interpeller sur le sort des loups
Depuis le début de l’été, Olympia, la louve fantôme de l’artiste Thomas Monin veille sur le pont Régemortes.Si bien que cette sculpture XXL posée sur le toit sur le toit de la Maison de la Rivière Allier, semble désormais indissociable de l’édifice.Cette installation, qui a pour nom “Ami. e, entends-tu ?”, est prolongée jusqu’au printemps 2025. La grande louve assise de 4,5 mètres de hauteur, continuera donc pendant tout l’hiver à veiller sur cette entrée de la ville.
Sur le toit de la Maison de la rivière AllierOn peut découvrir l’esprit du projet sur le toit de la Maison de la rivière Allier : l’installation invoque des références historiques, symboliques et culturelles et interroge les rapports intimes que nous entretenons avec le monde vivant et les animaux, problématique indissociable du travail de l’artiste, qui a inventé un art animal monumental.
Point de départ du projet, la concomitance, en 2024, de l’anniversaire de la Libération de Moulins et de la commémoration des 40 ans de la disparition de Simone Léveillé, résistante moulinoise.
La louve va rester installée jusqu'au printemps 2025. Photo Corentin GaraultUne sculpture blanche, le jour. Le spectacle prend tout son sens de nuit, ce fantôme de louve est en effet luminescent, grâce aux tubes de silicone.Thomas Monin, fasciné par les loups, travaille sur son nouveau projet, intitulé Les revenants. Il crée des dizaines de sculptures de loups fantômes à taille réelle, en position assise, regardant droit devant eux. Tous sont faits de tiges métalliques soudées entre elles et couvertes d’une peinture phosphorescente bleue : l’artiste expérimente une nouvelle technique qui permettra à ses créations d’apparaître luminescentes à la nuit tombée, comme des apparitions fantomatiques. « Il s’agit de faire revenir les individus tués en France ces dernières années », explique Thomas Monin.
Les loups sont un des sujets de prédilection de Thomas Monin.
Nouveau projet et exposition à LyonThomas Monin, lors de l'inauguration de son installation à Moulins, le 3 juillet 2024. Photo Corentin Garault
Cette œuvre évoque « l’aberration que constitue l’abattage systématique des individus de cette espèce protégée, pourtant garante de la bonne santé écologique de certains territoires », estime l’artiste.
Réfléchir sur nos liens avec la nature« On a vu comment la réintroduction du loup dans le parc de Yellowstone aux États-Unis a pu réguler les populations surnuméraires de wapitis, ces grands cervidés et contribuer au rétablissement de la flore et de la faune… Multiple symbole oscillant dans toutes les cultures du monde entre valorisations positives et négatives, le « loup-garou » ou le « grand méchant loup » cristallise encore nos excès d’émotion, à l’instar du fantôme, entre peur et fascination. Nous qui avons artificialisé le monde, nous nous demandons à présent où est passée la clé des champs. Elle est là, à quelques encablures à peine, dans la coexistence pacifique avec le monde sauvage ».
Et de poursuivre :
Il s’agit ici de se demander si nous souhaitons vivre avec la nature, ou contre elle. Les Revenants se veulent comme une union étroite entre ce que nous sommes et ce dont nous sommes et invitent à l’exploration des rapports intimes que nous entretenons avec la matière vivante
La sculpture lumineuse d'une louve est installée sur la Maison de la rivière Allier à Moulins. Photo Corentin Garault.Ces premiers Revenants seront montrés lors de l’exposition “Eau’spitalité” organisée dans le cadre de la programmation “off” de la Biennale d’art contemporain de Lyon du 16 novembre au 22 décembre. L’exposition se tiendra sur la barge “Le Maquis” au 46, quai Rambaud, dans le 2e arrondissement. Les Revenants seront visibles du quai, installés sur le toit de la barge, où l’artiste avait déjà exposé sa baleine fantôme Aurora en 2022, lors de la Fête des Lumières.
La louve, avant la nuit... Photo Corentin Garault
Ariane Bouhours