Jérôme Fourquet, témoin des Trophées des entreprises de l'Allier : "Le travail a perdu de sa centralité"
Jérôme Fourquet était le grand témoin de la 6e édition des Trophées des entreprises de l’Allier, ce jeudi soir. Le directeur du département "Opinion et stratégies d’entreprises" de l’institut de sondages Ifop a évoqué deux grands enjeux du moment, dont la "démoyennisation" de la société : "Les Trente Glorieuses était une période de moyennisation, selon le sociologue Henri Mendras, avec la diffusion d’un niveau de vie moyen dans l’ensemble de la population. La démoyennisation est apparue depuis les années 80. La société rassemble de plus en plus à un millefeuille, avec une classe moyenne mise sous tension. Ce qui est préoccupant, c’est ce qui est arrivé dans le bas de la classe moyenne".
Une offre à deux vitessesEn matière de consommation, "on a vu arriver une offre à deux vitesses, avec l’apparition des enseignes de hard discount, et l’arrivée de la marque Dacia en France en 2005, qui n’a cessé de se développer. Aujourd’hui c’est la troisième marque la plus vendue auprès des particuliers".
Pour l'observateur, "C’est l’illustration d’un marché secondaire, un cran en dessous du marché traditionnel. On peut aussi citer la marque Action, aujourd’hui première enseigne préférée des Français. Il y a également le développement des encours de crédits à la consommation, et de “la France du Bon coin”. La crise des gilets jaunes avait pour point de départ cette démoyennisation, des Français qui travaillent, mais n’ont pas les moyens de se payer certains produits ".
Perte de centralité du travailIl a aussi évoqué la perte de centralité du travail.
Le travail a perdu de sa centralité depuis quarante ans. Aujourd’hui, on n’a plus que 24 % de Français qui nous disent que le travail est important dans leur vie. Cela s’explique d’abord par le fait qu’on y passe moins de temps. En passant la durée légale à 35 heures par semaine en 2000, cela fait six semaines en moins sur une année.
Deuxième explication, "la vie des entreprises a changé. L’omniprésence des process, des impératifs financiers ont entraîné une perte de sens chez les travailleurs. Seuls 44 % des Français ont le sentiment d’être reconnus pour leur travail, une proportion inférieure aux autres pays. Cette perte de centralité s’observait déjà, mais a été accentuée par la crise Covid".
Ariane Bouhours