La ville de Montluçon met la main à la poche pour combler le déficit du centre de santé de Bien-Assis
Le titre est explicite. Le 11 décembre 2023, le Quotidien du médecin publie un article intitulé : « Les centres de santé en déficit structurel : l’étude qui révèle pourquoi leur modèle économique est intenable ». On y apprend, entre autres, que trois quarts des centres qui ont été analysés lors d’une enquête réalisée par le cabinet de conseil ACE santé présentent un déséquilibre d’exploitation. À Montluçon, le centre de santé de Bien-Assis géré par la Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) ne fait pas exception.
En 2023, la structure a enregistré un déficit de 78.400 euros. Une tendance qui s’est confirmée cette année. À la fin août, les pertes étaient évaluées à 106.805 euros. Hier soir, devant les élus du conseil municipal, Anne-Cécile Benoit-Gola, adjointe au maire chargée de la santé, a justifié en partie ce déficit par l’absence prolongée de médecins pour raison de santé. Ce qui a privé le centre de rentrées financières.
La santé, enjeu primordialDe son côté, Frédéric Laporte a mis en avant les contraintes imposées par l’Agence régionale de santé. « Un centre comme celui de Bien-Assis n’a pas le droit de fonctionner avec un système de prise de rendez-vous en ligne comme Doctolib. Il faut donc du personnel présent physiquement notamment des secrétaires. Et forcément, cela a un coût », explique le maire (LR) de Montluçon.
Mettre la main au pot pour rétablir les comptes de la structure, l’opposition n’y voit aucun inconvénient car « la santé de nos concitoyens qui n’ont plus de médecin traitant est primordiale », estime Juliette Werth (DVG) tout en regrettant le montant du salaire d’un des professionnels. « Il y a un médecin qui est un peu mieux payé que les autres », reconnaît Frédéric Laporte, « mais il a accepté de revoir son mode de fonctionnement pour augmenter le nombre de ses consultations ». Le maire de Montluçon espère aussi l’arrivée de nouveaux médecins afin d’augmenter le nombre de patients accueillis. Nombre estimé, à l’heure actuelle, à un peu plus de 2.400.
La défaillance de l'Etat« Des médecins, on en attend depuis dix ans. Et quand ils viennent, ils ne font que passer », déplore alors Juliette Werth. Un échange qui illustre la difficulté pour une ville comme Montluçon de trouver des professionnels de santé et ainsi lutter contre le désert médical qui gagne, chaque année, du terrain. Une situation que déplore Joseph Roudillon (DVD) qui s’est fait hier soir l’interprète du docteur et élu d’opposition François Brochet, absent. « Au vu des comptes qui nous sont présentés, il y a de quoi être inquiet pour l’avenir mais qu’il n’y ait pas d’équivoque. Il est clair que nous allons voter des deux mains cette délibération. »
Avant de tailler des croupières aux services de l’État : « On ne peut que constater qu’une fois encore, c’est notre collectivité qui pallie le manque de médecins dont elle n’est absolument pas responsable et sur lequel elle n’a aucun levier ». Et l’avocat de citer Jérôme Fourquet, sondeur et essayiste, « qui dans son dernier ouvrage intitulé Métamorphoses françaises rappelle que dans la forme de délitement de nos sociétés le rôle des collectivités locales et en particulier les communes est essentiel ».
Une fois le déficit du centre de santé de Bien-Assis comblé, les responsables de la structure espèrent vivre une année 2025 moins compliquée sur le plan financier. Une assistante médicale dont le poste est entièrement financé par la CPAM pour une durée de trois ans vient d’être recrutée. Ils comptent aussi sur le passage du prix de la consultation de 26,50 euros à 30 euros à partir du 22 décembre pour renflouer les caisses.
Martial Delecluse