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Ноябрь
2024

"Pour eux, ça se termine souvent entre quatre murs ou quatre planches" : les jobbeurs, acteurs et esclaves du narcotrafic

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On les appelle les « jobbeurs », terme dérivé de “job” (emploi en anglais). Ce sont les nouvelles petites mains du trafic de drogue, des jeunes – parfois des ados – recrutés sur les réseaux sociaux par des patrons en quête d’une main-d’œuvre extérieure malléable et discrète.

Comme souvent en matière de stupéfiants, Marseille a été à l’avant-garde du mouvement. Vincent Clergerie, en poste jusqu’à fin août au tribunal judiciaire de la cité phocéenne, où il a notamment présidé les audiences de comparutions immédiates, dit avoir observé « les premiers effets tangibles en 2019-2020 ».

« À l’origine, explique-t-il, c’était pour pallier une pénurie de recrutements locaux. Ça a commencé par des affichettes distribuées ou collées sur les abribus. Puis les annonces ont investi les réseaux sociaux, afin de toucher plus directement et de façon moins visible le public cible, constitué surtout de très jeunes majeurs, voire de mineurs. »

Charbonneurs et choufs

Les offres fleurissent sur Snapchat, Telegram et TikTok. « Cherche gérant sérieux, motivé et ambitieux, payé 400 »?; « cherche djobeur : 250/300 € temps plein, nourri logé. » « Les salaires sont très variables d’un point de deal à l’autre, mais en général, ça tourne autour de 300 € pour les vendeurs (ou charbonneurs) et 100-150 € pour les guetteurs (ou choufs) », précise Vincent Clergerie.

Aimantés par cette promesse d’argent facile et l’aura de la place marseillaise, les candidats affluent depuis les départements voisins, et même de bien plus loin : Ile-de-France, Toulouse, Lille, Bretagne… Toute une chaîne logistique se met en place pour récupérer les recrues dès leur arrivée, le plus souvent à la gare Saint-Charles, puis les conduire à l’hôtel ou l’appartement Airbnb où ils seront hébergés – « ce qui permet accessoirement aux réseaux de mettre la main sur leurs effets personnels » –, et enfin les déposer sur leur lieu de travail. 

« Plusieurs enquêtes ont permis de révéler l’existence de rabatteurs, opérant depuis la région parisienne, payés pour démarcher et proposer du boulot à Marseille aux personnes intéressées », éclaire le magistrat.

Photo Marion Boisjot

Une fois lancée, la pratique a vite essaimé. « Aujourd’hui, à partir du moment où vous avez des points de deal installés dans une ville, vous trouvez des jobbeurs », confirme Thierry Leclerc, chef par intérim de la division de la criminalité territoriale (DCT) de Clermont-Ferrand. La capitale auvergnate n’échappe donc pas à la règle. Les policiers y sont régulièrement confrontés à des choufs et des charbonneurs originaires des Yvelines, de Saint-Étienne ou… Marseille.

Si l’organisation périphérique n’y atteint pas le niveau de sophistication des cartels phocéens, le volet logement n’est pas négligé pour autant. « On a nous aussi constaté que des appartements relais, utilisés pour la confection des produits stupéfiants, pouvaient servir de lieux d’hébergement », indique le commandant Leclerc.

Dans l’immense majorité des cas, ces intermittents du trafic sont âgés entre 15 et 25 ans. La plupart sont déjà connus pour des affaires similaires et profitent d’une opportunité loin de chez eux, où ils peuvent être visés par des interdictions de paraître prononcées par la justice, pour « se mettre au vert ».

Autre cas de figure : des postulants qui n’ont jamais trempé dans le milieu et sont prêts à parcourir des centaines de kilomètres pour – espèrent-ils – gagner quelques milliers d’euros sans trop d’efforts. « Ces profils-là sont les plus troublants », affirme Vincent Clergerie, qui se souvient avoir vu passer à la barre « un homme originaire de la Loire, sans casier judiciaire, qui avait perdu son travail dans l’industrie et s’était décidé à “jobber” à Marseille pour payer son crédit auto ».

"Dissocier la base des étages supérieurs"

Depuis quelques mois, de plus en plus de migrants viendraient aussi grossir les rangs. « Ces clandestins n’ont rien à perdre et sont à l’affût du moindre moyen de subsistance. Ils servent “tâcherons” à la journée », explique encore Vincent Clergerie.

Les besoins sur le terrain sont tels que le spectre ne cesse de s’agrandir. Dernière illustration : à Marseille, commencent à émerger sur les points de deal de personnes vulnérables, sous tutelle ou curatelle, et des ressortissants de pays voisins. L’externalisation du trafic ne connaît pas de frontière, morale ou physique…

Pour les têtes de réseaux et leurs lieutenants, chargés de la gestion des affaires et des ressources humaines au quotidien, ce vivier inépuisable offre des avantages en cascade. Les renforts extérieurs, au départ inconnus des forces de l’ordre locales, empilent les heures sans rechigner – 10, 12 consécutives, parfois plus. Surtout, ils ignorent tout de l’organisation pour laquelle ils travaillent.

« Ils répondent à une annonce sur Internet, s’installent où on leur a dit de s’installer et se font remettre quelques billets à la fin de la journée. Ils ne savent pas qui recrute, qui gère. Si bien que lorsqu’on les interpelle, ils n’ont aucune info à livrer, personne à dénoncer. Le fait de dissocier la base des étages supérieurs génère un anonymat qui permet, par ricochet, une forme d’impunité », décrypte le commandant Thierry Leclerc.

Pphoto Stéphanie Para

Les jobbeurs compliquent donc la vie des enquêteurs, tout en facilitant celle des narcotrafiquants. « Quand le fils de votre voisin se fait embarquer au poste parce qu’il travaille pour vous, ça râle forcément, pointe Vincent Clergerie. À l’inverse, personne ne se soucie vraiment du sort de ces visages sortis de nulle part, qui n’ont aucune attache locale. Leur présence fait baisser la pression sociale dans le quartier. »

Tout, dans ce schéma, alimente un rapport de force évidemment défavorable aux petites mains. Les policiers ne comptent plus les cas de jobbeurs exploités, frappés, volés par leurs donneurs d’ordres. Ces derniers n’hésitent pas à leur imputer des dettes fictives – coup classique : un soi-disant trou de 500 ou 1.000 € dans la caisse du jour, à rembourser en travaillant gratuitement – ou à composer le 17 pour les “balancer”.

Considérant que ces intermittents sont à la fois acteurs et victimes des réseaux, le procureur de Marseille a d’ailleurs demandé que des enquêtes pour « traite d’êtres humains » soient ouvertes dans les dossiers les concernant.  « C’est une forme d’esclavagisme moderne », abonde Thierry Leclerc.

Abattu quatre heures après son arrivée

Les jobbeurs sont également en première ligne de l’escalade de la violence. Parfois, ce sont eux qui tiennent l’arme – comme à Poitiers, où l’auteur des tirs ayant tué un ado de 15 ans le 31 octobre serait un jeune extérieur à la ville, débarqué quelques semaines plus tôt pour participer au business local?; mais dans la plupart des cas, ils sont de l’autre côté des balles. « Dans la guerre des clans, la plupart des morts se trouvent en bas du spectre. Ce sont ceux-là qui trinquent, pendant que leurs chefs boivent des cocktails en Thaïlande », grince Vincent Clergerie.

Exemple, parmi tant d’autres : en novembre 2023, un Savoyard de 16 ans a été fauché par une rafale de kalachnikov sur un point de deal marseillais, à peine quatre heures après avoir posé le pied sur le quai de la gare Saint-Charles. La chair fraîche est aussi de la chair à canon. « Pour les jobbeurs, conclut le magistrat, ça se termine souvent mal. Soit entre quatre murs, soit entre quatre planches. »

Stéphane Barnoin




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