"On se passe le relais avec mon mari", le quotidien des accueillants familiaux en Corrèze
C'est dans la cour arborée de leur maison à Albussac qu’Olivier et Fabienne Labarrière nous reçoivent. Ce couple originaire du nord de la France s’est installé en Corrèze il y a trois ans, quittant amis et repères, pour se proposer comme accueillants familiaux pour seniors. Ancienne employée dans la grande distribution, Fabienne a obtenu deux agréments en janvier 2022 lui autorisant à accueillir, de façon permanente, des seniors à son domicile. Une aventure débutée avec le soutien de ses enfants et de son mari, Olivier, grand gaillard souriant et énergique, qui travaille comme menuisier plaquiste.
Projet de longue dateL’idée d’accueillir des seniors chez eux avait germé bien avant l’installation en Corrèze. « J’ai accompagné ma maman jusqu’au bout », confie Fabienne. Un déclencheur pour cette mère de famille, maman d’une fille en situation de handicap, pour laquelle elle a dû batailler.
Delphine dispose d'une chambre de 16 mètres carré, qu'elle a pu décorer.
Le soin des autres, Fabienne et Olivier semblent l’avoir transmis à leurs enfants : « Ma fille a fait un CAP petite enfance. Un jour, après un stage en Ehpad, elle m’a dit “Maman il faut faire quelque chose”. » Encore résident du nord de la France, et candidat à un appel à projet départemental, le couple espérait céer une résidence senior, en retapant un corps de ferme. Le compromis de vente était signé, mais leur candidature n’a pas été retenue. Pour la nordiste issue d’une fratrie de douze enfants qui a « toujours aimé qu’il y ait du monde à la maison », hors de question de renoncer au projet.
Leur nouvelle maison, accessible PMR, coche les cases pour l’agrément d’accueil. Le couple bâtit une extension afin d’ajouter une chambre dans laquelle loge actuellement Delphine, 66 ans. La sexagénaire vit chez Fabienne et Olivier depuis le départ en retraite de sa précédente famille d’accueil, en mai dernier. Elle est la cinquième personne accueillie par le couple. Une activité « pas connue du tout », d’après Olivier qui estime ne « rien inventer » : « Je ne me suis jamais posé une seule question, c’est vraiment l’esprit de famille. »
Seconde famillePartage des repas, vie quotidienne, l’ancienne salariée de l’ESAT de Tulle est pleinement intégrée au foyer des Labarièrre : « Mes enfants font des jeux avec Delphine, des balades, ils sont avec nous à 100 % », se réjouit Fabienne, « Et il y a les animaux », relève Delphine, ravie de leur présence. Si l’intégration de seniors à leur famille est une évidence pour Fabienne et Olivier, l’investissement personnel est conséquent : « On se passe le relais avec mon mari. »
Les repas sont partagés dans le cadre de l'accueil permanent.
Un soutien crucial, notamment lorsque l’état de santé des accueillis se dégrade. Après deux années d’hébergement, le couple a préféré mettre un terme au contrat qui les liait à Arlette, atteinte d’alzheimer. « Elle ne voulait plus sortir. Il faut faire avec l’évolution de la maladie et savoir arrêter. » Parfois, la décision peut également venir de l’accueilli. Fabienne et Olivier se souviennent de Jean-Marie, qui a préféré partir en Ehpad après quelques mois passés à Albussac. Si l’accueil à domicile lui avait permis de maintenir une certaine autonomie, malgré sa prothèse, « Il voulait un environnement plus médicalisé », précise le couple. De ces fins d’accompagnement, Fabienne et Olivier retiennent la reconnaissance des familles qui leur ont confié un proche.
Le couple espère désormais obtenir un agrément pour proposer un accueil de jour. Olivier cessera son activité dans le bâtiment : « L’objectif c’est de s’investir pleinement?! »
Photos Agnès Gaudin