Pour l'élu LFI Thomas Portes, observateur de l'élection américaine à New York, "aucune victoire ne se fait sans des tonnes d'argent"

« On peut être invité par certains pays ou États et d’autres acceptent la présence d’observateurs, détaille-t-il, ce mercredi, par WhatsApp. Aux États-Unis, les états républicains ne veulent pas, par exemple. Mais New York est un état démocrate et j’ai pu assister aux opérations de vote dans le Bronx, Manhattan et aussi dans des villes à une heure de route de New York. »

Un pays « vraiment fracturé »

Dès son arrivée, une semaine avant le vote, le parlementaire insoumis a été frappé par « l’ambiance pesante » dans un pays « vraiment fracturé, où les gens ne se parlent plus ». Cela ne s’est pas franchement apaisé avec les résultats, dans un état où Kamala Harris, malgré une faible participation, l’a largement emporté. « Tout le monde se retrouve avec la gueule de bois ici, insiste-t-il. Avec certains sondages, on a pu penser que Kamala Harris, avec le vote des femmes, avait le vent en poupe et qu’elle allait finalement finir par gagner. Il y avait aussi une forme d’auto-persuasion, peut-être. Mais ça a été une douche froide. »

 

— Thomas Portes (@Portes_Thomas) November 6, 2024

 

Si « Kamala Harris a traîné le bilan de Joe Biden », souligne Thomas Portes, « sa campagne désastreuse, sans programme économique clair et faite uniquement de slogans » n’a, selon lui, pas aidé. « Quand on ne propose pas un programme de rupture, qui change la vie des gens, sur le logement, les salaires, le pouvoir d’achat, on ne peut pas mobiliser l’électorat de gauche. »

« Des sommes ubuesques »

Mais plus qu’une leçon de stratégie politique, ce que retient Thomas Portes, c’est le poids de l’argent dans la campagne. « Les sommes sont ubuesques : 15 milliards de dollars ont été investis dans la seule présidentielle, écrit l’insoumis sur son blog. Manifestement ici, aucune victoire ne se fait sans des tonnes d’argent : le sénateur Ben Gardin nous précise que dans la course sénatoriale qui se joue en parallèle, chacun des candidats investit jusqu’à 100 millions de dollars. »

« Certains spécialistes nous ont dit que la démocratie américaine ne survivrait pas à ça, conclut-il. Cela entraîne une campagne axée sur les slogans et les pubs télés pour critiquer ou insulter le camp adverse. C’est une vision très différente de la démocratie. »

Sébastien Dubois