Élections américaines, politique française, avenir de la sociale démocratie : François Hollande balaye l'actu
De passage à Clermont-Ferrand pour dédicacer son dernier livre, François Hollande est toujours disponible pour évoquer l’actualité. Il semblait naturel de commencer par questionner le « Président normal » sur l’élection d’un président à la limite du paranormal aux États-Unis.
L'élection de Donald TrumpQuel regard portez-vous sur l’élection de Donald Trump ?
Je l’ai connu quelques semaines au pouvoir. Ce qu’il proclame, il le fait. Il va essayer de créer une relation avec les autres pays mais cela ne changera pas ses intentions. Dès le mois de janvier, des décisions seront prises. D’autant qu’il vient désormais avec des équipes qui lui sont totalement dévouées. Avec un esprit de revanche à l’intérieur de son pays et par rapport à ce qu’il n’a pas pu réaliser lors de son premier mandat. Notamment concernant les droits de douane avec la Chine et l’Europe.
Je n’ai pas de doute sur les objectifs de Trump. Il est possible qu’il négocie directement avec Poutine. À nous, Européens, de l’en dissuader.
Mais l’Europe en a-t-elle les moyens ?
C’est compliqué, en effet, car l’Europe est elle-même divisée sur le cas Trump. Une partie des états, comme la Hongrie, la Slovaquie, l’Autriche ou l’Italie, sont dans un rapport de proximité avec les idées et la personne de Donald Trump. La France et l’Allemagne doivent donc avoir un rôle déterminant. Hélas, en Allemagne, le gouvernement est en train de s’effondrer et, en France, il est dans une certaine précarité. Pourtant il faudra agir car les impacts en matière de commerce ou de défense seront immenses.
La politique françaisePour gagner une élection, désormais, les politiques sont-ils condamnés à l’outrance, à l’excès ?
Certains peuvent en tirer cette conclusion. L’extrême droite peut se dire que la recherche d’une banalisation peut ne plus être forcément le vecteur gagnant. Et plutôt miser sur la bataille des réseaux sociaux que sur les médias traditionnels, les réseaux politiques habituels ou même les militants. Et, comme Donald Trump, préférer l’hystérisation des réseaux sociaux plutôt que de mener une campagne sur le terrain.
Francois Hollande Dedicace Livre, Librairie des Volcans, Clermont le 07/11/2024 Photo Richard Brunel
Du côté de la gauche radicale, on entend aussi que pour être entendu il faut de la rupture. Si on va sur ce terrain-là, ce n’est jamais la gauche progressiste, réformiste et républicaine, qui l’emporte. Il faut faire un travail qui n’est pas de diaboliser les électeurs, erreur commise aux États-Unis. Il faut montrer qu’il y a un espoir, des propositions, pour répondre à l’angoisse qui est le moteur des votes à l’extrême.
L'avenir de la sociale démocratieJustement, vous participez ce week-end, à Lyon, à un colloque sur l’avenir de la sociale démocratie en vue d’une candidature autonome du PS en 2027. C’est dans cette optique ?
Il n’y a pas de politique sans pensée. Pas de candidat sans programme.
Les populistes peuvent se permettre de ne pas avoir de doctrine. Leurs slogans suffisent. La gauche a besoin de travailler. Plus que les autres.
Il y a beaucoup de ces réunions, autour de Carole Delgas, de Raphaël Glucksmann, de Bernard Cazeneuve ou de Karim Bouamrane. Elles ont toutes leur sens et la même direction.
Cette direction, c’est François Hollande ?
Ce n’est jamais bon de parler des personnes en premier. D’abord je suis pour le respect des échéances électorales. Les municipales approchent. Je peux annoncer que je ne serai pas à nouveau candidat à la mairie de Tulle. Ensuite viendront les présidentielles. Il nous reste un peu de temps. Certains ont déjà leur candidat. Nous, restons sur les idées. C’est pas mal.
Fabrice Mina