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Ноябрь
2024

"Je veux juste que ça s’arrête" : à Clermont-Ferrand, le cauchemar de la quête d'un titre de séjour

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Entre les murs de son appartement, Karim Barry tourne en rond, ressasse, actualise ses mails. Et tente de résoudre un problème insoluble : percer le mystère de sa situation administrative. Une gageure. "Je suis épuisé moralement", pose-t-il d’une voix calme, celle qui n’a plus la force de hausser le ton. À quoi bon, Karim Barry attend, mais il ne sait même plus vraiment quoi, qui ou quand.

Dans un café du centre-ville de Clermont-Ferrand, il prend le temps, dossier sous le bras, de dérouler ce récit qu’il s’évertue à faire connaître. Il l’a résumé ainsi : un "parcours du combattant en France, entre travail, administration et exclusion".

Le cercle vicieux des récépissés

Le jeune homme né en Guinée est arrivé en France fin 2015, mineur, pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE), à Marseille. Sa trajectoire est exemplaire, du CAP au Bac pro vente, il poursuit avec une alternance chez Enedis dans les Bouches-du-Rhône. Près de six années dans une cité phocéenne sans obstacle administratif, les titres de séjour arrivent à point, les études suivent.

L’arrivée dans le Puy-de-Dôme, fin 2021, pour poursuivre ses études, charrie ses déconvenues. Karim Barry n’a pas seulement quitté la vue sur mer, il a aussi vu son horizon s’obscurcir, impuissant. "Mes démarches sont devenues un cauchemar", dit-il.

Ce mauvais rêve porte un nom : récépissé, ce document censé prouver l’enregistrement d’une demande de titre de séjour à la préfecture. "Je suis entré dans un cycle interminable de renouvellements de récépissés de séjour, relate-t-il. La préfecture de Clermont-Ferrand, malgré une demande en ligne en septembre 2022, m’a fait parvenir un mail deux mois plus tard me demandant de soumettre ma demande sous format papier. Depuis, je suis bloqué dans ce cercle vicieux de renouvellements de récépissés d’une durée de trois à six mois, sans réelle avancée."

Un parcours d'étudiant studieux et appliqué

Étudiant studieux et ordonné, il a suivi avec méthode ses cours, jusqu’aux diplômes. Aucun ne lui a enseigné comment glisser des ronds dans des carrés. Alors il cherche inlassablement. Après une série de récépissés, le dernier a expiré le 4 septembre, une semaine après la fin de son alternance. "Depuis, je n’ai plus de nouvelles, je suis en situation irrégulière", se désole-t-il.

Comme des dizaines d’étudiants, parents, salariés, Karim Barry se heurte à un mur de silence. "Il n’y a pas d’interlocuteur à la préfecture, pas d’échange, appuie-t-il. Depuis des mois, il est impossible de prendre rendez-vous en ligne et à l’entrée, on vous dit qu’il faut se connecter pour avoir une rencontre physique."

Lenteurs, retards et désarroi

Pour tenter de se défaire de cette nasse, le jeune diplômé sans revenu s’est rapproché d’un cabinet d’avocats pour tirer au clair cette affaire. "Un récépissé, ça prend cinq minutes à faire, se désole son conseil, Me Bastien Demars. Il y a de vrais dysfonctionnements et ici plus qu’ailleurs. C’est de notoriété publique concernant la préfecture du Puy-de-Dôme. Le fait qu’il y ait du retard n’est pas gênant en soi. Le vrai problème est que des personnes ont droit à des documents provisoires qui permettent de prouver la régularité de leur séjour et de travailler, mais ils n’ont pas ces documents."

Le Réseau éducation sans frontières (RESF 63) a été sollicité depuis la rentrée par des hommes et des femmes en situation régulière confrontés à des pertes d’emploi après que la préfecture n’a pas délivré à temps leur titre de séjour. "C’est devenu exponentiel, constate RESF. Administrativement, ça dysfonctionne dans le service, on parle de 4.000 dossiers en attente. C’est interminable."

Les avocats spécialistes en droit des étrangers n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer une situation qui n’a de cesse d’empirer ces dernières années. À la source, entre les murs de la préfecture, des piles de dossiers s’accumulent au service de l’immigration et de l’intégration où les demandes ou renouvellement de titres de séjour doivent en théorie être traités sous quatre mois. Ces lenteurs piègent des personnes dans l’incapacité de travailler sans titre de séjour ou récépissé.

Faute de papiers, des emplois lui échappent

C’est la position intenable dans laquelle Karim Barry se trouve. Une impasse depuis cet été qui le pousse à la dérive. Il voit des propositions de boulot lui échapper, faute de clarté dans sa situation administrative. Le garçon montre deux textos : d’abord un accord d’un employeur, prêt à l’embaucher. Puis un refus, désolé. "Je comprends, merci", répond-il. Il bout, mais tient bon.

Un silence. Cet enfant de l’ASE, parti adolescent de son pays, sans famille, a tiré une conclusion de ce parcours que Kafka ne renierait pas.

"Je crois que cette ville ne veut plus d’étrangers, il faut que je la quitte, Clermont ne veut pas de moi."

Contactée, la préfecture indique dans un mail que le nombre de dossiers reçus par les services de l’État dans le Puy-de-Dôme est en augmentation. "Les erreurs et confusions dans la constitution des dossiers par les usagers (doublons, demandes mal orientées) restent fréquentes. Des dispositions organisationnelles ont été prises afin de délivrer des récépissés (...) avec des dates de validité qui doivent permettre d’assurer la continuité des droits des usagers."

Contraint de revendre ses meubles et quitter la ville

Début octobre, Karim Barry se préparait à quitter son appartement, ses rentrées d’argent ont été stoppées par la fin de son contrat de travail, le 28 août. L’angoisse est devenue une visiteuse régulière de sa solitude. "La journée, j’enchaîne les démarches, je suis cloué à la maison. Je n’ai pas fait bac + 5 pour vivre des aides. J’ai fait des études pour me prendre en charge. Mais, je m’épuise à réfléchir. J’ai travaillé sept ans, payé mes loyers et du jour au lendemain, tout s’arrête. J’ai fait tout ce qu’il fallait, montré ma volonté, mais les portes sont fermées."Karim Barry dans le bureau de son avocat Me Demars.

Pour étoffer son dossier, il a dû recontacter ceux qui l’ont croisé pour obtenir des témoignages de son intégration, "une humiliation de plus". Qu’importe, les murs qui l’entourent sont sans issue, au point qu’il se dit résigné. "Qu’ils me donnent au moins une réponse, prie-t-il. Que l’issue soit favorable ou non, je veux juste que ça s’arrête."

Karim Barry quittera son logement à la fin de l’année et pour financer son quotidien, il vend ses meubles. Des amis l’hébergeront, loin d’ici. Un mois plus tôt, dans un sourire désabusé, il avait résumé son cas. "Ma situation, si tu ne l’as pas vécue, tu ne peux pas y croire." 

Malik KebourPhotos Franck Boileau




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