Les agriculteurs mobilisés contre les "entraves", débat sur le Mercosur à l'Assemblée
Dans un climat tendu à quelques semaines de leurs élections professionnelles, les syndicats sont repartis sur le terrain à la mi-novembre en ordre dispersé.
Moins d'un an après une mobilisation historique et après un été difficile marqué par de mauvaises récoltes et des maladies animales, les agriculteurs estiment n'avoir pas obtenu suffisamment d'avancées concrètes.
Après des actions symboliques - feux de la colère, rassemblements - revendiquées dans 85 départements la semaine dernière, l'alliance majoritaire FNSEA-JA prévoit d'occuper le terrain jusqu'à jeudi soir.
Contre "la concurrence déloyale", les manifestants défendront notamment le retour de l'acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, réclamé par les producteurs de noisettes et de betteraves à sucre. Nocif pour les pollinisateurs, il est interdit en France mais utilisé dans d'autres pays de l'Union européenne.
De son côté, la Coordination rurale, 2e syndicat agricole, prévoit "d'amplifier" sa mobilisation au-delà du Sud-Ouest où se sont jusqu'ici concentrées ses actions - barrages filtrants dans le Sud-Ouest, blocage du port de Bordeaux, saccage d'un bureau de l'OFB dans la Creuse.
Mardi, le syndicat prévoit notamment un rassemblement devant le Parlement européen. Un cortège de 25 tracteurs a quitté Vesoul (Haute-Saône) lundi peu après 18H00 pour rejoindre Strasbourg, a constaté un correspondant de l'AFP.
Vers un vote unanime ?
Opposée depuis des décennies au libre-échange, la Confédération paysanne, 3e syndicat représentatif, continue ses mobilisations contre le Mercosur, avec une action en Dordogne dans la journée.
Les syndicats incitent leurs sections locales à l'autonomie dans une atmosphère électrique de surenchère pré-électorale, comme en témoignage la perturbation d'un déplacement d'Arnaud Rousseau vendredi à Agen par des militants de la CR du Lot-et-Garonne.
Dès lundi, des militants du syndicat majoritaire FNSEA ont bâti un mur devant la préfecture des Ardennes, pour "représenter la distance qui sépare le paysan et l'administration".
De son côté, la Coordination rurale a déversé pneus et fumier devant la préfecture du Pas-de-Calais, déplorant que l'Etat ne propose qu'une chose: "des prêts pour rembourser des prêts" au lieu de protéger le revenu des agriculteurs.
La ministre de l'Agriculture Annie Genevard a promis lundi sur France Inter que les agriculteurs verraient "très, très vite" des choses concrètes et assuré que la France progressait dans la construction d'une minorité de blocage à l'accord UE-Mercosur: après l'Italie, la Pologne a exprimé son rejet vendredi.
Mardi après-midi, la ministre de l'Agriculture portera avec son homologue déléguée au Commerce extérieur, Sophie Primas, la parole du gouvernement à l'Assemblée nationale où se tiendra un débat puis un vote sur ce traité.
Le gouvernement espère un vote unanime qui donnerait du poids à la position française face à la Commission européenne, seule habilitée à négocier pour les 27 ce traité de libre-échange.
Mais rien n'est gagné d'avance.
Si le député Dominique Potier (PS) espère une certaine unité contre l'accord, il précise que le vote du groupe socialiste dépendra de la déclaration du gouvernement: "nous jugerons en l'état."
Pour Arnaud Le Gall qui présentera la position de la France insoumise, seule une proposition du gouvernement qui "mettrait fin aux négociations" obtiendrait cependant un vote favorable de LFI. S'opposer à l'accord "en l'état" ne suffira pas.
Du côté du Rassemblement national, la députée Hélène Laporte s'est étonnée d'un nouveau vote, rappelant que l'Assemblée s'était déjà prononcée contre en juin 2023 avec l'adoption d'une résolution. "Nous allons rester linéaires, nous sommes contre cet accord", a-t-elle déclaré à l'AFP.