Mandat d'arrêt contre Netanyahou : les décisions de la CPI ne sont pas «à la carte», souligne Borrell
Ce 26 novembre, Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, a réaffirmé auprès de la presse que les États membres de l’UE étaient tenus de se conformer aux mandats d’arrêt délivrés le 21 novembre par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et de son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.
Ceux-ci sont poursuivis par la CPI en tant que coauteurs de «crimes de guerre pour l’utilisation de la famine comme méthode de combat, et coauteurs de crimes contre l’humanité pour meurtres, persécutions et d’autres actes inhumains».
«Vous ne pouvez pas applaudir lorsque la cour agit contre Poutine et rester silencieux lorsqu’elle agit contre Netanyahou», à déclaré Borrell à l’issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 en Italie, insistant sur le fait que «ce n'est pas quelque chose que l'on peut choisir à la carte». «C'est l'exemple typique des doubles standards pour lesquels nous sommes tant critiqués» a-t-il ajouté. «Si les Européens ne soutiennent pas la CPI, il n'y aura aucun espoir pour la justice» a-t-il par ailleurs averti.
Le diplomate européen a souligné que tous les membres de l’UE avaient ratifié le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI, et qu’ils étaient par conséquent dans l’obligation légale de coopérer avec cette cour. «Ce n’est pas une question d’opinion ou de préférence politique. C’est une exigence juridique, et la non-exécution du mandat pourrait entraîner des accusations de non-respect du droit international», a-t-il insisté.
Les Occidentaux divisés sur le cas Netanyahou
Cette déclaration intervient alors que le mandat d’arrêt émis à l'encontre du Premier ministre israélien suscite des réactions divergentes au sein des pays européens. Si plusieurs États, dont les Pays-Bas et la Suède, ont exprimé leur soutien à la CPI, d’autres, comme la Hongrie, s’y opposent fermement.
Le 22 novembre, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a invité Benjamin Netanyahou à se rendre dans son pays, lui assurant «que le jugement de la CPI n'aura pas d'effet».
Du côté de ceux qui ont déclaré qu'ils suivraient la cour, les réactions ont été pour le moins mitigées. En Allemagne, la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a indiqué que Berlin «examinait» sa réponse à la décision de la CPI. Son homologue autrichien, bien qu'admettant que son pays serait contraint d'exécuter les mandats émis par la CPI, a qualifié les mandats d'arrêt de «ridicules».
«La France appliquera toujours le droit international» s'est borné à répondre le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot lors d'une interview le 24 novembre sur une chaîne publique, bottant en touche alors qu'il était interrogé sur le fait de savoir si Netanyahou serait arrêté s'il venait à poser le pied en France.
Plus affirmé, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, a affirmé que les Pays-Bas «donneraient suite aux mandats d'arrêt», tandis que David Lammy, ministre britannique des Affaires étrangères, a rappelé le 25 novembre que «le Royaume-Uni est signataire du Statut de Rome et attaché au respect du droit international».
La décision de la CPI a également provoqué de vives réactions à l’extérieur de l’Europe. Un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche a déclaré que Washington «rejette catégoriquement» la décision de la CPI. Auprès d'une agence de presse française, ce porte-parole avait mis en avant « les erreurs troublantes dans le processus qui a mené à cette décision». En Israël Le président Isaac Herzog a dénoncé une décision qu’il qualifie de « scandaleuse ».