Joe Biden revient sur sa parole et gracie son fils Hunter avant de quitter la Maison-Blanche
Le président américain Joe Biden profite de ses dernières semaines à la Maison-Blanche. L’octogénaire est finalement revenu sur sa parole en graciant dimanche 1er décembre son fils Hunter, qui attendait de connaître sa peine dans des affaires de détention illégale d’arme à feu et de fraude fiscale. "Aucune personne raisonnable qui examine les faits dans les affaires concernant Hunter ne peut aboutir à une autre conclusion que celle-ci : Hunter a été pointé du doigt uniquement parce qu’il s’agit de mon fils - et cela ne va pas", a affirmé le démocrate de 82 ans dans un communiqué, décrivant "une erreur judiciaire".
Le fils cadet de Joe Biden a aussi été reconnu coupable cette année d’avoir menti sur son addiction aux drogues lors de l’achat d’une arme - un délit dans l’Etat du Delaware, fief des Biden. Cet ex-avocat et homme d’affaires, aujourd’hui reconverti dans la peinture, attendait encore de savoir de quelle peine il écoperait dans chacun de ces dossiers. "J’ai dit que je n’interférerai pas avec les prises de décision du ministère de la Justice et j’ai tenu parole même quand j’ai vu mon fils être poursuivi de manière sélective et injuste", a défendu Joe Biden dans son communiqué. "Je crois dans le système judiciaire mais […] je crois aussi (qu’une forme) grossière de la politique a infecté ce processus et (que) cela a conduit à une erreur judiciaire."
Le dirigeant américain avait pourtant assuré à plusieurs reprises qu’il n’accorderait pas la grâce présidentielle à son fils. Encore en septembre, la Maison-Blanche l’avait réaffirmé. "Une remarquable volte-face", constate donc le Wall Street Journal. Cette décision ne manquera pas de susciter de nouvelles interrogations sur l’indépendance du système judiciaire américain, en particulier à l’heure où le président élu Donald Trump a décidé de nommer de fidèles soutiens à la tête du FBI et du ministère de la Justice. Dans le même temps, les affaires pénales contre le futur président américain sont au point mort depuis que la Cour suprême a rendu un arrêt historique sur l’immunité présidentielle, garantissant probablement au rival républicain de Joe Biden de ne jamais purger de peine d’emprisonnement, même après sa condamnation pour falsification de documents comptables en mai dernier.
La grâce présidentielle, un levier souvent utilisé
Les présidents américains ont déjà eu recours à la grâce pour venir en aide à des membres de leur famille ou des alliés politiques. Bill Clinton a gracié son demi-frère condamné pour possession de cocaïne et Donald Trump a gracié le père de son gendre condamné pour fraude fiscale, bien que dans les deux cas ces hommes aient déjà purgé leur peine de prison. Donald Trump a promis de gracier toutes les personnes condamnées pour avoir envahi le Capitole le 6 janvier 2021, dans une tentative d’empêcher le Congrès de certifier la victoire de son adversaire Joe Biden. Le républicain y a fait référence dans un message publié sur son réseau Truth Social dimanche soir, en écrivant : "La grâce accordée par Joe à Hunter inclut-elle les otages (du 6 Janvier), qui sont emprisonnés depuis des années ? Quel abus et quelle erreur judiciaire !"
L’annonce de gracier son fils est survenue au moment où Donald Trump avait indiqué que son deuxième mandat "serait axé sur les représailles et la vengeance contre Joe Biden – avec Hunter Biden comme cible principale", rappelle le quotidien américain du New York Times. De son côté, le principal intéressé avait plaidé coupable lors d’un procès pour fraude fiscale en septembre, affaire dans laquelle il risquait jusqu’à 17 ans de prison. Pour l’usage d’armes à feu, il encourait 25 ans d’emprisonnement. Dans une déclaration aux médias américains, Hunter Biden a affirmé qu’il allait "consacrer la vie (qu’il a) reconstruite à aider ceux qui sont encore malades et qui souffrent".
Ses avocats ont soutenu que c’était uniquement parce qu’il était le fils du président qu’il avait été traduit en justice. Hunter Biden a payé des arriérés d’impôts, ainsi que des pénalités imposées par les autorités, et avait déjà conclu un accord qui lui aurait permis d’éviter la prison, mais cet accord a été rompu à la dernière minute. Son cas a longtemps été une épine dans le pied de la famille Biden, en particulier au cours de cette année électorale où les Républicains ont accusé le fils cadet du président américain de bénéficier d’un excès d’indulgence.