Syrie : Bachar el-Assad dénonce une tentative de "redessiner la carte" de la région
Le président syrien Bachar el-Assad a affirmé, lundi 2 décembre, que l’offensive des rebelles dans le nord de la Syrie visait à "redessiner la carte" du Moyen-Orient, selon un communiqué de la présidence. Dans un entretien téléphonique avec son homologue iranien, Massoud Pezeshkian, Bachar el-Assad a déclaré que "l’escalade terroriste" visait à "tenter de morceler la région, d’effriter ses Etats et de redessiner la carte de la région conformément aux intérêts et aux objectifs de l’Amérique et de l’Occident".
Des avions syriens et russes ont bombardé lundi des secteurs rebelles du nord-ouest de la Syrie, tuant 11 civils dont des enfants, après la perte de la ville d’Alep par le régime lors d’une offensive menée par les insurgés, a indiqué une ONG. C’est la première fois depuis le début de la guerre en Syrie en 2011 que le pouvoir, un allié de l’Iran et de la Russie, perd totalement le contrôle de la ville septentrionale, un revers cinglant infligé par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et des factions rebelles syriennes alliées dont certaines sont appuyées par la Turquie.
La Turquie réfute toute "ingérence étrangère"
Cette coalition de combattants antigouvernementaux, présente en force dans la province d’Idleb (nord-ouest), a lancé une offensive fulgurante le 27 novembre, prenant des dizaines de localités et s’emparant de la ville septentrionale d’Alep à l’exception des quartiers nord habités par des Kurdes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Le président syrien Bachar el-Assad a cherché à obtenir le soutien de ses alliés face à cet assaut fulgurant qui a fait plus de 457 morts, en majorité des combattants mais incluant aussi plus de 72 civils, selon l’Observatoire, une ONG disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie. La Russie, qui dispose de plusieurs bases en Syrie, a dit vouloir aider Bachar el-Assad et ses forces à "repousser" les rebelles dans les provinces d’Idleb, de Hama, plus au sud, et d’Alep, alors que l’Iran a réitéré son soutien "ferme" au régime Assad.
De son côté, la Turquie, soutien de factions rebelles en Syrie, a réfuté lundi toute "ingérence étrangère" dans l’offensive lancée mercredi par une coalition dirigée par des islamistes dans le nord du pays. "Ce serait une erreur, à ce stade, d’essayer d’expliquer les événements en Syrie par une quelconque ingérence étrangère", a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, dans une conférence de presse à Ankara avec son homologue iranien, Abbas Araghchi.
Selon Hakan Fidan, l'"absence de dialogue entre le régime et l’opposition a amené le problème jusqu’à ce point". "Les développements récents montrent une fois de plus que Damas doit parvenir à un compromis avec son propre peuple et l’opposition légitime", a ajouté Hasan Fidan. "Nous ne voulons pas que la guerre civile s’intensifie davantage", a dit encore le chef de la diplomatie turque, qui avait déjà affirmé dimanche 1er décembre qu’Ankara soutenait les efforts visant à "réduire la tension" en Syrie lors d’un entretien téléphonique avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.
C’est dans ce contexte que le président français Emmanuel Macron s’est envolé lundi pour une visite d’Etat de trois jours en Arabie saoudite destinée à intensifier les liens avec ce puissant acteur du Moyen-Orient et à "œuvrer ensemble" à la stabilisation régionale. Alors qu’une nouvelle crise politique semble se nouer à Paris, où le gouvernement, en place depuis à peine plus de deux mois, pourrait être renversé dans les prochains jours au Parlement, le chef de l’Etat est attendu à Ryad. Il aura dans la foulée un premier entretien en tête-à-tête suivi d’un dîner avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume.