La France connait une «montée lente de la pauvreté», selon l’Observatoire des inégalités
Plus de cinq millions de personnes vivent en France avec moins de 1 000 euros par mois, d'après l’Observatoire des inégalités. Celui-ci dresse, dans son quatrième rapport sur la pauvreté publié le 3 décembre, un état des lieux de la précarité dans l'Hexagone et s’inquiète d’une «montée lente de la pauvreté» dans le pays.
L'Observatoire des inégalités a publié son quatrième Rapport sur la pauvreté en France
— Observatoire des inégalités (@Obs_ineg) December 4, 2024
"Une montée lente de la pauvreté" écrit @lemondefrhttps://t.co/sgllKAZLtW
L’association pointe du doigt le rôle de l’État dans le développement de la pauvreté, estimant que «face à la pauvreté, la puissance publique ne tient pas ses promesses».
Le nombre de pauvres en progression constante
Le rapport de l’Observatoire fait valoir une progression de 1,4 million de pauvres de plus en 20 ans, ce qui porte leur nombre total en France à 5,1 millions de personnes, «ceci alors que le chômage diminue depuis dix ans». Une chômage toutefois abaissé, souligne l'association, «à coup de flexibilité, de précarité et d’emplois sous-payés».
L’association envisage ici le nombre de personne placées sous le seuil de pauvreté en France. Ce seuil de pauvreté est fixé en France par l’Institut national de la statistique et des études économiques, l’Insee, à «un revenu disponible de 1 216 euros par mois» pour une personne vivant seule, soit 60% du niveau de vie médian de la population. Ce niveau est rehaussé à 2 554 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans.
Le rapport pointe du doigt le phénomène migratoire au cœur de cet appauvrissement du pays évoquant notamment «le durcissement des politiques migratoires» qui limiterait l’accès au travail des étrangers. Selon l’Observatoire, «la République française engorge ainsi les centres d’hébergement et laisse à la rue des milliers de personnes dont de nombreux enfants».
Assurer 1 000 euros par mois à chacun
L’Observatoire des inégalités préconise «en urgence» de «parer aux situations les plus dramatiques» en remettant «à plat le système des minima sociaux pour que chacun ait au moins de quoi vivre dignement, notamment les jeunes» et suggère, comme depuis plusieurs années, «d’assurer au minimum un revenu équivalent au seuil de pauvreté, soit 1 000 euros mensuels pour une personne seule».
Une mesure que l'association chiffre à 10 milliards d'euros par an, soit «moitié moins que le manque à gagner pour les finances publiques dû à la suppression de la taxe d’habitation».
La publication de ce rapport est survenue à la veille du vote à l'Assemblée nationale d'une motion de censure qui a renversé le gouvernement Barnier. D’ordinaire très commentée à gauche de l’échiquier politique tricolore, la parution de ce rapport annuel ne l’a pas été cette fois-ci.