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Comment l’assassin de Samuel Paty s’est jeté dans les bras des islamistes syriens de HTC

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Les initiales reviennent en boucle dans le dossier judiciaire examiné dans le cadre du procès Paty : "HTS". HTS, pour l’acronyme anglais de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), l’organisation qui a conduit au renversement du régime de Bachar el-Assad en Syrie. Le chef de ce groupe, Mohammed al-Joulani, a pris la direction de la coalition rebelle entrée dans Damas dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 décembre. L’organisation formée il y a sept ans en Syrie est bien connue de certains aspirants djihadistes français : Abdoullakh Anzorov, tueur de Samuel Paty, était en lien avec au moins un de ses membres. Mais pas seulement. C’était aussi le cas de deux de ses amis, Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar.

"Il n’y a pas de doute que ce qui se passe à Idlib est le vrai djihad où Allah choisit parmi ses serviteurs les Shuhada [NDLR : les brigades des martyrs de l’islam], et le meilleur groupe actuel à rejoindre, c’est HTC", leur a-t-il écrit au détour d’une conversation sur Snapchat. Gamaev et Ingar comparaissent actuellement pour association de malfaiteurs terroriste devant la cour d’assises spéciale de Paris.

Comment démarre-t-on un engrenage ? Dans l’enchaînement funeste des événements ayant conduit à l’assassinat de Samuel Paty, une date retient l’attention. Le 13 septembre 2020, un mois et trois jours avant l’événement, l’un des membres de l’organisation HTC est soupçonné d’avoir publié une vidéo réagissant à la republication de caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo. Faruq Shami ("Faruq le Syrien"), né au Tadjikistan, exhorte les "frères qui se trouvent en Europe, surtout ceux qui se trouvent en France", à mener des actes de violence dans un délai d’un mois. Il demande également à Ramzan Kadyrov, chef de l’Etat tchétchène, "d’envoyer des frères en France". Il n’est pas certain qu’Abdoullakh Anzorov ait vu cette vidéo en particulier. Mais le tueur avait pris connaissance des canaux d’informations Telegram animés par le Tadjik. Et il prendra les instructions de Faruq Shami au pied de la lettre un peu plus d’un mois plus tard, décapitant le professeur d’histoire-géographie. Les deux hommes sont d’ailleurs en contact le jour même. "J’ai décapité le prof là je vais faire le djihad en France", déclare Abdoullakh Anzorov par message vocal. Il lui envoie une photo. "Allah Akbar", répond Faruq Shami depuis la région d’Idlib, berceau de l’organisation HTC.

"Une bonne foi"

Quelques jours avant la mise en oeuvre de son acte terroriste, le jeune homme vante par écrit les mérites du groupe auprès de deux amis. Ismaël Gamaev, Louqmane Ingar et Abdoullakh Anzorov se sont rencontrés sur Internet. Ils partagent une conversation sur un groupe Snapchat créé par Louqman Ingar à la fin du mois d’août 2020. Sur cette discussion, sobrement intitulée "Etudiant en médecine", les jeunes hommes échangent notamment sur "la religion musulmane et le conflit syrien". Ils finissent par discuter du djihad "auquel ils souhaitaient tous prendre part", indiquent les enquêteurs dans la déclaration de référé d’intention. Très vite, plusieurs organisations terroristes sont évoquées : HTC d’abord - notamment à travers une vidéo de présentation envoyée par Ingar - mais aussi le groupe d’Omar Diaby en Syrie, affilié à Al-Qaeda, ainsi que l’Emirat islamique du Caucase, lié au groupe Etat islamique. Le tout, indique le parquet national terroriste dans son ordonnance de mise en accusation "en vue de la conception, de la préparation et de la mise à exécution de projets tels qu’un départ sur une zone occupée […] voire un suicide en martyr au préjudice de "mécréants"". Interrogés par les enquêteurs, Ingar et Gamaev ont tous les deux affirmé être contre Daech et ne pas être partisans du terrorisme.

Les deux jeunes hommes portaient néanmoins un intérêt marqué pour le sujet, au point d’être à l’initiative de contacts avec des membres de HTC. Echangeant de manière soutenue avec Abdoullakh Anzorov, Ismaël Gamaev a même "partagé avec lui un projet de départ en Syrie pour lequel ils étaient en lien avec un membre du groupe HTC". Ce djihadiste a pour compte Instagram "12.7x108" et se présentait sur les réseaux sociaux sous le surnom de "sniper". Son but : renseigner sur les différents passages et moyens de rejoindre la Syrie. Lors des interrogatoires, Gamaev a déclaré aux enquêteurs avoir mis en contact Anzorov avec lui. "Ce n’est que sur les conseils de contacts établis sur zone leur signifiant l’impossibilité de passer la frontière turco-syrienne" que les deux hommes ont renoncé à leur projet, affirme le cabinet du juge d’instruction chargé de l’affaire, en octobre 2021.

Comme Anzorov, Gamaev échange avec Faruq Shami à partir de septembre 2020. Il lui demande conseil, tente de savoir ce qu’il est nécessaire de faire pour rejoindre son organisation. Avoir "une bonne foi", lui répond Shami. Une zone d’ombre figure toutefois dans le dossier judiciaire concernant les échanges entre les jeunes hommes et les membres de l’organisation djihadiste. Si, d’après son témoignage, Ismaël Gamaev a échangé avec deux personnes différentes, les "investigations et les informations issues de la coopération internationale" semblent indiquer que le compte "12.7x108" a également été utilisé par Faruq Shami en septembre 2020.

Renseignements sur "la zone irako-syrienne"

Louqmane Ingar a également été en contact avec un membre de HTC. Entre avril et septembre 2020, l’étudiant infirmier avait ainsi échangé sur Telegram avec un combattant nommé Zoubair. "Je n’ai jamais voulu prendre une arme et combattre, mais avant je considérais que le fait d’aider humanitairement, c’était un djihad, a-t-il affirmé aux enquêteurs. C’était ma façon de penser." Les réquisitions du parquet national antiterroriste sur une demande de remise en liberté d’Ingar en 2021 indiquent que l’ancien étudiant "avait eu un contact avec un membre du HTC, lequel le renseignait sur la situation géopolitique de la zone irako-syrienne". Comme Gamaev et Anzorov, ces informations ne l’ont pas incité à partir : devant les enquêteurs, le jeune homme a expliqué avoir pensé un temps partir en Afghanistan "si la situation redevenait stable", car il estimait "impossible" de se rendre en Syrie.

Nourrissant le projet de se rendre en Syrie, en Afghanistan, ou, dans le cas de Gamaev, dans l’Emirat du Caucase, les trois jeunes hommes semblent avoir passé les semaines précédant l’assassinat à échanger vidéos de propagande et réflexions sur le djihad sur leur groupe Snapchat. Gamaev se montre particulièrement virulent : le 3 octobre 2020, il écrit que "la vie d’ici-bas est la prison du croyant et le paradis du mécréant". Quatre jours plus tard, il reprend : "Il est mieux de vivre en grandeur seulement un jour qu’un siècle en humiliation". Ce message est associé à une photographie "représentant un soldat de dos légendée par une phrase en tchétchène signifiant prendre les armes et faire la guerre à l’oppresseur". L’oppresseur… russe : devant les enquêteurs, Gamaev a expliqué avoir parlé de la guerre en Tchétchénie et pensé "aux gens qui se faisaient persécuter" plus qu’à la situation syrienne.

La cause tchétchène

C’est ici que les racines nord-caucasiennes d’Anzorov et de ses camarades entrent en jeu. Tous trois s’intéressent au djihad d’abord dans le cadre du conflit passé dans leur région d’origine. En se radicalisant, Anzorov garde cette guerre à l’esprit et entre en contact avec des combattants russophones partis s’entraîner en Syrie. Ingar présente une trajectoire similaire. Interrogé sur ses liens avec "un certain Zoubair", il explique avoir commencé à s’intéresser à l’organisation après la signature d’un accord "avec les Turcs". "Je me demandais qui ils étaient et d’où ils venaient", a-t-il signalé aux enquêteurs, assurant avoir trouvé son contact avec Zoubair "par hasard", à l’occasion d’une publication sur Facebook : "Je lui posais des questions, je m’intéressais à la situation. Mais quand je discutais avec lui, l’ennemi c’était Bachar et les Russes". Plutôt que l’internationalisation de la charia, l’ami d’Anzorov plaide son intérêt nationaliste pour la terre familiale. A l’époque, plusieurs Nord-Caucasiens ont déjà rejoint les rangs d’HTC. La barrière de la langue n’existe pas : les Français originaires du Nord-Caucase peuvent échanger avec des membres de l’organisation nés au même endroit, ou issus d’Asie centrale.

"Il n’est pas anodin que Faruq Shami soit tadjik. Il parle russe : dès 1944, Staline a déporté plus de 500 000 personnes du Nord-Caucase vers l’Asie centrale, créant une importante communauté russophone dans la région", note Anne-Clémentine Larroque, historienne, spécialiste de l’islamisme, qui a versé des rapports au dossier judiciaire dans le cadre de son travail au parquet général antiterroriste jusqu’en 2023. Partageant la langue, les individus ont en commun un même traumatisme historique. Face aux enquêteurs, Gamaev et Ingar mettent en avant leur volonté de combattre pour la libération de la Tchétchénie, qui, depuis les années 2000, implique des combattants djihadistes. "L’idéologie salafo-djihadiste s’est mêlée à la résistance contre la Russie", nous expliquait Anne-Clémentine Larroque dans un précédent entretien réalisé dans L’Express.

Même langue et radicalités similaires : Shami et le "sniper" ont des arguments pour piquer l’intérêt d’Anzorov et de ses amis en ligne. Aujourd’hui, Gamaev comme Ingar réfutent toutefois avoir compris les projets violents de leur ami. De leur côté, Vincent Brenghart, Ouadie Elhamamouchi et Colomba Grossi, avocats du militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, pointent dans un communiqué daté du 9 décembre une zone d’ombre du procès : l’absence de Faruq Chami, contre lequel "la juge d’instruction n’a diligenté aucune investigation visant à apprécier la responsabilité dans l’attentat".




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