Fausses accusations contre Garrido et Corbière: l'ex-président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde mis en examen
M. Lagarde, ancien maire de Drancy (Seine-Saint-Denis), a été mis en examen le 8 octobre pour "escroquerie en bande organisée et recel de biens provenant d'un vol", a précisé le parquet de Paris, confirmant des sources proches du dossier.
"Je ne comprends évidemment pas la mise en examen", mais "d'une certaine façon je m'en réjouis parce que ça m'a permis enfin d'avoir accès au dossier et de comprendre ce qu'il y avait là-dedans", a réagi auprès de l'AFP M. Lagarde, 57 ans.
"Avec @alexiscorbiere nous saluons l'avancée de la procédure, qui devra in fine punir cette manipulation immonde et cette grave atteinte à la démocratie", a posté Raquel Garrido sur X (ex-Twitter).
L'avocat du couple Me Xavier Sauvignet a qualifié la mise en examen de "parfaitement logique au regard des indices recueillis".
"Mes clients estiment indispensable, depuis le début de cette enquête, que les véritables responsables de cette tentative de manipulation du public en période électorale, qui constitue une grave atteinte au fonctionnement de la démocratie, soient poursuivis et jugés", a-t-il ajouté.
L'affaire avait démarré en juin 2022, juste après le second tour des élections législatives, avec la publication sur le site internet du Point d'un article du journaliste Aziz Zemouri accusant indûment le couple d'avoir exploité une femme de ménage sans papiers.
Raquel Garrido et Alexis Corbière avaient démenti ces accusations et porté plainte.
Fait rarissime, l'article avait été retiré du site dès le lendemain et Le Point avait admis qu'il s'était "révélé faux" et "mensonger". M. Zemouri avait également porté plainte.
Le parquet avait ouvert une enquête préliminaire en juin 2022 puis une information judiciaire.
"Nuire" à Raquel Garrido
Depuis septembre 2022, Rudy Succar, un ancien chauffeur de M. Lagarde, présenté comme "une sorte d'homme de main" par une source proche du dossier, est mis en examen dans cette affaire.
Il a reconnu devant les enquêteurs s'être fait passer pour la femme de ménage auprès du journaliste, assurant avoir "agi de sa propre initiative pour satisfaire son employeur" en "inventant cette histoire".
L'ancien chauffeur avait néanmoins relaté s'être "vu suggérer par l'ex-maire de Drancy de trouver une information susceptible de nuire" à Mme Garrido, qu'il affrontait dans la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis.
"L'auteur des faits à cinq reprises, cinq auditions successives, a dit, affirmé et réaffirmé qu'il avait fait ça de sa propre initiative, que je n'ai jamais rien demandé", a accusé Jean-Christophe Lagarde.
Pour son conseil Me Gérard Zbili, les investigations confirment que l'ancien maire "n'est ni le concepteur, ni l'initiateur d'un procédé grossier dont on a peine à imaginer qu'il a pu avoir un quelconque bénéfice sur l'élection en cours".
M. Lagarde avait été battu par Mme Garrido après quatre mandats à la tête de cette circonscription (2002-2022).
Un troisième protagoniste, un policier détaché à la mairie de Drancy, Anouar Bouhadjela, aussi appelé Noam Anouar, a lui aussi été mis en examen le 10 octobre.
Les trois hommes avaient été placés en garde à vue en septembre 2022.
Lors de sa garde à vue, M. Lagarde avait nié tout rôle dans cette affaire avant de reconnaître avoir été informé de cette histoire par M. Succar. Il avait ensuite transmis cette "bonne nouvelle" à M. Anouar.
C'est Noam Anouar qui a ensuite transmis le tuyau frelaté à Aziz Zemouri, et selon les déclarations de ce dernier aux enquêteurs, insisté pour que l'article soit publié avant la fin des législatives.
Ancien maire de Drancy (2001-2017), M. Lagarde a été condamné en décembre 2022 à deux ans d'inéligibilité pour avoir fourni un emploi fictif à sa belle-mère.
Il a démissionné de son mandat d'adjoint de Drancy (70.000 habitants), dirigée depuis 2017 par son épouse, Aude Lavail-Lagarde.
M. Lagarde avait quitté en octobre 2022 la présidence de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) qu'il occupait depuis 2014.
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