La Banque de France révise en baisse sa prévision de croissance 2025, le gouverneur redoute "les zizanies" politiques
La banque centrale prévoit désormais une croissance du PIB de 0,9% en 2025, contre 1,2% précédemment.
La prévision 2026 est revue en baisse également de 0,2 point par rapport aux projections de septembre, à 1,3%, qui est également sa prévision pour 2027. Elle attend toujours une croissance de 1,1% cette année.
Dans une interview au Figaro, le gouverneur François Villeroy de Galhau relativise l'abaissement de prévision pour l'an prochain, observant que la banque a aussi révisé à la baisse sa prévision pour la zone euro dans son ensemble.
Mais il reste très inquiet de la question des finances publiques, "qui doit transcender les divers intérêts partisans ou personnels".
"Si notre pays restait dans le déni budgétaire du fait des zizanies politiques, il risquerait l’enfoncement économique et européen progressif", met-il en garde.
La Banque de France prévoit un déficit public compris entre 5 et 5,5% du PIB l'an prochain, alors que le budget que le gouvernement Barnier n'a pu faire adopter en raison de la censure l'estimait à 5% du PIB, après 6,1% cette année.
A 5% ou un peu plus en 2025, "la France serait encore dans la zone de crédibilité", selon le gouverneur. Mais "vers les 6% (elle) serait dans la zone de fragilité, avec sanction européenne et risque de perte de confiance des investisseurs", prévient-il.
Les restrictions budgétaires sont souvent synonymes de moindre croissance. Mais dans le cas présent, un déficit public qui resterait très élevé "n'améliorerait pas la prévision de croissance, car moins de consolidation budgétaire générerait plus d'incertitude", affirme le gouverneur.
Remontée "modérée" du chômage
Ce serait en effet moins de confiance, donc moins d'investissements des entreprises ou de consommation des ménages. Le gouverneur rappelle que 86% de ces derniers sont inquiets du niveau de la dette publique.
Pour le budget 2025 que présentera le gouvernement Bayrou, M. Villeroy de Galhau continue de préconiser des économies de dépenses, mais juge que des hausses d'impôts "ciblées", n’affectant "ni les PME ni l'ensemble des classes moyennes", peuvent aussi être nécessaires pour "commencer le redressement".
Le scenario de référence de la Banque de France pour les années à venir est celui "d'une sortie de l'inflation sans récession", même si la reprise est décalée à 2026 et 2027.
Elle mise sur une inflation (exprimée en indice harmonisé permettant les comparaisons européennes) de 2,4% en moyenne annuelle cette année, puis de 1,6% en 2025, 1,7% en 2026 et 1,9% en 2027.
Pour M. Villeroy de Galhau, la victoire contre l'inflation "est proche et quasiment assurée".
Il estime qu'avec des salaires qui, en outre, croissent en moyenne plus vite que les prix, "la consommation devrait repartir", sous réserve, là encore, "que le taux d'épargne ne remonte pas faute de confiance". Il rappelle que la désinflation permet à la Banque centrale européenne de baisser ses taux d'intérêt. Cela permet à chacun, et notamment aux particuliers, d'emprunter moins cher.
La Banque de France prévoit néanmoins "une phase transitoire de ralentissement" du marché de l'emploi.
Le taux de chômage, descendu à 7,4% cette année, pourrait se situer "entre 7,5% et 8% en 2025-2026", explique le gouverneur, qualifiant néanmoins cette remontée de "modérée".
Mais la Banque de France note que ses projections de décembre sont soumises à des aléas, plutôt à la baisse. Elles ont en effet été arrêtées le 27 novembre, soit avant la censure du gouvernement Barnier survenue une semaine plus tard.
Enfin la Banque s'interroge sur l'effet, sans doute baissier mais d'une ampleur "difficile" à quantifier, qu'auraient des tensions commerciales accrues avec le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier.