La Syrie d'al-Chareh n’exercera plus d’«ingérence négative» au Liban
Lors de la première visite d'un dirigeant libanais en Syrie depuis le départ d'Assad, Ahmad al-Chareh, aussi connu sous son nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani, a promis que son pays n’exercerait plus une influence «négative» au Liban et respecterait la souveraineté du pays voisin.
Il recevait le 22 décembre au palais présidentiel une délégation conduite par le chef druze libanais Walid Joumblatt. La Syrie n’exercera plus «d’ingérence négative au Liban et respectera la souveraineté du Liban, son intégrité territoriale, son indépendance de décision et sa stabilité», a assuré Ahmad al-Chareh qui a pris le pouvoir il y a deux semaines après la chute du président Bachar el-Assad.
«Elle se tiendra à distance égale de tous» au Liban, a-t-il ajouté, affirmant que la Syrie était «source de peur et d’anxiété» au Liban. Le pays du Cèdre a été sous tutelle syrienne pendant près de 30 ans de 1976 à 2005. Après le retrait des forces syriennes au Liban, Damas a gardé une influence non négligeable dans les instances gouvernementales libanaises.
Nouvelle page avec le Hezbollah
Ce déplacement est la première visite d’un chef politique libanais depuis la chute du gouvernement de Bachar el-Assad. Le gouvernement syrien de l'époque d'Hafez el-Assad, père de Bachar el-Assad, avait été accusé d’avoir assassiné en 1977 le leader druze Kamal Joumblatt, le père de Walid Joumblatt. L’ancien chef du Parti socialiste progressiste – à la tête d’une importante délégation de députés de son bloc parlementaire et de dignitaires religieux druzes – s’est entretenu avec le nouvel homme fort de Syrie.
La réunion entre les deux hommes a porté, entre autres, sur le dossier des fermes de Chebaa, qui doit faire l’objet d’une délimitation claire des frontières terrestres. Interrogé lors d’un point presse sur ce territoire contesté et actuellement occupé par Israël, Ahmad el-Chareh a déclaré : «Il est encore trop tôt pour en parler, sachant que nous sommes dans une phase de transition».
À la question de savoir de quelle manière il comptait traiter avec les musulmans de confession chiite, en allusion au Hezbollah libanais qui a pris part aux combats aux côtés du gouvernement Assad, le nouvel homme fort de Syrie a déclaré : «Nous traiterons avec eux comme avec l’ensemble des autres composantes libanaises, sans plus tenir compte du passé, à condition qu’ils ne s’ingèrent plus dans les affaires syriennes». «Nous ouvrons aujourd’hui une nouvelle page», a-t-il indiqué.