Vols de kiki
Sorcellerie et autres maraboutages, les légendes urbaines connaissent un nouveau sursaut avec les réseaux sociaux et un homme africain averti en vaut deux : surtout lorsqu’il est question de ses bijoux de famille…
Fin octobre, une information improbable a inondé les réseaux sociaux en Afrique subsaharienne : les hommes centrafricains auraient été victimes, en pleine nuit, d’un vol de pénis en série. Les coupables présumés ? Des agents de la DGSE française, accusés de chaparder les fiers attributs masculins africains pour… fabriquer une potion dans un bunker secret sous le palais de Versailles afin de revigorer le vit tricolore français en berne. Certains médias ont même pointé le rôle des nanotechnologies dans cette opération censée apporter une solution aux problèmes démographiques de l’Hexagone.
De telles accusations de vol de sexe ne datent pas d’hier. Déjà dans les années 1970, le Nigeria a été le terreau de récits similaires, souvent liés à des affaires de sorcellerie. Dans la plupart des cas, les « victimes » retrouvaient leurs précieux attributs aussi mystérieusement qu’ils les avaient perdus – souvent sous le regard perplexe des juges et des médecins. Qu’importe la réalité scientifique : les légendes urbaines ont la vie dure, surtout dans des régions où les croyances traditionnelles restent profondément enracinées.
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Rassurez-vous, cette nouvelle affaire a tout l’air d’un coup monté. L’information, soigneusement agrémentée d’une pincée de néocolonialisme, a provoqué un torrent de commentaires antifrançais sur les réseaux sociaux africains. Si le site malien bamada.net est à l’origine de cette fake news virale, elle a été relayée par des comptes ayant des liens avec des usines à trolls russes, experts en désinformation. Leur objectif ? Saborder l’image de la France en Afrique. Car ne nous y trompons pas, cet épisode grotesque s’inscrit dans une guerre d’influence plus large entre Paris et Moscou, où tous les coups sont permis – même les plus absurdes. Pendant ce temps, la France, visiblement prise de court, a préféré défendre son rôle sur le continent en parlant sécurité, développement et coopération que de commenter un article éphémère représentant décidément un coup en dessous de la ceinture.
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